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Les miches en avant !

Voyage à vélo solo et duo

Archive pour la catégorie ‘Amérique du Sud 2018-2019 -2020’


Posté le 5 décembre 2019 - par lesmichesenavant

Du 1er au 05 décembre 2019 : De Huancayo à Ayacucho

Dimanche 1er décembre 2019 : 79 kms – Pampas – altitude 3240 mètres – beau temps – nuit hôtel 25 soles (6,80€).

 

Départ 9h00 – arrivée 18h00 avec un peu moins d’une heure de pause.

 

Je loupe la bifurcation à la sortie de Huancayo. Je ne vois pas la caserne militaire dont m’a parlé la gérante de l’hôtel et poursuis sur deux kilomètres de trop. Sur du plat, ce n’est pas grave…Demi tour toutes, et le tir est rectifié ! Effectivement, la caserne est bien là, mais c’est une bâtisse tout ce qu’il y a de plus ordinaire, si ce n’est sa façade verte qui aurait dû attirer mon regard.

 

Je dois grimper sur une soixante de kilomètres. La côte est sans difficulté particulière, mais malgré tout, cela reste une côte. Je franchis deux cols, un à 3883 mètres, avec une petite descente juste après, et le deuxième à 4280 mètres. Facile, mais interminable ! Les derniers kilomètres se font tout schuss. Mes genoux et mes cuisses se font sentir. Je m’arrête au premier hôtel à l’entrée de Pampas. Pour une fois, toutes les chambres sont au rez de chaussée. Le gérant a sa moto de garée dans l’entrée.

  • «Neuf heures pour arriver jusqu’ici !? Et bien, tu as pris ton temps ! ».
  • «ça, ce sont bien les paroles de quelqu’un qui se déplace sans effort. Moi, mon moteur, ce sont mes jambes. Bonne nuit ».

2019-12-01 2B après Huancayo (Large)

2019-12-02 1B entre Huancayo et Pampas (Large)

 

Lundi 02 décembre : 34 kilomètres – Pampas : retour à la case départ

 

Pas le moral, ce matin. Demain c’est mon anniversaire et c’est la première fois que je me retrouve seule depuis mes cinquante ans, jour de l’enterrement de mon beau-frère et jour de l’annonce de la maladie de mon mari. Je cogite sévère mais malgré tout me cuisine un petit déjeuner énergisant : coquillettes avec un filet d’huile d’olive ; rien de tel que des sucres lents pour fournir un effort physique intense (j’ai d’ailleurs mangé les meilleures pâtes de ma vie hier soir, dans un stand ambulant de la ville. J’aurai dû filmé le cuistôt, chapeauté d’un bandana noir et blanc : un véritable artiste !).

 

Je démarre vers les huit heures trente : trente quatre kilomètres de montée facile sur une route non asphaltée mais en bon état. Le hic, c’est la poussière soulevée par les nombreux véhicules circulant dans les deux sens. J’en ai plein les narines, les cheveux, les sacoches à vélo sont toutes blanches. Et mon esprit qui n’arrête pas de cogiter…

 

Au bout des trente quatre kilomètres : des travaux ! On est en train de rafistoler la route. Ce n’est qu’un défilé incessant de camions bennes, descendant de la montagne pleins de terre, déversant leur précieux chargement et remontant à vide.

Le col qu’il me faut franchir démarre de ce point là . Je peux suivre le va et vient infernal d’un lacet à l’autre à la traînée de poussière soulevée. Ensuite, les camions disparaissent, engloutis par l’autre versant.

Je reste là, perplexe, un bon moment : j’y vais, j’y vais pas ? Je n’ai aucune envie de continuer à bouffer de la poussière, mais malgré tout aucune envie d’abandonner. Je sais pourtant qu’au sommet, à environ quatre mille deux cents mètres, les travaux continuent sur une vingtaine de kilomètres. Je sais aussi qu’environ cent quatre vingt kilomètres me séparent d’Ayacucho. La route serpente sur les hauteurs, d’une cime à une autre, sans âme qui vive, hormis deux hameaux. J’ai prévu trois jours pour traverser dont deux bivouacs sauvages. Un « Hombré » me montre du doigt le chemin qu’il me faut suivre, au loin. Enfin, le début du chemin. Je distingue des pilonnes électriques, bien éloignés les uns des autres.

  • «C’est comme ça tout le long ! Seule !? A vélo ? Vous ne pouvez pas, il n’y a rien là haut !! ».
  • « Pouvoir ? je peux ! J’ai la tente et tout le nécessaire pour survivre quelques jours ! ». 

J’essaye de raisonner objectivement et de prendre en compte tous les éléments :

  • mon moral n’est pas bon
  • pas envie de continuer à avaler la poussière
  • pas envie de me retrouver isolée
  • le brouillard qui sévit actuellement
  • les éventuelles violentes averses de grêle…

 

Pour la première fois depuis que je voyage ainsi, je me sens dépassée par les événements. Je suis figée, tétanisée. Pourtant, je sais que je suis capable d’y arriver. Que se passe-t-il ?

  • « Bon ,alors, tu fais quoi !? », me dis-je à moi-même.

 

Je désarme mon vélo et décide d’arrêter un pick-up. Il en passe pas mal par ici. Mais une heure et demie plus tard, toujours sur le même bas côté de la route, je commence à prendre racine, assise sur mon sac rouge. C’est bien la première fois qu’aucun véhicule ne s’arrête. Leur ferais-je peur ?

Entre temps le brouillard s’est levé. A contre cœur, je charge de nouveau les sacoches sur Diego et consens à parcourir les quelques kilomètres qui me séparent du hameau suivant. A l’entrée, se trouve un autobus, en panne. De chaque côté de la route, deux ou trois maisons, désertées pour l’après-midi car c’est la fête au village, en contre-bas. Des notes de musique remontent d’ailleurs de la vallée.

Je ne peux me résoudre à quitter de vue les lacets qui mènent au col ni l’incessant ballet des camions sur la route étroite. Non, je ne me sens pas, vraiment pas….

Le chauffeur du bus en panne et son épouse me confirment que deux autocars pour Ayacucho passent sur les coups de vingt et une heure. Il est 16h00, trop tard de toutes façons pour attaquer le col. Ma décision est prise, je vais attendre. La señora me tient compagnie jusque vers les dix huit heures. Puis, le bus réparé, ils poursuivent tous deux leur route dans la direction opposée.

  • «  Et tu vas attendre là toute seule jusqu’à neuf heures !? »
  • « E bien, je n’ai pas vraiment le choix. Mais ce n’est pas un problème !».

Je déballe mon réchaud, me prépare un café. Le temps se gâte. L’orage gronde dans la montagne. Les éclairs fusent. Le mauvais temps est maintenant sur nous. Des trombes d’eau s’abattent. Rapidement trois motos et leurs passagers trouvent refuge dans l’unique et immense arrêt de bus. Je les rejoins. Nous sommes sept à attendre. Une heure passe. Les commentaires vont bon train :

  • «Les bus ? Des fois ils ne passent pas, on ne sait pas pourquoi ».
  • «Ou bien bien plus tard que prévu ».

Un papi complètement saoul, retour de fête oblige, me propose de venir dormir chez lui en répétant en boucle, son bras droit martelant ses paroles, qu’il est fier d’être Péruvien, qu’il connaît bien le Chili et encore mieux l’Equateur. Mon petit gars, toi, tu peux toujours rêver…

Puis un bus arrive pour desservir la ville de Pampas.

  • « Pourquoi ne prendrais-tu pas ce bus ? », me lance un jeune.
  • « Je vais dans la direction opposée ! ».
  • « Oui, mais au moins tu seras en ville et si celui pour Ayacucho ne passe pas tu pourras passer la nuit à l’auberge ».

Rebrousser chemin…je ne supporte pas l’idée. Il me faut réfléchir vite : il fait nuit noire, il pleut des cordes, il n’y a rien, ce n’est pas sûr que mon bus arrive et je ne veux pas franchir la passe à vélo…

C’est d’accord. En un temps deux mouvements, sous la pluie, le vélo et les sacoches sont chargés dans la soute.

 

Retour à la case départ.

 

On me dépose devant un restaurant, à l’entrée de la ville.

  • « L’arrêt pour Ayacucho !? Mais vous allez refaire la route dans l’autre sens !? ».

Bon, ça va… ça, je le sais.

Je m’attable à l’intérieur. La gérante m’indique du doigt l’emplacement abrité pour attendre l’autocar, juste à côté de son établissement et m’offre généreusement le thé et la soupe chaude que je lui commande.

 

Vingt et une heure quinze. Le premier bus en provenance de Huancayo passe : tous les sièges sont occupés. « Il y en a deux autres qui suivent », me promet le chauffeur.

Mais une heure plus tard, toujours rien. L’hôtel où j’ai dormi la nuit précédente se trouve à trois cents mètres, dans le centre, juste après le premier feu . Je décide d’aller frapper à la porte avant qu’il ne soit trop tard mais tout est déjà fermé et l’on ne m’ouvre pas. Alors que je suis en train de rebrousser chemin, j’aperçois un bus tournant au niveau de rond point. C’est pas vrai ! Je fonce du plus vite que je peux mais à mon arrivée celui-ci est hors de vue. Je ne saurai jamais si c’était le bon.

Une heure de plus passe. Je suis fatiguée et il commence à faire froid. De l’autre côté du rond point se trouve la police de la route. Peut-être me laisseront-ils attendre à l’intérieur ?

Je pousse Diego de l’autre côté de la route et, prudemment, car la veille j’ai déjà eu affaire à eux, tente d’approcher les escaliers qui mènent à l’entrée. Impossible. Les deux fauves, tapis sous le véhicule de service, se ruent vers moi, crocs en avant. Celui à la patte bancale ne m’inquiète pas trop mais l’autre, de type cannibale en manque de chair humaine, est nettement plus hargneux et agressif. Il m’attaque à trois reprises, s’arrêtant juste à quelques centimètres de mes mollets. Pieds à terre, je lui fais face.

  • « Dégage ! », je lui crie, « DEGAGE ! ».

Alerté par le raffut un policier, l’air plutôt endormi, en tenue civile fripée, s’avance sur le perron.

  • « Vous pouvez rappeler les chiens, s’il vous plaît ? ».

Obéissant à un petit sifflement de leur maître, les chiens s’éclipsent. Le policier hésite : doit-il me faire entrer ou pas ? « C’est bon », finit-il par me dire.

Je laisse mon vélo chargé appuyé contre la murette. Je défie quiconque d’essayer de s’en approcher ! Dans une salle de garde, sur la gauche, je distingue en plus d’une petit bureau deux lits superposés. Dans le hall d’entrée, où je me tiens, une chapelle. Le policier m’apporte une chaise de jardin en plastique blanc, l’accoudoir de gauche cassé, et me fait signe de prendre place.

  • « Il n’y a plus de bus, à cette heure-ci ! », me dit-il.
  • « Mais le chauffeur m’a certifié qu’il y en avait deux autres ! ».

Le policier disparaît dans une autre pièce pour réapparaître quelques minutes plus tard en tenue officielle, arme à la main. Toujours assise sur ma chaise en plastique je ferme les yeux et tente de me relaxer. Il ne s’écoule pas dix minutes que le policier m’interpelle  :

  • « Je vous ai arrêté un autocar pour Ayacucho, vite ! ».

Je me lève d’un bon et me précipite à l’extérieur. Effectivement, un autocar est arrêté au milieu du rond point. Le chauffeur évalue le volume de Diego. Pas facile de le loger…Il lorgne à plusieurs reprises à travers un petit orifice d’une dizaine de centimètres de long sur cinq de large d’une des soutes à bagages qu’il finit par ouvrir. Et là, stupéfaction ! A l’intérieur, sur un matelas, un gars, (le deuxième chauffeur ?) est en train de dormir ! Il se fait éjecter en moins de deux, son matelas replié et l’on tente d’y loger Diego.

  • « Mais quelqu’un dormait, là ! », je m’insurge.
  • « Oui, mais vous, vous allez aller en haut ! » me répond le policier.

Diego ne rentre pas, trop haut. C’est vous dire la petitesse de l’espace ! Je leur dis d’abandonner. Le bus repart.

 

 

Le prochain bus de la compagnie Molina (le seul direct, d’après les dires) passe à huit heures le lendemain matin. Le policier me conseille d’aller voir sur la place principale où se trouvent les autres hôtels. Je serai mieux installée que sur la chaise et il n’a rien d’autre à m’offrir. Si personne ne m’ouvre, alors je peux revenir.

Par chance, au moment où je m’apprête à frapper à la porte du premier hôtel à gauche de la place, le patron s’apprête de son côté à sortir. Je négocie le prix, trente soles au lieu de cinquante.

 

Il est minuit et demie lorsque je me jette sur la couette fleurie. Quelle journée !

 

2019-12-02 2B après Pampas (Large)

2019-12-02 3B après Pampas attente bus (Large)

 

 

Mardi 03 décembre : Ayacucho – altitude 2750m– env 152 000 habitants – capitale de la région du même nom et de la province de Huamanga -

 

Située dans la cordillère des Andes occidentales, cette ville coloniale, aux innombrables patios intérieurs, est bordée par les rivières Mantaro, Pampas et Apurimac. De ces terres a surgi, entre les VI° et XII° siècle la culture Wari (Les Waris avaient un style de construction qui leur était propre. Leurs cités étaient d’abord établies sur plan, puis maquettées avant d’être réalisées. Ils furent aussi de grands céramistes). Ayacucho fut la capitale du dernier empire préincasique.

 

Cette ville, dynamique, active, peu touristique, est surprenante. Ici, pas de klaxons, comme quoi c’est possible! Pas de motos taxis non plus, du moins dans le centre historique. Il y règne une certaine discipline et une joie de vivre rarement rencontrées au Pérou. La qualité des plats proposés dans les restaurants est également surprenante.. Je dînerai le premier soir au balcon d’un édifice colonial de la place principale : céviché, alpaga rôti, pisco sour et bière artisanale de la région de Huaraz.

 

 

Départ 9h15 – arrivée 16h30.

 

 

Sept heures trente du matin : je suis « en poste ». Trois autres personnes attendent dont un monsieur pour Ayacucho.

  • «Comment savez vous que le bus doit passer à huit heures et que c’est la compagnie Molina ? ».
  • «C’est que j’ai déjà attendu ici hier soir et c’est ce qui m’a été dit par les conducteurs des deux bus qui sont passés et qui n’avaient plus de siège de libre ! ».
  • « Ah, c’est vrai, des fois cela arrive ».

 

Rien à l’horizon. Il est maintenant plus de neuf heures. Arrive un autocar d’une autre compagnie. On m ‘assure que je peux monter dedans et qu’il me laissera très prêt (muy cercita) de ma destination. «Ensuite, ce n’est que de la descente », me précise le chauffeur.

Diego est chargé sans problèmes et le bus redémarre….pour s’arrêter quinze minutes plus tard, pause petit déjeuner oblige !

Je suis installée devant une tasse de café lorsqu’un autre bus se gare sur le parking. Je vérifie le nom de la compagnie, « Junin ». Pas de regrets, ce n’est pas le bon. Du moins, c’est ce que je crois. Une fois rendue dehors, le passager se rendant à la même destination que moi me rejoint pour me dire :

  • « Vous avez vu, il va jusqu’à Ayacucho ! ».
  • « Ce n’est pas possible, ce n’est pas la bonne compagnie ».
  • « Si, me dit-il, regardez !».

Et là, effectivement, plaqué contre le pare-brise, écrit en lettres capitales rouges, le nom de la ville coloniale.
Comment est-ce possible de vivre ainsi, au petit bonheur la chance ? Il faut vraiment être né ici pour l’accepter !

 

Le conducteur, ayant entendu notre conversation, s’approche de moi : je peux monter, il y a de la place.

  • « C’est que je suis dans l’autre bus !! », lui réponds-y-je.

Je pars à la recherche de mon chauffeur, en train de manger dans son coin. Impossible de négocier, je m’en doutais. J’aurais dû lui laisser mes vingt solès et récupérer mes affaires. Trop tard, tant pis.

 

L’aurais-je énervé ? Je ne sais pas. Toujours est-il qu’il démarre alors qu’une passagère lui fait remarquer qu’il manque deux personnes et un enfant, occupant les sièges à côté d’elle. Il marque un court arrêt, donne deux coups de klaxon. Rien ne bougeant, il repart aussi sec.

 

Quelle route !
J’aurais vécu un véritable cauchemar si je m’étais envoyée là, du moins les cinquante premiers kilomètres. Ensuite, pour autant toujours de terre battue, elle se poursuit normalement, d’une cime à l’autre, à une altitude moyenne de quatre mille deux cents mètres. Je me trouve au cœur des Andes : de ci, de là, des troupeaux de vigognes sauvages, d’alpagas. Le paysage est beau mais pas exceptionnel.

Arrivés à Mayocc, l’autocar se gare sur la place principale. Un collectivo est en attente, du côté opposé. Je traverse la rue : « Vous allez à Ayacucho ? Oui ? Combien vous me prenez ? Treize soles ? Avec le vélo ? Ça marche ! ». « Combien de temps avant d’arriver ? Encore deux heures et demie !? ».

Déchargés de la soute, rechargés sur la galerie, Diego et mes sacoches voyagent. « Vous partez d’ici combien de temps ? De suite ? Où est-ce que je peux trouver des toilettes avant de monter ? ».

A cinquante mètres au milieu du petit parc se trouve une madame pipi. J’y cours. Le temps de sortir les cinquante centimes de ma poche, la clé du sésame, retentissent deux coups de klaxon. « C’est sûrement pour moi », dis-je à la dame. Je fais fissa et lorsque je ressors se tient en haut des marches le manager ! « Vite, le chauffeur vous attend ! ». Celui-ci a entre temps déplacé son véhicule de l’autre côté de la place. Y’a le feu ou quoi !?

 

Je discute avec les passagers. Il faut compter une heure jusqu’à Llanta et une heure trente de plus jusqu’à destination. La bonne nouvelle est qu’à partir de Mayocc je retrouve la route asphaltée, beaucoup plus confortable.

Le collectivo s’arrête en bord de route acheter auprès d’une petite vendeuse des poches de « Pacaï », un fruit que je ne connais pas. Curieuse, j’en achète aussi une. Cela ressemble à de grosses fèves. La partie comestible est le cocon blanc qui recouvre les graines. Ce n’est ni juteux ni sucré, mais c’est bon.

 

Le minibus coupe le moteur arrivé sur une des places de la ville de Llanta. Je crois à une pause déjeuner et suis surprise d’apprendre qu’en fait il s’agit du terminus.

  • « Du terminus !? Mais je vous ai demandé jusqu’à Ayacucho !? »
  • « Je n’y vais pas. Il vous faut prendre un moto taxi jusqu’au terminal et reprendre un autre bus ».
  • « Quoi !? Mais ce n’est pas correct ! Ce n’est pas ce qui était convenu. Je vous ai bien demandé jusqu’à Ayacucho et vous m’avez répondu que vous y alliez ! ».

Notre altercation fait rire un des passagers, debout, dehors, à mes côtés. Je me tourne alors vers lui et en français lui dit :

  • « Moi, cela ne me fait pas rire ! ».

 

Diego et mes sacoches sont en attente sur le trottoir. Le chauffeur veut se faire payer.

  • « Vous n’êtes pas correct ! Comment je fais, maintenant ? Hors de question de prendre un moto taxi. Vous n’avez qu’à m’y amener, vous, à l’autre terminal ! ».

Le chauffeur me dévisage et finit par faire coulisser la porte de son véhicule. C’est d’accord. Il commence par loger mon vélo entre les sièges non occupés et avant d’y charger mes sacoches me lance :

  • « Ce sera quinze solès, et non pas treize ! »
  • « Comment !? Je ne crois pas, non. Ce sera treize et rien de plus ! ».

Cinq minutes plus tard nous voici devant le terminus. Le premier en tête de file attend d’afficher complet pour partir. Les hommes procèdent de nouveau au transfert de mes bagages. Dix minutes après, nous reprenons la route. Vais-je finir par arriver !?

 

De nouveau la conversation s’engage dans le véhicule. Victoria, soixante et un ans, assise à l’arrière, connaît la France, pour y être allée avec ses enfants. Sa fille travaille et vit en Italie, et son fils en Espagne.

Elle m’attend à la descente du bus. « J’habite au niveau de la place des armes, je peux t’y conduire, si tu veux ».

 

En fait, je passerai trois nuits chez elle, me plaisant au cœur de cette ville coloniale. Elle me loue pour vingt solès (5,40€), en plein centre historique, une chambre vue sur la colline. Le matin, nous papotons ensemble devant une tasse de café. Elle m’en offrira d’ailleurs un paquet et me régalera de quelques desserts faits « maison ».

 

Quelles journées ! Ce n’est qu’après avoir fait un tour du quartier que je commence à me détendre. Le site est magnifique, il y a de la vie autour de moi, des bandas jouent de la musique. Exactement ce dont j’avais besoin.

Ayacucho, place des armes de nuit, depuis le balcon du restaurant

Ayacucho, place des armes de nuit, depuis le balcon du restaurant

Je leur ai dit que c'était mon anniversaire. Alors, sur présentation de mon passeport, on m'a offert ce super gâteau ! Je n'avais juste pas prévu qu'ils allaient venir à quatre me le remettre en chantant 'joyeux anniversaire' devant la salle entière !

Je leur ai dit que c’était le jour de mon anniversaire. Alors, sur présentation de mon passeport, on m’a offert ce super gâteau ! Je n’avais juste pas prévu qu’ils allaient venir à quatre me le remettre en chantant ‘joyeux anniversaire’ devant la salle entière !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Posté le 1 décembre 2019 - par lesmichesenavant

du 23 au 30 novembre 2019 : de Huanuco à Huancayo

Samedi 23 novembre 2019 : 56 kms – San Rafaël – alt : 2687mètres

 

Huit heures du matin. Le gérant de l’hôtel m’indique la direction de départ. «Ensuite, tu redemandes ta route », me dit-il. C’est chose faite auprès d’un jeune à moto : tout droit, à droite, à gauche, à droite…Je suis toujours en train de suivre la ligne droite lorsque je le vois stationné sur le côté. Alors que j ‘arrive à son niveau il me lance :

  • « Suis moi, je te guide jusqu’à la route ».
  • « Mais c’est que je ne roule pas vite ».
  • « Pas grave, ne t’inquiète pas ! ».

Il me conduit ainsi jusqu’au pont qu’il me faut traverser. Merci !

Mais le trafic bât toujours son plein, et ce sur des kilomètres et des kilomètres. Madre mia, si c’est comme ça tout le long, je pense que je vais faire un bout de route en bus. Ce n’est qu’une file continue de camions, autobus, autos, moto taxis. Je mange la poussière et les gaz des pots d’échappement. Heureusement une dizaine de kilomètres plus loin le trafic devient plus fluide. C’est que jusqu’au Cerro Pasco cette route est l’axe principal qui mène à Lima. Ensuite, elle se divise en deux : une voie pour Lima, une pour Cusco.

 

Je m’arrête lors de ma traversée du village de Ambo boire un jus de Papaye et grignoter le tamal qui me restait de la veille. Une pluie fine se met à tomber lorsque je repars qui s’intensifie au fil des minutes. Il n’est que midi moins dix mais face au déluge qui s’abat maintenant je décide de m’arrêter pour la pause déjeuner. C’était bien vu et le repas délicieux. Pour la première fois j’ai eu droit, en plus de le soupe, à des poivrons farcis et une compote de pommes parfumée au clou de girofle ! Une petite heure plus tard la pluie se calme et je peux réenfourcher ma bécane. Le soleil ne tardera d’ailleurs pas à percer à travers les nuages. C’est ça, la saison des pluies : de grosses averses, du soleil, des nuages, de nouveau des averses..

 

J’enchaîne une bonne quinzaine de kilomètres de faux plat ascendant. Pas bon du tout pour le moral… Alors que la route paraît descendre, je peine à pédaler. Un coup d’oeil en arrière me réconforte : ça grimpe ! Bizarre, ce phénomène d’optique. Si quelqu’un peut m’expliquer le pourquoi du comment, alors qu’il s’exprime !

 

Je m’étais fixée pour objectif San Rafaël, que j’atteins sur les coups de quinze heures. Je pensais trouver une petite ville mais en fait il s’agit d’un village sans intérêt.

Je m’installe dans une auberge et, sitôt ma douche prise, part visiter les lieux. C’est samedi, une kermesse est installée dans une rue. Eux aussi jouent au chamboule tout ! Je m’installe sur un banc autour de la fontaine, rédige quelques notes, discute avec ma voisine et retourne me reposer. Demain, gros dénivelé de mille sept cents mètres, jusqu’au Cerro Pasco. Mieux vaut être en forme !

 

 

Dimanche 24 novembre : 47 kms – La Quinua – alt : 3646m

 

Sur mon chemin, trois ânes juste morts déposés dans le caniveau. Je tourne la tête et presse le pas.

 

Un peu plus tard dans l’après-midi, il pleut, la route est glissante. Alors que je suis en mode « grimpette », trois chiens déboulent à fond la caisse de la station service que je viens de dépasser, du côté opposé. Je les entends aboyer et les vois arriver dans mon rétroviseur. Le plus gros d’entre eux, ventre à terre au milieu de la route, est déjà quasiment sur moi. Je pile net, mets pieds à terre et lui fais face. Surpris, il entreprend un freinage d’urgence avec ses quatre pattes. Là, c’est comme dans les dessins animés : dérapage sur quelques mètres, roulé boulé latéral de première et demi tour la tête basse. Mon pauvre chien, si tu pouvais voir à quel point tu es ridicule !

 

En fait, pour tout vous dire, j’ai eu la bonne idée de vouloir boire une bière hier en fin d’après-midi. Impossible de trouver une petite bouteille de fraîche, et la bière chaude, ce n’est pas top. J’ai donc attaqué dans ma chambre une Cusqueña negra de soixante cinq centilitres avec quelques biscuits salés, histoire d’éponger un peu. Mais l’effet est quasi immédiat. Je suis pompette ! Tant pis pour le dîner. Je me glisse sous mes couvertures et ne réouvre les yeus qu’au petit matin.

 

Il est cinq heures quarante cinq lorsque le réveil sonne. Je suis en forme et ai une faim de loup. Mais la cuisson du Quinoa n’est pas une bonne idée. D’abord cela prend du temps, ensuite je l’aime froid, et là forcément je le mange chaud, et pour couronner le tout faut attendre que la marmite refroidisse pour la ranger dans la sacoche. Avec tout ça je ne décolle pas avant huit heures quinze, pas très motivée de surcroît, l’esprit préoccupé par des histoires personnelles en France. De plus la route, dans l’étroite vallée, histoire d’arranger le tout, ne me plaît pas.

 

Alors que je m’arrête prendre un café dans un village, une drôle de préparation est en train de se concocter sur le trottoir : le traditionnel Pachamanca dominical.
Tout d’abord on allume un feu que l’on recouvre d’un dôme de pierres maintenues à une cinquantaine de centimètres des braises par des tiges métalliques. Lorsque les pierres sont chaudes, on démonte le dôme en entreposant les pierres au sol, sur une tôle. On dispose alors sur les braises deux sortes de pommes de terre ainsi que du manioc coupé en tronçons. Le tout est recouvert d’une couche de pierres fumantes sur laquelle on dépose la viande, elle même recouverte de pierres sur lesquelles on dispose des bananes plantains et des fèves. Après une dernière couche de pierres, toujours aussi fumantes, on recouvre le tout de sacs en toile de jute mouillés et l’on laisse la préparation mijoter ainsi deux heures. Cela me met l’eau à la bouche. Quel dommage de ne pas avoir traversé ce village en fin de matinée. Tant pis, j’en trouverai d’autre en chemin.

 

Que nenni ! Quelle déception de n’avoir pour mon déjeuner que du riz à la cubaine, c’est à dire accompagné de deux œufs au plat et d’une banane plantain frite. Pourtant, je me le rêvais, ce Pachamanca !

 

C’est néanmoins l’estomac plein que je reprends la route. J’arrive ainsi au petit hameau La Quinua. Il y a bien deux auberges mais un commerçant m’assure que deux kilomètres plus loin s’en trouve une troisième, située à un carrefour. Je décide de m’avancer encore un peu. Mais les kilomètres défilent et toujours pas d’auberge, ni de carrefour…Sur ma gauche une tienda vend du fromage et des boissons chaudes. Attablée devant un café le patron m’assure qu’il n’y a plus aucune auberge avant Cerro Pasco. Mais j’en ai plein les bottes pour aujourd’hui, je veux me poser. Cerro Pasco sera mon étape de demain. Pas de toit sous lequel posé ma tente aussi je rebrousse chemin sous une pluie battante. La pente à mon avantage, j’arrive rapidement devant l’hôtel où une chambre était disponible avec vue sur la rivière. La dame, à l’extérieur, me reconnaît (forcément).

  • « C’est pour la chambre ? ».
  • « Oui, je me pose là cette nuit ».

 

Je cale Diego contre la murette et pousse la porte d’entrée. D’un seul coup d’oeil je me rends compte que la salle a été réorganisée, des ballons d’anniversaire sont gonflés et accrochés à un pilier, des personnes sont assises sur des chaises et mangent, les assiettes sur les genoux, des enfants s’amusent. J’ai juste le temps de lancer un « buenas tardes » à cette petite assemblée que le patron s’approche de moi, une chaise à la main, m’intime l’ordre de m’asseoir et de son autre main me remet une copieuse assiette de….Pachamanca !

Y aurait-il une justice, en ce bas monde !?

 

On ne peut pas dire que je sois affamée. Il n’est pas encore dix-sept heures et mon riz à la cubaine n’est toujours pas digéré mais je mords à pleines dents dans ce mets tombé du ciel ! Un régal ! Les deux morceaux de viande sont goûteux et tendres à souhait, les légumes fondants. On m’apporte du soda, des bonbons.

Je n’ose pas réclamer ma chambre de suite, les hôteliers donnant la réception. Mais trois quarts d’heure plus tard je me lève et remercie le patron pour son hospitalité, m’excuse et demande à ce que l’on me montre ma chambre. La forte pluie a pénétré sous mes vêtements imperméables et je grelotte. Il faut que j’aille me changer avant de tomber malade.

Pachamanca

Pachamanca

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ambiance far west

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anniversaire

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la reine de la fête

la reine de la fête

 

 

Lundi 25 novembre : 62 kms – Huayllay – Bosquet de piedras – alt : 4100m – passage d’un col à 4300m

 

Délicieux petit déjeuner englouti (poulet sauce cacahuètes, riz et café filtre), le top départ est donné à huit heures moins le quart.

J’enchaîne environ vingt neuf kilomètres de tranquille montée et m’arrête un peu avant midi à un kilomètre du col. C’est à cet endroit que se trouve la bifurcation : à droite, direction Cerro Pasco, à gauche, direction Lima, via La Oroya.

 

Un abri de fortune est installé sur la droite : toit de tôles, pierres au sol et, disposé en U, comme bancs des planches de bois recouvertes de laine de mouton soutenues par des parpaings et comme tables des planches étroites, de vingt centimètres de large environ.

Deux hommes sont en train de partager une énorme assiette. La patronne, une vieille dame, longue natte grise, vêtue des longs jupons traditionnels aux couleurs vives, est assise sur un mini tabouret de bois.

Je m’installe avec mes cartes routières et demande une boisson chaude qu’elle n’a pas. Les hommes aussi en voudraient bien. Pourquoi n’en vend-elle pas ? « C’est que c’est lourd de transporter des seaux d’eau jusque ici. Puis il faut la chauffer ! Si vous voulez boire j’ai du coca cola et de l’inca cola ».

Et bien ce sera coca. Arrive un troisième homme qui demande une assiette de Pachamanca. Ah, effectivement, c’est ça que sont en train de manger les deux autres ! Je n’avais pas remarqué que la vieille dame était installée devant son « four ». Elle soulève religieusement les sacs en toile de jute humides, met de côté une pierre fumante, extrait trois sortes de pommes de terre, des fèves,, met de nouveau de côté une autre pierre, extrait un énorme morceau de viande qu’elle portionne à l’aide d’une hachette.

  • «  Tu as goûté le Pachamanca ? », me demande-t-elle ?
  • « Oui, hier, justement. C’était l’anniversaire de la fille du patron de l’hôtel où j’ai passé la nuit et il m’en a offert une assiette ».
  • « Tu en veux? ».
  • « Non, merci. C’est que je n’ai vraiment pas faim. Je n’arrête pas de manger».

 

La conversation s’engage. Les deux hommes s’en vont à un festival à Huanuco. Le troisième homme attend un collectivo pour Huancayo. Quand à moi, je me renseigne pour la direction à prendre. Le plus jeune vient s’asseoir à côté de moi, regarde ma carte, sort son téléphone, étudie les distances. Pour lui, passer par Cerro Pasco n’est pas une bonne idée. De plus, Cerro Pasco est sans intérêt aucun, à part une mine d’argent que l’on ne peut pas visiter. Le mieux est d’emprunter la direction de La Oroya jusqu’à ce que je trouve la bifurcation sur la droite pour Huayllay, où se trouve la forêt de pierres. Le col est à un kilomètre d’ici et après ce n’est que de la descente sur une roue fraîchement asphaltée. Je peux me poser à Huayllay pour la nuit, il y a plusieurs auberges. Et vu l’heure (il n’est pas encore treize heures) j’ai largement le temps d’y arriver.
Pour repartir, demain, un chemin de pierre coupe à travers pour rejoindre Pari. De là, je peux reprendre ma route pour Huancayo.

 

J’en suis à tout réanalyser quand le vieille dame s’approche de moi. Elle tient à même sa main une pomme de terre et un bon morceau de viande qu’elle pose sans cérémonie sur la planche de bois. Je suis surprise et la remercie.

Là, elle m’a eu ; la viande est tellement savoureuse que je ne peux pas pu m’empêcher d’en demander un peu plus.

  • « Vingt soles la grande assiette », me dit-elle . « ça va ? »
  • « C’est que je ne vais jamais tout manger !! La moitié est largement suffisante ».
  • « Dix soles la moitié ».
  • « ça marche ! »

 

Je l’observe procéder de nouveau religieusement à la préparation de mon assiette. A son tour elle me regarde savourer le plat, un sourire au coin des lèvres : « Tout ça à vélo , et tu ne te fatigues pas !? ».

Je me lèches les dix doigts (ici, pas de couverts, vous l’aurez compris). Le troisième homme se lève, prends une serviette en papier pour lui et, compatissant, m’en dépose une devant mon assiette.

 

Je remercie tout ce petit monde, les hommes pour leur conseil, la vieille dame pour son délicieux Pachamanca et pars dans la direction opposée à celle que je pensais prendre initialement.

Pour une fois, tout se déroulera comme prévu ! Le col est bien à un kilomètre puis, jusqu’à la forêt de pierres, s’en suit une longue descente.

 

Il fait froid à ces hauteurs. J »ai la possibilité d’installer la tente sous un avant toit mais j’opte pour une douche chaude et un lit dans un petit dortoir. Ne voilà-t-il pas que je m’embourgeoise, maintenant !

 

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pause café-flan dans le virage sur la droite

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Mardi 26 novembre : 61 kms – Junin – env 11000 habs – alt 4100m – beau temps – froid glacial le soir – vent -

 

Junin est localisée au Nord Est de Lima. Elle est la capitale de la province de Junin, dans la région du même nom. Simon Bolivar battit les Espagnols le 06 août 1824 lors de la « bataille de Junin ».

 

Je serai la seule à occuper le dortoir. Réveillée à cinq heure quarante cinq, Diego chargé, je le laisse dans la cour de l’hostal pendant que je pars faire un tout dans cette forêt de pierres. Impressionnant ! Trois sentiers sont répertoriés et on peut facilement y passer la journée. J’y consacrerai une heure. Je m’arrête au retour prendre un thé (j’oublie le café, la dame n’ayant que de l’instantané) et me renseigne au niveau de l’embranchement où je dois prendre à droite pour couper court à travers la plaine et rejoindre directement Pari. Ensuite, je longerai le lac Chinchaycocha jusqu’à Ondores pour terminer ma course à Junin.

 

Je mets deux heures pour rejoindre Pari. Une heure vingt aurait été suffisante mais le paysage est tellement exceptionnel que je n’ai de cesse de m’arrêter pour l’admirer. De plus la route de terre battue bien plane et compacte est un régal.

Cela va changer les vingt derniers kilomètres. Le tronçon entre Ondores et Junin est minable, deux heures de tape cul sur une piste défoncée. J’atteins la ville à dix sept heures. Il était temps.

C’est soir de fête dans la ville. Douche chaude prise à l’hôtel, je sors faire un tour. Quel froid ! Je grignote poulet frit et frites à un stand, achète quelques fruits et retourne me mettre au chaud.

 

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pause déjeuner

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hameau de Pari

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lago Chinchaycocha

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Mercredi 27 novembre : 67kms – Tarma – env 44000 habs – alt ; 3060 mètres – très froid toute la journée – vent -

 

Tarma, ville natale du dictateur Manuel A. Odria, est la capitale du district et de la province du même nom, dans la région de Junin.

Sous la vice-royauté (création d’une intendance en 1784) et les premières années de la république, Tarma fut la principale ville des Andes centrales du Pérou. La ville de Huancayo la supplanta par la suite.

 

 

Ville surprenante et riche. D’innombrables boutiques de meubles, hifi, vêtements modernes, un nombre incalculable de glaciers et pâtissiers. La plupart des locaux sont vêtus à l’européenne. J’ai même vu un couple dont le papa portait son enfant dans un porte bébé ventral. Une révolution, vu que traditionnellement ce sont les mamans qui portent leurs enfants enroulés dans une étole dans le dos.

 

départ 9h15 – arrivée 16h00

 

J’ai choisi de ne pas prendre l’axe principal jusqu’à Tarma. Trop de trafic, poids lourd après poids lourd. Une route secondaire y mène quelques kilomètres après Junin, traversant San Pedro de Cajas et Palcamayo, capitale de l’horticulture. Sitôt la 3Sud quittée, le trafic et le paysage changent favorablement. Le col franchi, ce n’est ensuite plus que de la descente sur une route tantôt asphaltée, tantôt de terre battue. La route serpente dans des gorges propices à la culture des fleurs. Chaque lopin de terre est exploité. De nombreuses petites mains y sont ainsi affairées.

Je passerai la nuit au cinquième étage d’un hôtel tout confort (6,70€ la nuit) avec terrasse vue sur la ville. Le réceptionniste envoie son fils m’aider à monter mes cinq sacoches. Quand à Diego, on lui trouve une petite place le long du mur à la réception.

vue sur Junin

vue sur Junin

vigogne

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San Pedro de Cajas

San Pedro de Cajas

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Tarma

Tarma

 

vue sur Tarma

vue sur Tarma

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Jeudi 28 novembre : longue et intense côte de 24 kms – Carampa (lieu-dit) – alt : 4131m- 4 habs

 

Départ 10h – arrivée : 15h30

 

Je pars encore plus tard que les autres fois, après la gestion administrative d’une affaire en cours, à la maison.

 

La « loma », entendez par là la côte, démarre avant même la sortie de Tarma, une longue et interminable côte, certes asphaltée, mais aux inclinaisons parfois raides. A plusieurs reprise, alors que je me réjouis d’arriver sur une partie plane et crois avoir atteint le sommet, deux courbes plus loin, c’est reparti.

Aucun petit restaurant en route. Seule une tienda se tient à mi-parcours. J’y achète carotte (épluchée par la dame), tomate, avocat et ananas, également coupé par la vendeuse.

Assise sur la marche devant la boutique, le tout agrémenté d’un morceau de pain et de biscuits salés, je reprends des forces.

 

Je change de versant alors que j’attaque les trois derniers lacets. De ma position je peux apercevoir au sommet un immense panneau sur lequel est écrit « Hotel El Vuelo del Condor » et quelques murs de maisons. Cela me redonne un regain d’énergie.

Tout en pédalant je trouve bizarre qu’au sommet se tienne un hôtel du même nom que celui dans lequel j’ai dormi, à Tarma. Mais bon, tout peut être possible, ici au Pérou. Je ne sais pas encore si j’y passerai la nuit mais je pourrai au moins m’y reposer devant une boisson chaude en attendant que la pluie, qui menace de plus en plus, soit passée.

 

Quelques gouttes commencent à tomber alors que je me trouve à une cinquantaine de mètres de la passe. Je m’arrête néanmoins sur le côté prendre une photo. Après tout, le hameau est juste au dessus.

 

J’arrive au col (qui en fait n’est toujours pas le col. Celui ci se trouve un kilomètre plus loin). Mais, stupeur ! Les murs ne sont en fait que des ruines et le panneau publicitaire affiche les coordonnées de mon hôtel à Tarma ! Y’a pas idée, surtout disposé dans ce sens, côté sortie. Je ne vois vraiment pas l’intérêt. Mais intérêt ou pas, cela ne résous pas mon problème. L’orage gronde, la pluie s’intensifie. J’aperçois sur la gauche quelques maisonnées de terre battue à une centaine de mètres de la route, mais pas facile d’accès. Sur la droite, à égale distance mais en bordure de route, une maison. Alors que je plisse les yeux pour bien m’assurer que, cette fois-ci, cela ne soit pas une ruine, j’aperçois une personne contournant un des bâtiments avant de disparaître de mon champ de vue.

Je pique un sprint et arrive devant les marches de la maison en empruntant l’allée de derrière. Je ne suis pas dans le champ de vision de la dame aussi est-elle surprise de s’entendre interpellée.

  • « Ola, Señora, que tal ? Excusez le dérangement. Je peux m’abriter sous votre avant toit le temps que la pluie cesse ? »

La dame me dévisage trente seconde, puis me fais signe de la suivre. Je cale Diego contre la murette et grimpe les cinq marches qui mènent à une terrasse.

  • « Entre ici », me dit-elle, « Il fera plus chaud ».

Effectivement, à l’écart de la maison, une « cuisine » extérieure. Un feu est allumé sur lequel chauffe une énorme marmite de soupe. J’apprendrai plus tard que c’est le souper des chiens.

 

Le déluge s’abat littéralement alors que je franchis le seuil.

  • « Dieu est avec toi ! », me dit-elle.
  • « Vous n’auriez pas s’il vous plaît un peu de café chaud ? Je peux vous le payer, j’ai quelques solès ».
  • « Si, bien sûr ! ».

Elle quitte la « cuisine », affronte sans crainte la forte pluie, entre chez elle et en ressors avec un vrai café quelle me tend avec un grand sourire. La tasse brûlante me réchauffe les mains et le cœur. Alors que je réponds inlassablement à ces nombreuses questions, elle me propose subitement de rester dormir là. « Comme cela, j’aurai un peu de compagnie ! ».

  • « Mais il n’y a pas de toit sous lequel je peux m’installer ? ».
  • « Pas dans la tente, chez moi. La pièce est grande Tu peux y mettre ton matelas ».
  • « Oh, vraiment ? Merci beaucoup. Si le temps ne se dégage pas, c’est avec grand plaisir. Si le temps se dégage, je préfère continuer une heure ou deux de plus. Je ne vais pas tarder à attaquer la descente et je pense pouvoir arriver à Jauja avant la nuit».

 

Nous quittons la chaleur du feu pour entrer dans sa maison. Je suis gelée. La señora disparaît dans une pièce annexe et en ressort avec un poncho de laine marron qu’elle m’enfile directement par la tête, sans me laisser le temps de réagir. . Mon expression doit en dire long car elle s’exclame :

  • « Il est propre ! Je l’ai lavé ».

 

L’orage est maintenant vraiment sur nous, des éclairs fendent le ciel noir de geai. Elle coupe l’électricité dont elle est si fière, ferme la porte, éteint son téléphone et commente : « La foudre, c’est très dangereux. Il y a régulièrement des morts ici à cause d’elle ». J’attrape ma lampe solaire que j’accroche autour d’un porte manteau. L’ambiance, calfeutrée et chaleureuse, est propice à la conversation. J’arrive même à la faire rire : « L’hôtel ‘El Vuelo del Condor’, c’est comme ça que je vais appeler votre maison ! ».

L’orage grondera ainsi pendant plus d’une heure. Lorsqu’elle réouvre la porte, une pluie fine continue de tomber et … le sol est tout blanc ! Un tapis de grêlons ! Je n’ai jamais vu ça. Certes, j’ai déjà affronté un peu de grêle, mais cela n’a jamais duré plus de quelques minutes et jamais avec cette intensité là.

Je m’interroge : comment aurais-je géré cette situation si j’avais poursuivi ma route ? Il n’y a aucune maison avant perpète. Pas question de pédaler sur cette chaussée tapissée de grêlons, jamais mes pneus n’auraient adhéré. M’arrêter sur le bas côté ? C’est sûr, je n’aurai pas pu faire autrement. Mais sans déployer mon parapluie, pour ne pas jouer au paratonnerre, je ne sais pas ce que je serai devenue…

 

Le ciel est toujours très sombre et des éclairs l’illuminent dans la direction que je dois prendre. C’est sûr, je vais m’installer là pour la nuit.

 

Je propose à Esther, c’est son prénom, une soupe et des pâtes en sauce pour le dîner. Elle accepte avec grand plaisir, mais, du haut de ses soixante et onze ans, elle a petit appétit. On se contentera de la soupe et de quelques biscuits salés. Les pâtes, on les cuisinera au petit déjeuner.

J’installe mon bivouac sous son œil attentif. Je gonfle mon matelas, sors mon duvet. Elle étale au sol une couverture de laine, pour éviter que le froid et l’humidité ne remontent. « Si tu as trop froid, tu peux te glisser sous les couvertures d’un des trois lits, le long du mur. Moi je dors dans l’autre pièce ».

La soirée se passe. J’apprends qu’elle vit seule ici, que son frère et son neveu habitent les maisons de terre en face, quelle possède des moutons, des vaches, une maison à Huancayo, une autre à Lima, quatre enfants. D’ailleurs, demain, elle se rend elle aussi à Huncayo, pour quinze jours, passer des vacances auprès de sa fille, laborantine. Pour soigner ses bêtes en son absence, elle engage un homme. En échange de son travail elle lui reverse la somme de deux mille solès.

Le dîner pris, la vaisselle faite (elle tient à la faire elle même, pour des raisons de gestion d’eau non courante, je pense), je me glisse à l’intérieur de mon duvet. Mais Esther, peu habituée à avoir de la compagnie dans cette maison isolée, vient s’asseoir à mes côtés sur le divan, désireuse de continuer à papoter. Il est huit heures du soir lorsque je prends congé. Il faut que je me repose pour être en forme demain.

 

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chez Esther

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grêle

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mon lit

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Vendredi 29 novembre : 88 kms – Huancayo – env : 340 000 habs – alt : 3260 mètres

 

Huancayo est une ville du centre du Pérou. Située au pied de la cordillère Huaytapayana, elle est la capitale de la région de Junin et le chef-lieu de la province de Huancayo. Elle est le siège de l’archidiocèse de Huancayo avec sa cathédrale de la Très-Sainte-Trinité.

Huancayo se considère comme l’héritière de la tradition des Huancas, un peuple établi dans la vallée du Mantaro et soumis par les Incas. Elle est célèbre dans tout le Pérou pour le raffinement de son artisanat dont les techniques n’ont pas changé depuis plus de quinze siècles.

 

-  « Tu t’es bien reposée ?  Tu n’as pas eu froid ?».

 

J’ouvre un œil. Je suis en mode « crocodile », tout mon corps enfoui à l’intérieur de mon duvet, seules les narines et le front dépassant. Diable, le jour n’est pas encore levé ! Elle voit bien que je dors, non ? Quelle heure peut-il être ?

Pour toute réponse elle n’aura qu’un grognement. Je me rendors. Des bruits de voix me réveillent de nouveau. Un homme vient s’asseoir sur le divan à mes côtés et commence à engager la conversation d’une voix forte. « Mon neveu », m’apprend-elle. Ils ne peuvent pas me laisser tranquille ? Toujours enfouie dans mon duvet, je lui réponds, poliment, par simples mots brefs. Je fins par sortir mon bras, attrape mon téléphone : « 5h27 ».

 

Une autre journée commence. Je m’extirpe de mon couchage, commence à tout plier. « Oui, Esther, je m’occupe des pâtes. Tu peux aller soigner les bêtes, il n’y a pas de problèmes ». C’est qu’elle part pour quinze jours et que tout doit être en ordre pour la passation.

L’eau est chaude dans la bouilloire. Le bivouac rangé je m’accorde le temps d’un café. Elle revient une vingtaine de minutes plus tard. « Les pâtes sont prêtes ? Pas tout à fait ? Je reviens dans quelques minutes ».

 

Lorsqu’elle revient, les assiettes sont mises et la marmite posée sur une planche de bois, sur la table. Nous savourons ensemble ce festin matinal. Je prends congé alors qu’elle doit retourner s’occuper de ses vaches. Il est sept heures trente du matin.

 

J’arrive à Huancayo à midi trente, après une pause glace artisanale cappuccino-chocolat de quinze minutes. Visiblement, ici aussi, les produits laitiers sont la spécialité.

La ville est tout en chantier et je dois emprunter une déviation sur plusieurs kilomètres. Mais lasse de manger la poussière et d’inhaler les fumées des pots d »échappement, je prends la tangente pour rejoindre la route barrée, praticable. Visiblement, aujourd’hui, il n’y a pas de travaux en cours, ou bien les ouvriers sont en pause déjeuner. D’autres deux roues et des piétons font comme moi. J’atteins le centre ville trois quart d’heures plus tard. Une demi-heure pour trouver un hôtel dans mes tarifs et qui me convienne, le temps de m’installer, il est pratiquement quinze heures lorsque je m’attable à la table d’un restaurant végétarien.

 

Je passerai une deuxième nuit dans cette ville. Demain : repos !

 

 

 

 

 

Samedi 23 novembre 2019 : 56 kms – San Rafaël – alt : 2687mètres

 

Huit heures du matin. Le gérant de l’hôtel m’indique la direction de départ. «Ensuite, tu redemandes ta route », me dit-il. C’est chose faite auprès d’un jeune à moto : tout droit, à droite, à gauche, à droite…Je suis toujours en train de suivre la ligne droite lorsque je le vois stationné sur le côté. Alors que j ‘arrive à son niveau il me lance :

  • « Suis moi, je te guide jusqu’à la route ».
  • « Mais c’est que je ne roule pas vite ».
  • « Pas grave, ne t’inquiète pas ! ».

Il me conduit ainsi jusqu’au pont qu’il me faut traverser. Merci !

Mais le trafic bât toujours son plein, et ce sur des kilomètres et des kilomètres. Madre mia, si c’est comme ça tout le long, je pense que je vais faire un bout de route en bus. Ce n’est qu’une file continue de camions, autobus, autos, moto taxis. Je mange la poussière et les gaz des pots d’échappement. Heureusement une dizaine de kilomètres plus loin le trafic devient plus fluide. C’est que jusqu’au Cerro Pasco cette route est l’axe principal qui mène à Lima. Ensuite, elle se divise en deux : une voie pour Lima, une pour Cusco.

 

Je m’arrête lors de ma traversée du village de Ambo boire un jus de Papaye et grignoter le tamal qui me restait de la veille. Une pluie fine se met à tomber lorsque je repars qui s’intensifie au fil des minutes. Il n’est que midi moins dix mais face au déluge qui s’abat maintenant je décide de m’arrêter pour la pause déjeuner. C’était bien vu et le repas délicieux. Pour la première fois j’ai eu droit, en plus de le soupe, à des poivrons farcis et une compote de pommes parfumée au clou de girofle ! Une petite heure plus tard la pluie se calme et je peux réenfourcher ma bécane. Le soleil ne tardera d’ailleurs pas à percer à travers les nuages. C’est ça, la saison des pluies : de grosses averses, du soleil, des nuages, de nouveau des averses..

 

J’enchaîne une bonne quinzaine de kilomètres de faux plat ascendant. Pas bon du tout pour le moral… Alors que la route paraît descendre, je peine à pédaler. Un coup d’oeil en arrière me réconforte : ça grimpe ! Bizarre, ce phénomène d’optique. Si quelqu’un peut m’expliquer le pourquoi du comment, alors qu’il s’exprime !

 

Je m’étais fixée pour objectif San Rafaël, que j’atteins sur les coups de quinze heures. Je pensais trouver une petite ville mais en fait il s’agit d’un village sans intérêt.

Je m’installe dans une auberge et, sitôt ma douche prise, part visiter les lieux. C’est samedi, une kermesse est installée dans une rue. Eux aussi jouent au chamboule tout ! Je m’installe sur un banc autour de la fontaine, rédige quelques notes, discute avec ma voisine et retourne me reposer. Demain, gros dénivelé de mille sept cents mètres, jusqu’au Cerro Pasco. Mieux vaut être en forme !

 

 

Dimanche 24 novembre : 47 kms – La Quinua – alt : 3646m

 

Sur mon chemin, trois ânes juste morts déposés dans le caniveau. Je tourne la tête et presse le pas.

 

Un peu plus tard dans l’après-midi, il pleut, la route est glissante. Alors que je suis en mode « grimpette », trois chiens déboulent à fond la caisse de la station service que je viens de dépasser, du côté opposé. Je les entends aboyer et les vois arriver dans mon rétroviseur. Le plus gros d’entre eux, ventre à terre au milieu de la route, est déjà quasiment sur moi. Je pile net, mets pieds à terre et lui fais face. Surpris, il entreprend un freinage d’urgence avec ses quatre pattes. Là, c’est comme dans les dessins animés : dérapage sur quelques mètres, roulé boulé latéral de première et demi tour la tête basse. Mon pauvre chien, si tu pouvais voir à quel point tu es ridicule !

 

En fait, pour tout vous dire, j’ai eu la bonne idée de vouloir boire une bière hier en fin d’après-midi. Impossible de trouver une petite bouteille de fraîche, et la bière chaude, ce n’est pas top. J’ai donc attaqué dans ma chambre une Cusqueña negra de soixante cinq centilitres avec quelques biscuits salés, histoire d’éponger un peu. Mais l’effet est quasi immédiat. Je suis pompette ! Tant pis pour le dîner. Je me glisse sous mes couvertures et ne réouvre les yeus qu’au petit matin.

 

Il est cinq heures quarante cinq lorsque le réveil sonne. Je suis en forme et ai une faim de loup. Mais la cuisson du Quinoa n’est pas une bonne idée. D’abord cela prend du temps, ensuite je l’aime froid, et là forcément je le mange chaud, et pour couronner le tout faut attendre que la marmite refroidisse pour la ranger dans la sacoche. Avec tout ça je ne décolle pas avant huit heures quinze, pas très motivée de surcroît, l’esprit préoccupé par des histoires personnelles en France. De plus la route, dans l’étroite vallée, histoire d’arranger le tout, ne me plaît pas.

 

Alors que je m’arrête prendre un café dans un village, une drôle de préparation est en train de se concocter sur le trottoir : le traditionnel Pachamanca dominical.
Tout d’abord on allume un feu que l’on recouvre d’un dôme de pierres maintenues à une cinquantaine de centimètres des braises par des tiges métalliques. Lorsque les pierres sont chaudes, on démonte le dôme en entreposant les pierres au sol, sur une tôle. On dispose alors sur les braises deux sortes de pommes de terre ainsi que du manioc coupé en tronçons. Le tout est recouvert d’une couche de pierres fumantes sur laquelle on dépose la viande, elle même recouverte de pierres sur lesquelles on dispose des bananes plantains et des fèves. Après une dernière couche de pierres, toujours aussi fumantes, on recouvre le tout de sacs en toile de jute mouillés et l’on laisse la préparation mijoter ainsi deux heures. Cela me met l’eau à la bouche. Quel dommage de ne pas avoir traversé ce village en fin de matinée. Tant pis, j’en trouverai d’autre en chemin.

 

Que nenni ! Quelle déception de n’avoir pour mon déjeuner que du riz à la cubaine, c’est à dire accompagné de deux œufs au plat et d’une banane plantain frite. Pourtant, je me le rêvais, ce Pachamanca !

 

C’est néanmoins l’estomac plein que je reprends la route. J’arrive ainsi au petit hameau La Quinua. Il y a bien deux auberges mais un commerçant m’assure que deux kilomètres plus loin s’en trouve une troisième, située à un carrefour. Je décide de m’avancer encore un peu. Mais les kilomètres défilent et toujours pas d’auberge, ni de carrefour…Sur ma gauche une tienda vend du fromage et des boissons chaudes. Attablée devant un café le patron m’assure qu’il n’y a plus aucune auberge avant Cerro Pasco. Mais j’en ai plein les bottes pour aujourd’hui, je veux me poser. Cerro Pasco sera mon étape de demain. Pas de toit sous lequel posé ma tente aussi je rebrousse chemin sous une pluie battante. La pente à mon avantage, j’arrive rapidement devant l’hôtel où une chambre était disponible avec vue sur la rivière. La dame, à l’extérieur, me reconnaît (forcément).

  • « C’est pour la chambre ? ».
  • « Oui, je me pose là cette nuit ».

 

Je cale Diego contre la murette et pousse la porte d’entrée. D’un seul coup d’oeil je me rends compte que la salle a été réorganisée, des ballons d’anniversaire sont gonflés et accrochés à un pilier, des personnes sont assises sur des chaises et mangent, les assiettes sur les genoux, des enfants s’amusent. J’ai juste le temps de lancer un « buenas tardes » à cette petite assemblée que le patron s’approche de moi, une chaise à la main, m’intime l’ordre de m’asseoir et de son autre main me remet une copieuse assiette de….Pachamanca !

Y aurait-il une justice, en ce bas monde !?

 

On ne peut pas dire que je sois affamée. Il n’est pas encore dix-sept heures et mon riz à la cubaine n’est toujours pas digéré mais je mords à pleines dents dans ce mets tombé du ciel ! Un régal ! Les deux morceaux de viande sont goûteux et tendres à souhait, les légumes fondants. On m’apporte du soda, des bonbons.

Je n’ose pas réclamer ma chambre de suite, les hôteliers donnant la réception. Mais trois quarts d’heure plus tard je me lève et remercie le patron pour son hospitalité, m’excuse et demande à ce que l’on me montre ma chambre. La forte pluie a pénétré sous mes vêtements imperméables et je grelotte. Il faut que j’aille me changer avant de tomber malade.

 

 

Lundi 25 novembre : 62 kms – Huayllay – Bosquet de piedras – alt : 4100m – passage d’un col à 4300m

 

Délicieux petit déjeuner englouti (poulet sauce cacahuètes, riz et café filtre), le top départ est donné à huit heures moins le quart.

J’enchaîne environ vingt neuf kilomètres de tranquille montée et m’arrête un peu avant midi à un kilomètre du col. C’est à cet endroit que se trouve la bifurcation : à droite, direction Cerro Pasco, à gauche, direction Lima, via La Oroya.

 

Un abri de fortune est installé sur la droite : toit de tôles, pierres au sol et, disposé en U, comme bancs des planches de bois recouvertes de laine de mouton soutenues par des parpaings et comme tables des planches étroites, de vingt centimètres de large environ.

Deux hommes sont en train de partager une énorme assiette. La patronne, une vieille dame, longue natte grise, vêtue des longs jupons traditionnels aux couleurs vives, est assise sur un mini tabouret de bois.

Je m’installe avec mes cartes routières et demande une boisson chaude qu’elle n’a pas. Les hommes aussi en voudraient bien. Pourquoi n’en vend-elle pas ? « C’est que c’est lourd de transporter des seaux d’eau jusque ici. Puis il faut la chauffer ! Si vous voulez boire j’ai du coca cola et de l’inca cola ».

Et bien ce sera coca. Arrive un troisième homme qui demande une assiette de Pachamanca. Ah, effectivement, c’est ça que sont en train de manger les deux autres ! Je n’avais pas remarqué que la vieille dame était installée devant son « four ». Elle soulève religieusement les sacs en toile de jute humides, met de côté une pierre fumante, extrait trois sortes de pommes de terre, des fèves,, met de nouveau de côté une autre pierre, extrait un énorme morceau de viande qu’elle portionne à l’aide d’une hachette.

  • «  Tu as goûté le Pachamanca ? », me demande-t-elle ?
  • « Oui, hier, justement. C’était l’anniversaire de la fille du patron de l’hôtel où j’ai passé la nuit et il m’en a offert une assiette ».
  • « Tu en veux? ».
  • « Non, merci. C’est que je n’ai vraiment pas faim. Je n’arrête pas de manger».

 

La conversation s’engage. Les deux hommes s’en vont à un festival à Huanuco. Le troisième homme attend un collectivo pour Huancayo. Quand à moi, je me renseigne pour la direction à prendre. Le plus jeune vient s’asseoir à côté de moi, regarde ma carte, sort son téléphone, étudie les distances. Pour lui, passer par Cerro Pasco n’est pas une bonne idée. De plus, Cerro Pasco est sans intérêt aucun, à part une mine d’argent que l’on ne peut pas visiter. Le mieux est d’emprunter la direction de La Oroya jusqu’à ce que je trouve la bifurcation sur la droite pour Huayllay, où se trouve la forêt de pierres. Le col est à un kilomètre d’ici et après ce n’est que de la descente sur une roue fraîchement asphaltée. Je peux me poser à Huayllay pour la nuit, il y a plusieurs auberges. Et vu l’heure (il n’est pas encore treize heures) j’ai largement le temps d’y arriver.
Pour repartir, demain, un chemin de pierre coupe à travers pour rejoindre Pari. De là, je peux reprendre ma route pour Huancayo.

 

J’en suis à tout réanalyser quand le vieille dame s’approche de moi. Elle tient à même sa main une pomme de terre et un bon morceau de viande qu’elle pose sans cérémonie sur la planche de bois. Je suis surprise et la remercie.

Là, elle m’a eu ; la viande est tellement savoureuse que je ne peux pas pu m’empêcher d’en demander un peu plus.

  • « Vingt soles la grande assiette », me dit-elle . « ça va ? »
  • « C’est que je ne vais jamais tout manger !! La moitié est largement suffisante ».
  • « Dix soles la moitié ».
  • « ça marche ! »

 

Je l’observe procéder de nouveau religieusement à la préparation de mon assiette. A son tour elle me regarde savourer le plat, un sourire au coin des lèvres : « Tout ça à vélo , et tu ne te fatigues pas !? ».

Je me lèches les dix doigts (ici, pas de couverts, vous l’aurez compris). Le troisième homme se lève, prends une serviette en papier pour lui et, compatissant, m’en dépose une devant mon assiette.

 

Je remercie tout ce petit monde, les hommes pour leur conseil, la vieille dame pour son délicieux Pachamanca et pars dans la direction opposée à celle que je pensais prendre initialement.

Pour une fois, tout se déroulera comme prévu ! Le col est bien à un kilomètre puis, jusqu’à la forêt de pierres, s’en suit une longue descente.

 

Il fait froid à ces hauteurs. J »ai la possibilité d’installer la tente sous un avant toit mais j’opte pour une douche chaude et un lit dans un petit dortoir. Ne voilà-t-il pas que je m’embourgeoise, maintenant !

 

 

Mardi 26 novembre : 61 kms – Junin – env 11000 habs – alt 4100m – beau temps – froid glacial le soir – vent -

 

Junin est localisée au Nord Est de Lima. Elle est la capitale de la province de Junin, dans la région du même nom. Simon Bolivar battit les Espagnols le 06 août 1824 lors de la « bataille de Junin ».

 

Je serai la seule à occuper le dortoir. Réveillée à cinq heure quarante cinq, Diego chargé, je le laisse dans la cour de l’hostal pendant que je pars faire un tout dans cette forêt de pierres. Impressionnant ! Trois sentiers sont répertoriés et on peut facilement y passer la journée. J’y consacrerai une heure. Je m’arrête au retour prendre un thé (j’oublie le café, la dame n’ayant que de l’instantané) et me renseigne au niveau de l’embranchement où je dois prendre à droite pour couper court à travers la plaine et rejoindre directement Pari. Ensuite, je longerai le lac Chinchaycocha jusqu’à Ondores pour terminer ma course à Junin.

 

Je mets deux heures pour rejoindre Pari. Une heure vingt aurait été suffisante mais le paysage est tellement exceptionnel que je n’ai de cesse de m’arrêter pour l’admirer. De plus la route de terre battue bien plane et compacte est un régal.

Cela va changer les vingt derniers kilomètres. Le tronçon entre Ondores et Junin est minable, deux heures de tape cul sur une piste défoncée. J’atteins la ville à dix sept heures. Il était temps.

C’est soir de fête dans la ville. Douche chaude prise à l’hôtel, je sors faire un tour. Quel froid ! Je grignote poulet frit et frites à un stand, achète quelques fruits et retourne me mettre au chaud.

 

 

Mercredi 27 novembre : 67kms – Tarma – env 44000 habs – alt ; 3060 mètres – très froid toute la journée – vent -

 

Tarma, ville natale du dictateur Manuel A. Odria, est la capitale du district et de la province du même nom, dans la région de Junin.

Sous la vice-royauté (création d’une intendance en 1784) et les premières années de la république, Tarma fut la principale ville des Andes centrales du Pérou. La ville de Huancayo la supplanta par la suite.

 

 

Ville surprenante et riche. D’innombrables boutiques de meubles, hifi, vêtements modernes, un nombre incalculable de glaciers et pâtissiers. La plupart des locaux sont vêtus à l’européenne. J’ai même vu un couple dont le papa portait son enfant dans un porte bébé ventral. Une révolution, vu que traditionnellement ce sont les mamans qui portent leurs enfants enroulés dans une étole dans le dos.

 

départ 9h15 – arrivée 16h00

 

J’ai choisi de ne pas prendre l’axe principal jusqu’à Tarma. Trop de trafic, poids lourd après poids lourd. Une route secondaire y mène quelques kilomètres après Junin, traversant San Pedro de Cajas et Palcamayo, capitale de l’horticulture. Sitôt la 3Sud quittée, le trafic et le paysage changent favorablement. Le col franchi, ce n’est ensuite plus que de la descente sur une route tantôt asphaltée, tantôt de terre battue. La route serpente dans des gorges propices à la culture des fleurs. Chaque lopin de terre est exploité. De nombreuses petites mains y sont ainsi affairées.

Je passerai la nuit au cinquième étage d’un hôtel tout confort (6,70€ la nuit) avec terrasse vue sur la ville. Le réceptionniste envoie son fils m’aider à monter mes cinq sacoches. Quand à Diego, on lui trouve une petite place le long du mur à la réception.

 

 

Jeudi 28 novembre : longue et intense côte de 24 kms – Carampa (lieu-dit) – alt : 4131m- 4 habs

 

Départ 10h – arrivée : 15h30

 

Je pars encore plus tard que les autres fois, après la gestion administrative d’une affaire en cours, à la maison.

 

La « loma », entendez par là la côte, démarre avant même la sortie de Tarma, une longue et interminable côte, certes asphaltée, mais aux inclinaisons parfois raides. A plusieurs reprise, alors que je me réjouis d’arriver sur une partie plane et crois avoir atteint le sommet, deux courbes plus loin, c’est reparti.

Aucun petit restaurant en route. Seule une tienda se tient à mi-parcours. J’y achète carotte (épluchée par la dame), tomate, avocat et ananas, également coupé par la vendeuse.

Assise sur la marche devant la boutique, le tout agrémenté d’un morceau de pain et de biscuits salés, je reprends des forces.

 

Je change de versant alors que j’attaque les trois derniers lacets. De ma position je peux apercevoir au sommet un immense panneau sur lequel est écrit « Hotel El Vuelo del Condor » et quelques murs de maisons. Cela me redonne un regain d’énergie.

Tout en pédalant je trouve bizarre qu’au sommet se tienne un hôtel du même nom que celui dans lequel j’ai dormi, à Tarma. Mais bon, tout peut être possible, ici au Pérou. Je ne sais pas encore si j’y passerai la nuit mais je pourrai au moins m’y reposer devant une boisson chaude en attendant que la pluie, qui menace de plus en plus, soit passée.

 

Quelques gouttes commencent à tomber alors que je me trouve à une cinquantaine de mètres de la passe. Je m’arrête néanmoins sur le côté prendre une photo. Après tout, le hameau est juste au dessus.

 

J’arrive au col (qui en fait n’est toujours pas le col. Celui ci se trouve un kilomètre plus loin). Mais, stupeur ! Les murs ne sont en fait que des ruines et le panneau publicitaire affiche les coordonnées de mon hôtel à Tarma ! Y’a pas idée, surtout disposé dans ce sens, côté sortie. Je ne vois vraiment pas l’intérêt. Mais intérêt ou pas, cela ne résous pas mon problème. L’orage gronde, la pluie s’intensifie. J’aperçois sur la gauche quelques maisonnées de terre battue à une centaine de mètres de la route, mais pas facile d’accès. Sur la droite, à égale distance mais en bordure de route, une maison. Alors que je plisse les yeux pour bien m’assurer que, cette fois-ci, cela ne soit pas une ruine, j’aperçois une personne contournant un des bâtiments avant de disparaître de mon champ de vue.

Je pique un sprint et arrive devant les marches de la maison en empruntant l’allée de derrière. Je ne suis pas dans le champ de vision de la dame aussi est-elle surprise de s’entendre interpellée.

  • « Ola, Señora, que tal ? Excusez le dérangement. Je peux m’abriter sous votre avant toit le temps que la pluie cesse ? »

La dame me dévisage trente seconde, puis me fais signe de la suivre. Je cale Diego contre la murette et grimpe les cinq marches qui mènent à une terrasse.

  • « Entre ici », me dit-elle, « Il fera plus chaud ».

Effectivement, à l’écart de la maison, une « cuisine » extérieure. Un feu est allumé sur lequel chauffe une énorme marmite de soupe. J’apprendrai plus tard que c’est le souper des chiens.

 

Le déluge s’abat littéralement alors que je franchis le seuil.

  • « Dieu est avec toi ! », me dit-elle.
  • « Vous n’auriez pas s’il vous plaît un peu de café chaud ? Je peux vous le payer, j’ai quelques solès ».
  • « Si, bien sûr ! ».

Elle quitte la « cuisine », affronte sans crainte la forte pluie, entre chez elle et en ressors avec un vrai café quelle me tend avec un grand sourire. La tasse brûlante me réchauffe les mains et le cœur. Alors que je réponds inlassablement à ces nombreuses questions, elle me propose subitement de rester dormir là. « Comme cela, j’aurai un peu de compagnie ! ».

  • « Mais il n’y a pas de toit sous lequel je peux m’installer ? ».
  • « Pas dans la tente, chez moi. La pièce est grande Tu peux y mettre ton matelas ».
  • « Oh, vraiment ? Merci beaucoup. Si le temps ne se dégage pas, c’est avec grand plaisir. Si le temps se dégage, je préfère continuer une heure ou deux de plus. Je ne vais pas tarder à attaquer la descente et je pense pouvoir arriver à Jauja avant la nuit».

 

Nous quittons la chaleur du feu pour entrer dans sa maison. Je suis gelée. La señora disparaît dans une pièce annexe et en ressort avec un poncho de laine marron qu’elle m’enfile directement par la tête, sans me laisser le temps de réagir. . Mon expression doit en dire long car elle s’exclame :

  • « Il est propre ! Je l’ai lavé ».

 

L’orage est maintenant vraiment sur nous, des éclairs fendent le ciel noir de geai. Elle coupe l’électricité dont elle est si fière, ferme la porte, éteint son téléphone et commente : « La foudre, c’est très dangereux. Il y a régulièrement des morts ici à cause d’elle ». J’attrape ma lampe solaire que j’accroche autour d’un porte manteau. L’ambiance, calfeutrée et chaleureuse, est propice à la conversation. J’arrive même à la faire rire : « L’hôtel ‘El Vuelo del Condor’, c’est comme ça que je vais appeler votre maison ! ».

L’orage grondera ainsi pendant plus d’une heure. Lorsqu’elle réouvre la porte, une pluie fine continue de tomber et … le sol est tout blanc ! Un tapis de grêlons ! Je n’ai jamais vu ça. Certes, j’ai déjà affronté un peu de grêle, mais cela n’a jamais duré plus de quelques minutes et jamais avec cette intensité là.

Je m’interroge : comment aurais-je géré cette situation si j’avais poursuivi ma route ? Il n’y a aucune maison avant perpète. Pas question de pédaler sur cette chaussée tapissée de grêlons, jamais mes pneus n’auraient adhéré. M’arrêter sur le bas côté ? C’est sûr, je n’aurai pas pu faire autrement. Mais sans déployer mon parapluie, pour ne pas jouer au paratonnerre, je ne sais pas ce que je serai devenue…

 

Le ciel est toujours très sombre et des éclairs l’illuminent dans la direction que je dois prendre. C’est sûr, je vais m’installer là pour la nuit.

 

Je propose à Esther, c’est son prénom, une soupe et des pâtes en sauce pour le dîner. Elle accepte avec grand plaisir, mais, du haut de ses soixante et onze ans, elle a petit appétit. On se contentera de la soupe et de quelques biscuits salés. Les pâtes, on les cuisinera au petit déjeuner.

J’installe mon bivouac sous son œil attentif. Je gonfle mon matelas, sors mon duvet. Elle étale au sol une couverture de laine, pour éviter que le froid et l’humidité ne remontent. « Si tu as trop froid, tu peux te glisser sous les couvertures d’un des trois lits, le long du mur. Moi je dors dans l’autre pièce ».

La soirée se passe. J’apprends qu’elle vit seule ici, que son frère et son neveu habitent les maisons de terre en face, quelle possède des moutons, des vaches, une maison à Huancayo, une autre à Lima, quatre enfants. D’ailleurs, demain, elle se rend elle aussi à Huncayo, pour quinze jours, passer des vacances auprès de sa fille, laborantine. Pour soigner ses bêtes en son absence, elle engage un homme. En échange de son travail elle lui reverse la somme de deux mille solès.

Le dîner pris, la vaisselle faite (elle tient à la faire elle même, pour des raisons de gestion d’eau non courante, je pense), je me glisse à l’intérieur de mon duvet. Mais Esther, peu habituée à avoir de la compagnie dans cette maison isolée, vient s’asseoir à mes côtés sur le divan, désireuse de continuer à papoter. Il est huit heures du soir lorsque je prends congé. Il faut que je me repose pour être en forme demain.

 

 

Vendredi 29 novembre : 88 kms – Huancayo – env : 340 000 habs – alt : 3260 mètres

 

Huancayo est une ville du centre du Pérou. Située au pied de la cordillère Huaytapayana, elle est la capitale de la région de Junin et le chef-lieu de la province de Huancayo. Elle est le siège de l’archidiocèse de Huancayo avec sa cathédrale de la Très-Sainte-Trinité.

Huancayo se considère comme l’héritière de la tradition des Huancas, un peuple établi dans la vallée du Mantaro et soumis par les Incas. Elle est célèbre dans tout le Pérou pour le raffinement de son artisanat dont les techniques n’ont pas changé depuis plus de quinze siècles.

 

-  « Tu t’es bien reposée ?  Tu n’as pas eu froid ?».

 

J’ouvre un œil. Je suis en mode « crocodile », tout mon corps enfoui à l’intérieur de mon duvet, seules les narines et le front dépassant. Diable, le jour n’est pas encore levé ! Elle voit bien que je dors, non ? Quelle heure peut-il être ?

Pour toute réponse elle n’aura qu’un grognement. Je me rendors. Des bruits de voix me réveillent de nouveau. Un homme vient s’asseoir sur le divan à mes côtés et commence à engager la conversation d’une voix forte. « Mon neveu », m’apprend-elle. Ils ne peuvent pas me laisser tranquille ? Toujours enfouie dans mon duvet, je lui réponds, poliment, par simples mots brefs. Je fins par sortir mon bras, attrape mon téléphone : « 5h27 ».

 

Une autre journée commence. Je m’extirpe de mon couchage, commence à tout plier. « Oui, Esther, je m’occupe des pâtes. Tu peux aller soigner les bêtes, il n’y a pas de problèmes ». C’est qu’elle part pour quinze jours et que tout doit être en ordre pour la passation.

L’eau est chaude dans la bouilloire. Le bivouac rangé je m’accorde le temps d’un café. Elle revient une vingtaine de minutes plus tard. « Les pâtes sont prêtes ? Pas tout à fait ? Je reviens dans quelques minutes ».

 

Lorsqu’elle revient, les assiettes sont mises et la marmite posée sur une planche de bois, sur la table. Nous savourons ensemble ce festin matinal. Je prends congé alors qu’elle doit retourner s’occuper de ses vaches. Il est sept heures trente du matin.

 

J’arrive à Huancayo à midi trente, après une pause glace artisanale cappuccino-chocolat de quinze minutes. Visiblement, ici aussi, les produits laitiers sont la spécialité.

La ville est tout en chantier et je dois emprunter une déviation sur plusieurs kilomètres. Mais lasse de manger la poussière et d’inhaler les fumées des pots d »échappement, je prends la tangente pour rejoindre la route barrée, praticable. Visiblement, aujourd’hui, il n’y a pas de travaux en cours, ou bien les ouvriers sont en pause déjeuner. D’autres deux roues et des piétons font comme moi. J’atteins le centre ville trois quart d’heures plus tard. Une demi-heure pour trouver un hôtel dans mes tarifs et qui me convienne, le temps de m’installer, il est pratiquement quinze heures lorsque je m’attable à la table d’un restaurant végétarien.

 

Je passerai une deuxième nuit dans cette ville. Demain : repos !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Posté le 22 novembre 2019 - par lesmichesenavant

du 15 au 22 novembre : de Huari à Huanuco

Vendredi 15 novembre 2019 : 45 kms -Palca – altitude : 2440m

 

Je démarre tard, vers les dix heures, ayant des problèmes administratifs à régler en France. Pas facile à plus de neuf mille kilomètres de chez soi…

La pente pour sortir de Huari est plus que raide. S’en suit ensuite douze kilomètres de douce descente sur une route asphaltée. Je suis confiante, guettant la pâte d’oie où il va me falloir bifurquer sur la gauche, direction Masin. A droite la route mène à San Marcos.

Rendue au niveau du rio Puchca commence une longue ascension. Bigre, cela grimpe bien, mais la route est toujours asphaltée, et moi toujours dans mes pensées. La traversée d’un premier hameau me paraît bizarre… Je n’ai pas remarqué sur mon plan de villages avant d’arriver à Masin. Qu’importe, après tout il n’était pas non plus marqué que la route était asphaltée. Ce n’est qu’arrivée au deuxième hameau que le doute surgit. « Succha », j’ai bien vu marqué ce nom sur ma carte, mais dans la direction opposée à la mienne. Je me renseigne auprès d’un couple sur le pas de porte de leur maison.

  • « Masin ? Mais c’est de l’autre côté, tout en bas. A Pomachaca il fallait prendre le pont sur votre gauche. Un route caillouteuse et très étroite longe le rio jusqu’au hameau ».
  • « Mais je n’ai vu aucune indication ! ».
  • « C’est indiqué, mais en venant de l’autre sens».

Alors que je fais demi-tour je l’entends dire à sa femme : « Elle a grimpé tout ça pour rien ! ».

Comment ne me suis-je pas rendue compte que j’ai grimpé autant : neuf kilomètres ! Positivons, ce sont sont neuf kilomètres de descente qui m’attendent, maintenant. Et effectivement, dans ce sens là, à l’entrée de Pomachaca, un panneau indique la direction de Masin. C’était donc ça, la pâte d’oie ! Cela m’apprendra à mieux étudier ma carte, au lieu de la survoler. Il était clair que la route suivait le rio. Alors pourquoi me suis-je laisser embarquer dans cette côte sans réagir !?

 

Le plus drôle, c’est que la veille, au téléphone, mon père me demandait si au niveau des intersections les directions étaient bien indiquées. Et bien, voilà la réponse !

 

Avant de franchir le pont, je m’arrête à l’unique point chaud du hameau. La dame n’a plus rien à me proposer, elle a tout vendu ! Je vois sur son plan de travail des avocats. « M’en vendrez vous un ? J’ai du pain et du fromage dans mon sac, je vais me faire un sandwich. Et si je peux avoir une tomate avec c’est parfait ». Cerise sur le gâteau, elle peut me servir un café « pasado », si difficile à trouver dans ces régions qui ne boivent principalement que du café instantané. Royal !

A côté de moi s’installe un ouvrier. Alors que je lui explique mon itinéraire il me conseille de ne pas m’arrêter à Masin mais de continuer jusqu’au carrefour (encore un), nommé Palca, en fait un petit bourg d’à peine une centaine d’habitants, à la croisée des chemins. Comme cela, je serai au petit matin au pied des onze kilomètres de montée qui mènent à Ponto.

 

Mais quel trafic sur cette route étroite ! Je n’en reviens pas. Des camions, des bus, des collectivos, des voitures. Je ne fais que manger de la poussière. Un gars à moto, me doublant, ralentit à mon niveau et me mets en garde: « Vous êtes au milieu ! Serrez plus votre droite. C’est très étroit et ils roulent tous comme des fous ici ! ».

 

L’ouvrier qui cassait la croûte à côté de moi m’a prévenu qu’à Palca ne se trouve qu’une seule auberge-restaurant. J’y arrive donc sous le regard amusé des hommes, buvant des bières assis sur les marches à côté des tiendas. Il est vrai que nous sommes vendredi soir. Avant, traverser seule ces places, dévisagée par tout un chacun, me stressait. Les ricanements, les taquineries me mettaient mal à l’aise. Aujourd’hui, cela m’amuse. Je traverse en les saluant et m’arrête même pour répondre à leurs questions.

 

Sur un banc devant l’auberge sont assis trois messieurs. Je mets pied à terre et m’assois à côté d’eux. Je suis soulagée d’être arrivée et nous papotons tranquillement de tout et de rien.

Le propriétaire de l’auberge, malgré plusieurs appels de la part de mes amis, ne daignera se montrer que bien plus tard. Pas grave, je sais comment fonctionnent les péruviens, maintenant. Arrivée la première, j’ai la priorité pour une chambrée.

En fait, seuls deux dortoirs de quatre lits, basiques mais proprets, se trouvent à l’étage. Un escalier extérieur y mène. Les portes d’entrées sont toutes basses, un mètre vingt, environ. Cela fait parti du patrimoine. La raison ? On n’a pas été capable de me la donner. Je laisserai ma veilleuse solaire allumée, histoire de ne pas me décapiter si je dois sortir du dortoir en pleine nuit.

Je suis chanceuse, nous sommes vendredi. Les travailleurs étant rentrés chez eux pour le week-end, je n’aurai pas de voisin de chambrée.

 

La salle d’eau se trouve au niveau du « restaurant », en bas. La partie douche (eau froide) est correcte, mais une odeur d’urine prend à la gorge sitôt la porte poussée. Je me réjouis d’avoir fait suivre une paire de tongs !

 

Mes sacoches montées, mon duvet installé, ma douche prise, je remonte les quarante mètres de ruelle. Ici, j’achète une mangue, là, une bière et des cacahuètes. Ne pas donner tous mes sous à une seule boutique, mais partager, c’est aussi ma façon de faire.

Devant une porte de maison deux dames sont en train d’éplucher des fèves grillées pour en faire une crème. « Je peux vous aider ? », leur demande-je ? « Bien sûr ! » me répondent-elles. La dame assise sur le banc me fait une petite place et pose sa bassine entre nous. Nous commençons à papoter. Passe devant nous un homme, « Moïse », habitant lui aussi le hameau. Une des deux dames l’interpelle : « Je te présente une amie ! ». La discussion se poursuit à quatre.

 

Le trafic est toujours tellement intense et l’unique ruelle du village tellement étroite que la deuxième dame, assise sur un tabouret à même la chaussée, est obligée toutes les cinq minutes de se lever pour laisser passer camions, collectivos, autobus… On m’explique alors que la route basse mène aussi à Huanuco.

 

L’orage commence à gronder, des éclairs illuminent le ciel, la pluie tombe. Chacun replie ses affaires et court se mettre à l’abri. Je franchis les quelques pas qui me mènent à l’auberge et m’installe à une des tables en attendant le dîner. Nous serons trois, ce soir là, à y prendre notre repas. Avant de regagner mon dortoir je rentre Diego dans la salle. « On le sortira demain matin. Les petits déjeuners commencent à cinq heures ».

Alors que les aubergistes commencent à se barricader de l’intérieur (ils occupent le rez de chaussée) je leur lance :

  • « Vous laissez une porte d’ouverte ? On ne sait jamais, si je dois aller au wc durant la nuit… ».

Nelly, ne sachant que me répondre, se tourne vers son mari qui me rétorque :

  • « On ferme tout. Pour les besoins, il y a le champ en face ».

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vers Palca

vers Palca

 

 

 

Samedi 16 novembre : env 19kms – Santa Rosa de Tinco – alt : 3620m

 

Je suis réveillée à cinq heures quarante cinq. Le temps de plier mes bagages je descends pour le petit déjeuner et là…tout est encore fermé ! « Ils se reposent », me dit la voisine. Zut, en plus mon vélo est dedans. Je tambourine à la porte, mais rien. Il me faudra patienter une bonne demi-heure que la maisonnée se réveille.
Je déjeune d’un caldo, mon plat chaud préféré le matin. Cette soupe, dans cette région du Pérou, a la particularité de contenir, en plus d’un morceau de poulet et des spaghetti, un œuf dur non écalé cuit dans le bouillon.

 

Il est huit heures moins le quart lorsque je me lance à l’assaut des onze kilomètres d’ascension. J’atteins Ponto à onze heures trente. Mon caldo étant digéré depuis longtemps je m’installe à la table d’une auberge.

  • « Poisson et ménestre (haricots en sauce), cela vous va? ».
  • « Parfait ! ».

Ce que je ne savais pas, c’est que rien n’était prêt. Affamée, je grignote mangue, pain et fromage en ma possession.

Dans le patio un magnifique ara de couleur verte, rouge et jaune se promène en liberté. J’interpelle un enfant d’une douzaine d’années faisant la lessive :

  • « Pourquoi l’ara se promène-t-il en liberté alors que l’autre oiseau est enfermé dans une cage si petite qu’il ne peut déployer ses ailes ? ».
  • « Ben, l’ara est domestiqué, et l’autre est sauvage », fut sa réponse.

La cage renfermant le jeune rapace se tenait en face de moi. Il faisait vraiment pitié, à s’acharner à sortir de sa prison. Si j’avais passé la nuit là, je l’aurais libéré, en douce.

 

S »installent à la table voisine un homme et son fils d’une trentaine d’années. On discutera pendant près d’une heure. Il est finalement treize heures lorsque le repas arrive : copieuse soupe, copieux plat principal.
La panse prête à éclater je reprends ma route une petite heure plus tard : entorse à mon règlement mais ma prochaine étape n’est qu’à neuf kilomètres de là et le temps clément.

 

A mi-parcours le ciel s’assombrit. De gros nuages arrivent de derrière les montagnes. Je crains un gros orage et me mets à l’abri dans un virage sous un avant toit de tôle de maison. J’appelle. Une dame âgée sort. Pas question que j’installe ma tente là ! J’insiste, mais il n’y a rien à faire. « A Tinco, un peu plus haut, vous trouverez une place pour mettre votre tente. Mais non, il ne va pas pleuvoir. Vous avez largement le temps d’arriver ».

Je réenfourche mon vélo et repars pour les quatre derniers kilomètres. La vieille dame avait raison. Bien que les nuages soient noirs et menaçants il ne tombera en chemin que quelques petites gouttes.

 

J’arrive à Santa Rosa de Tinco, petit hameau sans place centrale, ni église. Deux dames derrière la porte entr’ouverte d’une tienda me regardent arriver, le sourire aux lèvres. J’explique : je voyage seule, je m’arrête là pour la nuit, je cherche quelqu’un pour m’offrir l’hospitalité. Je n’ai besoin que d’un toit sous lequel m’installer et d’un peu d’eau pour cuisiner.

Elles sont hésitantes. J’insiste. Je suis une personne tout ce qu’il y a de plus correcte et il n’y a aucun problème avec moi. La patronne de la tienda finit par acquiescer. « Suis moi », me dit-elle. A l’arrière se trouve un renfoncement qui sert d’abri moto et de stockage de bois. Son mari déplace sa bécane et toute la famille m’observe installer mon bivouac.  « Il y a cinq ans un couple de cyclotouristes français a aussi dormi là ! », m’apprend-on.

L’homme s’échappe un instant et revient avec un tabouret plastique, qu’il dépose à côté de ma tente. Puis la dame, craignant que je n’ai froid me propose une couverture de laine à poser parterre dans ma tente pour mieux l’isoler du sol. Ce sera une initiative magnifique. Quelle différence !

Puis Sarah me demande si j’aime le riz. Il n’est que dix-sept heures trente, et alors que le déluge sévit maintenant depuis bien trente minutes, elle m’apporte une assiette contenant du riz, un œuf au plat et des rondelles de banane plantain ainsi qu’une tasse de Punky, boisson chaude à base de lait, de blé et de sucre.

 

Rituel du soir : la toilette, bien sûr !
Tout d’abord je fais chauffer trente centilitres d’eau dans mon pot en titane et procède, à l’ancienne, à l’aide de gants de toilette , à mon débarbouillage. Je ne me repose jamais aussi bien que rafraîchie, mes affaires de nuit en laine de mérino enfilées.

Mon truc pour me laver en toute discrétion : assise dans ma tente, mes ustensiles de toilette à côté de moi, les pieds au dehors, je ferme la bâche opaque de protection. J’ai ainsi une profondeur d’une soixantaine de centimètres me permettant de faire couler de l’eau sur la terre ou l’herbe, selon. Ni vu ni connu, je les embrouille tous  !

 

vers Ponto

vers Ponto

boue...

boue…

 

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vur sur Ponto

vur sur Ponto

Ponto

Ponto

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La cuisine chez Sarah

La cuisine chez Sarah

 

mon campement

mon campement

 

Dimanche 17 novembre : 27 kms – m’arrête à onze kms de Puños – alt : 3911m

 

Un seau trouvé au niveau de l’abri bois me servira de pot de chambre pour la nuit.
Je me réveille au petit jour, vers cinq heures trente et profite d’une demi-heure de répit supplémentaire, bien au chaud dans mon duvet.

L’eau pour mon café portée à ébullition sur mon réchaud, je me résous à ouvrir mon dernier sachet d’avoine. J’ai cette avoine en horreur, mais en avais malgré tout pris en dépannage. Effectivement, mise à tremper la veille, elle n’a pas besoin de cuisson.

J’ai beau y rajouter beaucoup de sucre, cela ne passe pas : une cuillère pour moi, deux cuillères pour la basse cour qui me tourne autour. Soudain, ne voilà-t-il pas Sarah qui s’approche de moi avec une assiette de soupe de légumes bien chaude ainsi qu’un petit plat creux contenant des ‘ocas’ tous chauds (sorte de petits tubercules, un peu comme le topinambour, légèrement sucré avec un petit goût de châtaigne).

Du pur bonheur ! Je revis ! J’offre généreusement mon reste de céréales aux poules, oies et canards qui se disputent le festin en me promettant de ne plus jamais en acheter !

Mais dans mes stocks j’ai également une autre poche de cinq cents grammes d’un mélange d’avoine et d’une autre céréale typique du Pérou, dont je ne me souviens plus du nom, achetée pour voir si cela me convenait mieux.

Et bien, je ne le saurai pas. J’attrape la poche et la remets à Sarah :

  • « C’est pour toi, cadeau ! Tu pourras préparer des ‘Punky’ pour tes enfants avec ».

 

Avant de prendre congé je rentre dans sa boutique lui acheter un paquet de galettes au chocolat. Sur les trois solès demandés, je lui en tends neuf.

Cas de conscience : j’avoue que je ne suis jamais très à l’aise dans ces situations là. Je n’aime pas monnayer l’hospitalité, pour que justement cela reste l’Hospitalité, avec un grand H. Mais là, elle m’a chouchoutée, offert deux repas… Six solès de plus sont moins de deux euros et l’équivalent d’un menu complet, ici.

Elle croit que je me trompe, aussi je lui explique. Pas question pour elle d’accepter davantage que la valeur du paquet de galettes. Elle m’a offert l’hospitalité, avec plaisir et simplicité. C’est tout.

 

Bien, je retiendrai la leçon.

 

Devant la boutique des jeune me saluent en anglais. Il est huit heures. Je prends congé de tout ce petit monde et reprends ma route. D’autres villageois m’offrent des ‘ocas’, tout chaud. Je les stocke dans mon pot en titane. Je les grignoterai plus tard.

Puis je chemine un petit moment avec une jeune bergère qui donne du bâton pour faire avancer brebis, cochons, ânes, chevaux. Mis à part elle, jusqu’au sommet que j’atteins vers les midi, je ne croiserai personne.

 

A quelques mètres de la passe, une intersection. La logique voudrait que je prenne à gauche, puisqu’à droite il est noté que cela me renvoie sur Ponto, mais je préfère être sûre. J’aperçois pas trop loin dans la sierra un homme, de dos, tenant par la bride un cheval portant sur son échine un monticule d’herbe.

  • «  OOOOOHHHHééééééééééééééé ! OOOOOHHHHHHééééééééééé ! ».

Il ne m’entend pas. Je réitère à deux reprises.

  • « PUUUUUUUUNNNNNNNNOOOOOOOOO ! PUUUUUUNNNNNNOOOO ! » je crie, les mains en porte voix.
  • « AAAARRRRRRRRRRIIIIIIIIIIIIIBBBBBBBBBBBAAAAAAAAAAAAAA ! », me hurle- t-il à son tour.

Je le remercie de la main. J’avais vu juste, je m’étais envoyée du bon côté. Je sors mon appareil photo pour immortaliser l’instant, dernière vue de ce côté, et, l’appareil en bandoulière, pousse Diego sur quelques mètres pour immortaliser la vue plongeante, sur l’autre versant. Alors que je contourne un énorme rocher qui me cache le reste du chemin, trois cavaliers, ayant sûrement entendu les échanges de voix, se tiennent sur leur monture, à l’arrêt, attendant de voir qui va débouler.

Je suis surprise et range instantanément et nonchalamment mon appareil dans mon petit sac avant, espérant qu’ils ne l’aient pas remarqué. Je n’aime pas exhiber mes objets de valeur, surtout dans des endroits peu fréquentés.

Je les salue. Aussitôt l’un d’entre eux me demande de les prendre en photo. Ils l’ont vu ! Je m’exécute. Nous discutons quelques minutes, le temps que ma balise envoie ma position gps. J’apprends ainsi qu’ils élèvent une vingtaine de chevaux, pour la revente.

 

  • « Combien vaut ton vélo ? », question qui revient très, très souvent.
  • « Environs mille euros, soit trois mille cinq cents solès ».
  • « Tu me l’échanges contre un cheval ? »
  • « Ben, ça va pas être la même histoire pour le faire monter dans l’avion !! ».

 

 

Ils s’en vont. Alors que je suis en admiration devant les innombrables sommets perçants les nuages depuis les quatre mille quatre cent vingt trois mètres d’altitude où je me trouve, le mauvais temps me rattrape. Devant moi, un beau ciel bleu. Derrière moi, un ciel noir et menaçant. Zut, je range mon pain et mon fromage. Je mangerai mieux après. Je prends juste le temps de retirer mes tennis et mes chaussettes, trempées lors de la traversée d’un ruisseau, un peu plus bas et enfile mes sandales mexicaines avec une paire de chaussettes de laine, toute sèche. Une bonne heure et demie que je pédale les pieds mouillés, mais pendant l’effort, ce n’est pas un problème. Maintenant que je vais attaquer la descente, avec le vent et le froid dû à l’altitude, c’est bon pour tomber malade.

 

S’ensuit une course poursuite entre moi, la pluie, et les petits grêlons qui rebondissent sur mon casque, mes cuisses. Tantôt je les distance, tantôt je suis rattrapée, jusqu’à ce que le déluge s’abatte sur moi. Je m’arrête et m’abrite sous mon parapluie. Quand le plus gros est passé, alors que je veux reprendre ma descente, mes deux roues se bloquent : les garde-boue sont pleins….de boue !

 

Sur ma droite, sur la hauteur, trois refuges de berger. Je ne fais ni une ni deux, désarme mon vélo, monte deux à deux les sacoches, redescends une dernière fois pour traîner, voire porter Diego, jusqu’au refuge. Seulement c’est un sentier de biquette qu’il me faut gravir et, déséquilibrée par le poids et l’étroitesse du chemin, m’affale dans une mare de boue.

 

A l’abri !

Je range mieux mes affaires, décrotte mon pantalon, reprends mes esprits, sors de nouveau mon pain et mon fromage et suis en train de terminer mon sandwich lorsque s’arrête en contrebas une moto. Un jeune monte et se dirige vers moi.

  • « C’est ta cabane ? », lui dis-je.
  • « Oui ».

J’explique mes péripéties. Il nettoie avec moi mes garde-boue.

  • « Je peux dormir ici, ce soir ? ».
  • « Pas ici, non. Ici, personne ne dort ; en revanche la première cabane en haut est celle de mon frère. Tu peux y dormir, mais tu vas y avoir froid ! ».
  • « Pour le froid, je suis équipée. Cela devrait aller. Tu as faim ? ».

Je lui tends mon dernier petit pain, garni de fromage et d’une rondelle de tomate, qu’il accepte volontiers.

  • « Je reviens d’ici un petit moment », me dit-il.

Je ne le reverrai plus…

 

Puis le temps se dégage de nouveau et j’en profite pour lézarder au soleil. Vers la fin de l’après-midi, arrive une jeune bergère, le visage fermé, son bébé de trois mois dans son dos. Les moutons dans l’enclos, les sept vaches attachées à leur piquet, elle s’approche de moi, parlant plus Queshua que Castillan, ce qui me vaudra de lui faire répéter chaque phrase plusieurs fois:

  • «  Qui t’a dit de monter ? ».
  • « Un jeune homme venu à moto. Il m’a dit que son frère habitait cette cabane ».
  • « C’est aussi mon frère », rétorque-t-elle, le visage toujours fermé.
  • « Il m’a dit que je pouvais dormir là ».

Visiblement, l’idée n’est pas pour lui plaire. Elle crache à plusieurs reprises à mes pieds.

  • «  Pourquoi veux-tu dormir là ? Continue ton chemin ! ».
  • « Non, maintenant il est trop tard. Il va faire nuit, je ne bouge plus ».
  • « Arrête une voiture ! ».
  • «Je n’en ai pas croisé une seule depuis ce matin ! ».

Elle va et vient, usant de sa machette pour tailler des petits morceaux de bois, se rend à la cabane intermédiaire, y allume un feu, reviens vers moi, crache de nouveau à mes pieds.

  • « Continue ton chemin ! »
  • « Non, plus maintenant. Ton frère n’avait qu’à pas m’autoriser à rester là ».

L’absence de son frère l’embête. Et si je disais vrai et que son frère apprenait qu’elle m’a chassée ?

Le soleil se couche, le froid commence à saisir. J’ouvre mon sac à vêtements pour revêtir une cagoule de laine. C’est à ce moment qu’elle revient vers moi. Le visage toujours fermé mais le ton radoucit, tout en m’ouvrant la porte de la remise elle me dit :

  • « Vas y, entre. Tu peux dormir là ».
  • « Oh, merci beaucoup ». Je suis surprise du revirement. « Veux tu manger des pâtes ? Je peux t’offrir un paquet de spaghetti, si tu veux ».

Elle m’observe fouiller à l’intérieur d’une des sacoches. Lorsque je lui tends le paquet, un sourire illumine son visage.

  • «J’ai aussi un sachet de sauce verte, si tu veux ».

Devant son air perplexe, je lui présente le sachet de sauce. Elle me le rend.

  • «  Non, j’aime pas cete sauce . Et toi, as-tu mangé ? As tu faim ? ».
  • « Non, je n’ai pas encore mangé et…oui, j’ai faim ».
  • « Tu aimes les pommes de terre ? ».

Et de m’en apporter une pleine assiette creuse, chaudes et encore recouvertes de leur peau. De ma vie je n’ai jamais mangé de pommes de terre aussi infectes ! Quasi crues, malgré leur avenante chair violette, dès la première bouchée je recrache tout : un goût chimique, agressif m’envahit le palais.Comment peut-on manger ça !?

 

Ce soir, ce sera donc galettes et fruits secs. Puis au dodo tout le monde, la journée a été suffisamment longue.

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Lagune Arin

Lagune Arin

lagune Arin

lagune Arin

J'y suis presque !

J’y suis presque !

les trois cavaliers

les trois cavaliers

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au  col

au col

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les trois petites cabanes de berger

les trois petites cabanes de berger

 

 

 

Lundi 18 novembre : env 33 kms – Llata – alt 3429m

 

Je dors bien et me réveille en forme au lever du jour. Frontale allumée, je plie et rassemble toutes mes affaires dans l’obscurité de la pièce sans fenêtre. Je fixe mes sacoches sur mon vélo et entreprends de descendre ainsi chargée sans me casser la figure. En passant devant la cabane intermédiaire je suis surprise de la voir fermée de l’extérieur. Serait-elle déjà partie, si tôt ? Non,elle ne m’aurait jamais laissée seule ici. Ce n’est qu’en arrivant au niveau de la première cabane que les jappements du chien me font comprendre la raison pour laquelle il ne fallait pas que je passe la nuit là : la place était réservée ! A l’abri de la palissade, sur le tapis de paille et couchée sous une épaisse couverture de laine, la jeune bergère et son bébé sommeillent.

 

Il est six heures quarante lorsque je m’élance. J’arrive une heure et demi plus tard à Puño. Tout est fermé, pas moyen d’y prendre le petit déjeuner. Je poursuis donc et m’arrête à la sortie de la bourgade pour grignoter quelques fruits secs. Quelques kilomètres plus loin, dans un tout petit hameau, il est indiqué sur un écriteau de bois apposé sur une façade : « cantine ». Le rez de chaussée est occupé par une tienda. « Ah, oui, la cantine est bien à l’étage. Mais elle n’ouvre qu’à onze heures ». Attendre une heure ici ? Non, plutôt continuer et m’arrêter à Llata.

J’entre dans la ville un peu avant midi. Quelle surprise de la voir si débordante de vie ! La longue rue piétonne regorge de commerces, la foule grouille. Je suis obligée de me frayer un chemin avec mon vélo. J’entre dans la cour d’un restaurant, m’installe à une table et commence par prendre une grosse collation. J’ai la forme pour poursuivre jusqu’à Quivilla mais cette ville me plaît bien. Quelques instants de réflexion plus tard, c’est décidé. Laissant mon vélo dans la cour, je pars à la recherche d ‘une auberge. J’en trouve une à proximité avec un patio intérieur joliment arboré, des colibris en butinant les fleurs rouges. Une chambre en rez de jardin est disponible.

Je m’y installe jusqu’au lendemain matin.

vers Puño

vers Puño

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vue quer Llata

vue sur Llata

 

 

Mardi 19 novembre : env 20 kms – Nuevas Flores – env 50 habs – alt : 2896m – beau temps

 

Je dors mal, trop de choses en tête et me réveille plus tard que d’habitude. Il n’est pourtant que six heures dix du matin. Je prends mon petit déjeuner dans la chambre et commence à rassembler

mes affaires. Mais hier j’ai eu la bonne idée de donner pour la première fois mon linge sale à laver et…il n’est pas prêt ! Pas avant onze heures, me dit-on. Dans ses contrées, il faut être philosophe et faire preuve d’adaptabilité.

Je m’en vais donc au cyber café me faire remettre le mot de passe pour la wifi, passe quelques coups de fil et vais grignoter un morceau au marché. Mais de retour à l’hôtel le linge n’est toujours pas prêt. Vais-je devoir passer une seconde nuit dans cette bourgade ? Je n’ai plus rien à y faire… Midi. On frappe à la porte de ma chambre. Livraison de mon linge !

 

Il est tard pour démarrer mais…  assez attendu ! J’enfile mes affaires de cycliste toutes propres, demande ma route à l’aubergiste, pousse mon vélo dans la rue piétonne jusqu’au niveau de la police, tourne à gauche et enfile ma bécane. Jamais je n’aurai réussi à trouver mon chemin sans l’aide des automobilistes que je croise et que j’arrête. Hallucinant !

Au début, malgré les avis des locaux, je suis septique ; les lacets longeant le cours d’eau me font partir plein ouest, à l’inverse de ma direction. Puis quelques kilomètres plus loin, après la traversée d’un pont, la route caillouteuse prend le bon tournant.

 

Dans l’ascension qui me mène au passage d’un col, une moto ralentit et me demande de m’arrêter. On veut me prendre en photo ! Aucun problème : photo prise, adresse facebook communiquée, je poursuis. Ca grimpe sec, la vache ! Si j’avais écouté le gars du restaurant où j’ai pris ma collation en arrivant à Llata, j’en avais pour une petite heure pour arriver à Quivilla. Ca, c’est ‘est le genre de gars qui t’envoie au casse pipe !

 

Le col passé péniblement, la descente s’offre à moi. Mais vu l’état du chemin, ce n’est pas vraiment un cadeau. Je descends quasiment tous les quelques kilomètres sur les freins, me rangeant sur le côté pour laisser passer les véhicules arrivant des deux sens.

Une toyota s’arrête devant moi. En descend, Jorge : « Tu te souviens, on s’est croisé le long du rio, à la sortie de LLata ? ».

Bien sûr que je me souviens. Lui aussi veut qu’on se prenne en photo. Mais en plus, il veut devenir mon ami.

  • « Sur facebook ? » lui demande-je
  • « Non, ton amoureux».
  • « Mais j’ai déjà un amoureux ! ».
  • « Oui, mais ça n’empêche pas ».
  • « Non, ce n’est pas possible. Désolée ».

Il m’attendra de nouveau quelques virages plus bas, me proposant de m’amener jusqu’à une cascade. Pas le temps pour la cascade, ni pour autre chose, j’ai un combat à mener contre les orages qui ne vont pas tarder à se faire entendre. Je poursuis ma route jusqu’à Quivilla.

Il m’envoie plein de bises et de mots doux, me souhaite bon voyage et disparaît. Quel âge peut-il donc avoir !? Quarante ? Cinquante ? Difficile à dire….En tout cas, pas mon style !

 

La pénible descente continue. Un tunnel de quelques centaines de mètres qui ne figure pas sur ma carte est à traverser. Puis de nouveau la descente.

Arrivée en bas, le long du rio, de nouveau la toyota de Jorge garée sur le côté. Il va pas me lâcher, celui-là ? Alors que je j’arrive à son niveau, l’attente a du être trop longue : il s’est endormi !

A roues de velours je le ddépasse. Il ne manquera pas de me rattraper, quelques kilomètres plus loin. A bord, sur le siège arrière, une dame et un jeune, qu’il a dû prendre en « taxi ». Ici, tous les engins motorisés peuvent faire office de taxi.

Il ouvre sa fenêtre, me susurre de nouveau des mots doux et continue sa route.

 

Quand à moi, depuis le petit hameau où je me trouve, je consulte mon application : il manque juste huit kilomètres pour atteindre Quivilla : une grande descente, et du plat, indique l’application. Rien d’autre. Je poursuis donc, mais la réalité sera complètement différente : une grande montée, des éboulis, de fortes déclinaisons. Dans quoi me suis-je donc embarquée !? Je pédale, je pousse, je sue…cela va-t-il finir par s’arrêter ?

Il me faudra quasiment quatre heures pour atteindre Nuevas Flores. Il ne me manque plus que quatre kilomètres pour joindre Quirilla. Mon application indique un temps approximatif de trente minutes. Mais je sais que cela peut être beaucoup plus long et beaucoup plus galère. De nouveau j’hésite. J’ai l’impression de toujours abandonner juste avant d’arriver. Les premières gouttes de pluie tombent, le ciel s’obscurcit partiellement, mais plus vers le nord. Je me renseigne auprès de la dame de l’auberge devant laquelle je me suis arrêtée. La pluie va arriver, oui, mais pas tout de suite.

Je pèse le pour, le contre.

 

Je tranche : je dormirai là.

 

La chambrée à l’étage est toute proprette. Un escalier extérieur y mène. Douche très froide et wc sont à l’extérieur. Pour trois euros, cela me va parfaitement. J’y prendrai également mon dîner.

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Mercredi 20 novembre : 48kms – Chavinillo – alt : 3430m – départ 8h00 – arrivée 15h00- beau temps

 

Je prends congé de Monica et de sa mère, deux personnes absolument adorables. Monica, trente sept ans, est enceinte de huit mois et mère d’une petite fille de six ans. Son, mari, maître d’oeuvres, part de long mois en déplacement. En ce moment il se trouve à Puños, près de Cuzco. J’ai eu avant de partir un petit déjeuner sur mesure : trois œufs brouillés, des pommes de terre sautées et un petit pain. La truite frite ou le mondongo (abats en sauce), de si bon matin, cela ne serait pas passé.

 

Je mets exactement vingt cinq minutes pour atteindre l’église de Quivilla. Le village n’a rien d’exceptionnel et ne regrette pas d’avoir fait étape chez Monica et sa famille.

Au départ la route longe le rio, dans la vallée. C’est ce que l’on appelle la Pampa. Une centrale hydraulique se trouve un peu plus bas et de nombreuses dragueuses travaillent dans le rio. La vallée, ce n’est pas ce que je préfère. J’aime mieux les hauteurs et la vue sur les sommets.

 

A partir de Tingo Chico je commence à trouver des tronçons asphaltés, c’est bon signe. Alors que je m’arrête prendre un thé dans une tienda on m’offre une assiette de soupe fumante. Génial ! Puis le chemin se déroule sans encombre. J’effraie juste dans une côte une brebis et son agneau qui battent en retraite. La bergère, une vieille dame, rebrousse chemin au pas de course, agitant son bâton et lançant des cris dans un langage que seuls les ovins pouvaient comprendre.

 

C’est à Chavinillo que je pose mes bagages pour cette fin de journée. Cela fait une dizaine de kilomètres que je grimpe. La côte est douce mais j’en ai assez. Je grimperai demain les derniers kilomètres avant d’attaquer la descente qui mène à Huanuco. Carla, ma logeuse à Huaraz, a reçu hier le colis avec l’attache rapide de mon frein avant. Elle me le fait suivre à Huanuco aujourd’hui. Le timing est presque parfait !

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ils se reconnaîtront !

ils se reconnaîtront !

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Jeudi 21 novembre : 20 kms – col à 3969m – arrivée à Huanuco – env 200 000 habs – 1900m -

 

Une vingtaine de kilomètres de douce montée…

Je retrouve la vue sur les sommets que j’aime temps, m’arrête à plusieurs reprises discuter avec des gens : Bertha, enseignante en maternelle (classe de première au Pérou), Edith, habitant depuis sa naissance le petit hameau où je la croise, le réparateur de pneus, auprès de qui je prends conseil car mes deux béquilles ne tiennent plus qu’à un fil.

 

  • « Elles vont se rompre complètement », me dit le dévoué petit monsieur, « les deux côtés sont entaillées aux trois quarts ». « J’aurais pu vous les souder mais…elles sont en aluminium ».
  • « De l’aluminium, vous êtes sûr ? Il me semblerait plutôt que ce soit de l’acier ».
  • « Non, ma petite dame, c’est bien de l’aluminium ».
  • « Bon, et bien j’aviserai une fois rendue à Huanuco. Merci ! ».

 

J’atteins le col et la bourgade de Punto Union à 11h30. Un fort vent souffle. Il y fait un froid de canard. On m’avait prévenu en chemin que des travaux sont en cours à la sortie du hameau et qu’il faut emprunter une déviation sur quelques kilomètres. Du col, je peux effectivement voir le défilé des camions chargés de pierres, de terre, ainsi que les nuages de poussière soulevés par leur passage.

Je m’engage dans le hameau. Quelques voitures attendent impatiemment que le top départ soit donné par l’ouvrier responsable de la circulation. Les coups de klaxon fusent. Mais les horaires d’ouverture de la route sont notifiées sur un panneau. Il faut prendre notre mal en patience jusqu’à midi.

Les moteurs rugissent et quelques minutes avant l’heure ces véhicules, à force de ronflement d’accélérateur, s’élancent en contournant les plots de délimitation. J’attends que le gros du trafic soit passé pour m’élancer à mon tour. Je ne parcourrai pas un kilomètre. Une boue épaisse recouvre la voie en travaux, remplissant mes garde-boue. Mes deux roues ainsi bloquées, je m’immobilise et m’adresse aux deux ouvriers travaillant à proximité :

  • « Combien de kilomètres sur cette mauvaise piste ? ».
  • « Vous allez jusqu’à Huanuco ? Cinquante ! ».
  • « Je sais qu’il y a cinquante kilomètres jusqu’à Huanuco. Mais combien dans cet état ? ».
  • « Cinquante ! ».
  • « ’Mira’, ce n’est pas possible !! Je ne peux pas continuer de la sorte en vélo ! Va falloir que j’arrête une voiture ».

Le temps de tirer mon vélo sur le côté, arrive un véhicule. Je fais signe et la voiture stoppe immédiatement.

 

  • « Vous pouvez me conduire ? Regardez l’état de mon vélo et de mes sacoches ! Je ne peux pas continuer jusqu’à Huanuco sur cette fichue route ! ».

 

Et au Pérou, il n’y a jamais de problèmes, mais bien que des solutions…

 

Le chauffeur est âgé aussi un des deux travailleurs m’aide à hisser Diego sur la galerie. Les sacoches chargées dans le coffre et le vélo bien ficelé, nous repartons … pour une course folle ! Un vrai parcours de moto cross sur cinquante kilomètres.
J’ai opté pour la bonne décision, c’est sûr. En vélo, je me serais envoyée dans une de ces galères !!

 

Un peu d’inconscience, beaucoup de dextérité, le tout à « la grâce de Dieu », nous arrivons à Huanuco quatre heures plus tard.
Je crois ma dernière heure arrivée à deux reprises, lorsque le chauffeur, pour laisser passer un camion, serre le parapet de très, très près. « Pas plus ! Pas plus ! », m’écrie-je, entr’ouvrant simultanément ma portière arrière gauche pour vérifier que la roue ne parte pas dans le vide ; c’est que, à cet endroit, c’est le ravin !

Le passager à l’avant, quant à lui, reste impassible et muet pendant tout le trajet. J’en viens d’ailleurs à me demander s’il est normal… La boue enveloppant Diego, se détachant au fur et à mesure des soubresauts de la route, pénètre par sa fenêtre grande ouverte à l’intérieur de l’habitacle, retombant sur sa main droite et ses genoux, sans réaction de sa part.

A un autre passage il nous faudra attendre quarante cinq minutes pour l’ouverture du tronçon de route. Nous sommes six ou sept, debout en bordure du chemin, à faire passer le temps en discutant. Je suis contente, je ne m’en sors pas si mal, en Castillan !

 

Il est aux alentours de seize heures lorsque le chauffeur m’arrête à l’entrée de la ville, en bordure du rio où, le long du trottoir, des laveurs de véhicules attendent leurs clients. En deux temps trois mouvements, pour moins de deux euros, Diego et mes sacoches se font refaire une beauté. Ainsi présentables, avec ma béquille avant ayant rendu l’âme dans ma sacoche avant, je pars à la recherche d’une chambre d’hôtel.

Quel stress ! Sortie de mes chemins de montagne, arrivée dans cette ville bouillonnante, les motos taxis jouant des pare-chocs, j’ai un mal fou à me frayer un chemin. Quel tintamarre, entre les incessants coups de klaxon, les sifflets des agents de police. Vivement que je reparte de là…

Le quatrième hôtel sera le bon. J’abdique, je ne vais pas plus loin. Je demande à une dame dont le commerce est situé en face de l’entrée de l’hôtel de surveiller mon vélo pendant que je transfère mes affaires au premier étage. C’est ensuite au tour de Diego, que je porte à bras le corps…J’ai du mal à me faufiler au bas de l’escalier car le patron, ça ne peut qu’être lui, à enchaîner à la rampe sa grosse moto, rapetissant à une cinquantaine de centimètres le passage. Quand à ma chambre, à la propreté plus que douteuse, visiblement la seule avec fenêtre de disponible, celle-ci a la fenêtre qui donne … sur le mur d’en face ! Il va falloir que je m’en accommode, car je n’ai aucune envie de retourner affronter la cohue.

 

La bonne nouvelle est que la coordination avec la livraison de mes attache rapides de freins est parfaite ! Carla les a reçues l’avant veille et me les a mise au transporteur hier. Son dernier message m’informe qu’elles sont depuis ce matin à la « poste restante ». L’adresse y est jointe. Il faut que je m’y présente avec mon passeport et dix solès, le prix à payer pour le transfert de Lima à Huanuco.

Moins d’une heure après, le colis est en ma possession. Voilà une affaire rondement menée !

Demain matin, je m’occuperai de mes béquilles. Je crois qu’à mon retour, la boutique qui m’a révisé mon vélo va se prendre un sacré soufflon..

je retrouve mes sommets enneigés

je retrouve mes sommets enneigés

Nous nous reconnaîtrons !

Nous nous reconnaîtrons !

vers Punto Union

vers Punto Union

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Vendredi 22 novembre : Huanuco – -béquilles – blog

 

Je perds deux heures à parcourir la ville pour tenter de réparer ou de changer mes béquilles. L’atelier de deux soudeurs me confirme que celles-ci sont en aluminium et qu’ils ne peuvent rien pour moi. Quand aux deux ou trois petites boutiques de vélo, les seules béquilles qu’elles ont à me proposer sont de la quincaille et plient sous le poids pourtant à vide de Diego. Bon, je vais faire sans, le temps de trouver un bâton que je puisse simplement caler sous le cadre lors de mes arrêts…

 

J’ai étudié mon parcours jusqu’à Cusco : environ mille deux cent cinquante kilomètres. A raison de cinquante kilomètres par jour sur vingt cinq jours, je devrais y arriver pour Noël et profiter de la ville et de son site archéologique jusqu’aux alentours du vint-neuf décembre.

En suite, Maurizio et moi devrions nous retrouver du côté de Puños le 30 décembre. Maury a atterri au Chili, à Iquiqué, le dix-neuf novembre dernier et devrait remonter vers le nord à ma rencontre. Seulement la situation politique et sociale au Chili n’est pas des plus favorables. J’espère qu’il pourra traverser la frontière sans encombres…

 

Samedi 23 novembre : Départ de Huanuco


Posté le 15 novembre 2019 - par lesmichesenavant

Du 05 au 14 novembre 2019 : de Yungay à Huari

Mardi 05 novembre 2019 : 63 kms – Yungay – alt 2450m – beau et chaud toute la journée, vent dans l’après midi, pluie dans la nuit.

 

Cordillera Blanca : étendue pratiquement sur cent quatre vingts kilomètres du nord au sud et occupant une place importante à l’intérieur du parc national Huascaran, la Cordillera Blanca totalise six cent soixante trois glaciers (vingt neuf d’entre eux culminent à six mille mètres d’altitude ou plus) et comprend le plus haut pic des Andes Péruviennes, le Huascaran, (6768m) et le Alpamayo, considéré par beaucoup comme étant la plus belle montagne au monde. Ses deux cent soixante neuf lacs et quarante et une rivières sont une ressource hydrologique importante.

 

La Cordillera Negra (zéro glacier) s’étend sur soixante kilomètres du nord au sud et protège les glaciers de la Cordillera Blanca des vents chauds du pacifique. Son plus haut sommet culmine à 5187 mètres.

 

 

Vélo chargé, adieux faits à Carla, je m’élance sans trop d’assurance. « Fais quelques allées et venues dans la rue, d’abord », me lance Carla. Elle a raison. Partir avec un tél chargement sans entraînement n’est pas chose aisée. Je zigzague. Je n’aurais jamais pensé avoir le mal de mer à vélo !

 

Je m’arrête d’abord à l’office des guides de montagne pour avoir plus de précisions quand à la météo dans le massif du Huascaran : au dessus de quatre mille mètres, couvert le matin et orages entre 13h00 et 16h00, tous les jours de la semaine sauf pour la journée du vendredi où ils annoncent des orages toute la journée. Et on me le confirme, il n’y a aucun abri en chemin, mis à part peut-être dans des excavations naturelles. Idem pour le camp de base situé juste après la deuxième lagune. J’avoue qu’essuyer un orage en pleine montagne sans rien d’autre que ma tente comme protection m’inquiète un peu. Et franchir le col d’une traite n’est même pas envisageable. Bon, et bien, s’il n’y a pas d’autres solutions… Le côté positif c’est qu’il ne manque pas d’eau, dans le massif, ce qui va considérablement alléger mon chargement.

 

De l’office des guides de haute montagne je me rends juste à côté à la boutique de vélo saluer Mickaël. En sa qualité de guide de moyenne montagne et d’organisateur de treck à vélo il reprend point à point mon itinéraire. Pour lui, il est jouable d’atteindre Yamana en deux jours ; jour un, bivouac au campement de base, jour deux, passage du col puis descente sur Yamana. « Cette expédition qui va te mener jusqu’à Huanuco est de toute beauté, tu vas voir ». Il estime entre une semaine à dix jours la jonction Yungay -Huanuco. Mes cinq jours d’autonomie sont confortables car je vais rencontrer sur ma route quelques villages où, c’est sûr, je pourrai me ravitailler. Et il me rassure : il ne faut pas toujours écouter les prévisions météo des guides de montagne, c’est souvent exagéré. Les gros orages à cette altitude là sont rares.

Le temps d’une photo souvenir pour sa page facebook et c’est parti !

 

Mon dicton perso : Ne jamais penser être arrivée tant que tu n’es pas arrivée.

 

Car cela descend, effectivement, mais pas que…

Je m’arrête sur les coups de treize heures manger un ceviche de poisson. Je me renseigne auprès de la serveuse qui m’assure qu’il n’y a maintenant que de la descente et qu’en moins de quarante minutes je suis à destination. Il fait beau et chaud dans la cour intérieure aussi je sors un livret touristique remis par Mickaël et le feuillette tout en dégustant tranquillement mon plat.

Une heure et quart après je reprend ma route, sauf que le vent du nord s’est levé et qu’il me vient en pleine figure. A l’abri dans le patio, je ne m’en étais pas rendue compte…

Ajoutés à cela quelques petites côtes, deux déviations pour cause de travaux, et ça grimpe, je commence à avoir les muscles des cuisses qui se tétanisent. Et c’est à ce moment que deux jeunes cyclotouristes me doublent ! Je ne les ai pas aperçus dans mon rétroviseur. On échange quelques mots, sans mettre pied à terre car nous sommes en mode grimpette. Lui est de Californie, elle d’Uruguay et, comme moi, elle a démarré ce matin de Huaraz son périple. Et tout comme moi ils se lancent dans la traversée de la Cordillera Blanca demain.

« Nos vemos ! ».

« Si, nos vemos ! ».

Tu parles, je n’en crois rien. Ils vont si vite, comparés à moi ! Je ne les aperçois déjà plus..

 

Il me faut m’arrêter à quelques reprises pour faire reposer mes jambes. Elles flageolent tellement que ma descente du vélo est épique !

Un Péruvien me pensant dans l’embarras m’indique du doigt la direction pour Yungay.

« C’est par là, oui, je sais, merci ! Je me repose juste une peu… ».

 

Finalement, deux bonnes heures plus tard, me voici à bon port. Et qui ne vois-je pas sur la place centrale ? Les deux jeunes cyclotouristes, elle son vélo couché par terre, lui bien en selle, tous deux en train de parlementer. Ils me saluent de la main. Je m’approche d’eux.

  • « Tu continues pour la lagune maintenant ou tu t’y rends demain ? » me demande-t-il ?
  • « Oh la !! Là, tout de suite, pour moi, c’est repos. Je vais prendre une chambre ici. Mes jambes ne suivent plus. La lagune, c’est pour demain ! Et vous ? » ;
  • « Il n’y a pas beaucoup de kilomètres pour y arriver, je crois ? », interroge la jeune fille.
  • « C’est exact, environ vingt cinq. Mais il y a mille deux cents mètres de dénivelé positif », répondis-je, « et dans deux heures il fait nuit. Et il faut rajouter à cela que vous pouvez trouver en route du vent et de la pluie ».

Je pense que leur décision était déjà prise. Ils continuent.

 

Je trouve sans tarder une chambre juste à côté de la place centrale. L’avantage est qu’elle se trouve au coin de la route qui mène à la lagune.

Douchée, ma petite lessive faite, je pars à pieds en repérage, histoire de voir ce qui m’attend le lendemain. Et bien, va falloir que je m’accroche !

Mon estomac réclame et il faut que je prenne des forces. Je descends vers la place du marché et m’installe à une table de fortune d’une famille de petits vendeurs de rue. Poulet et pommes frites maison font l’affaire. Je n’ai aucune notion de l’heure. Fatiguée mais rassasiée , de retour à l’hôtel je consule ma montre : 19h00. Et bien, ça, au moins, c’est fait !

 

Départ de chez Tony's House

Départ de chez Tony’s House

Au revoir Carla !

Au revoir Carla !

avec Mickaël

avec Mickaël

 

 

Mercredi 06 novembre : 13,80 kms sur les 25 à effectuer – Gorges de Llanganuco, qui comprennent la laguna Chinancocha (3850m) et Orconcocha  (3863m).

 

Trop dure la montée. Pas assez de condition physique pour y arriver sans trop de souffrance. A peine cinq kilomètres plus loin je stoppe une voiture. L’homme au volant rentre chez lui après quelques jours de travail passés à Huaraz. Il m’avancera de dix kilomètres.

  • « Je vous dois quelque chose ? » .
  • « Donnez moi trois soles, cela ira ».
  • « Merci ! ».

 

Je continue mon chemin. Pas longtemps.

 

De moi-même à moi-même…

  • « Tu croyais quoi ? Que tu pouvais te lancer à la traversée des Andes comme ça, sans entraînement ? Cela se saurait, si c’était si facile, non ? ».
  • « T’as raison. C’est d’ailleurs bien pour ça que je me donne un mois complet d’entraînement, non ? Donc on y va par petites doses. Quand c’est trop dur, où tu t ‘arrêtes, ou tu te fais aider. Faut te ménager ».

 

A l’entrée d’un hameau se trouve un restaurant. Je m’y arrête prendre un caldo (bouillon au poulet). De là je décide d’attendre le passage d’une autre voiture…Le temps s’écoule. Finalement, en voilà une ! Je lui fais signe de s’arrêter. Le chauffeur veut bien m’y conduire, mail il ne veut rien entendre. Ce sont cinquante soles ou rien. « La señora du restaurant m’avait appelé un taxi. J’ai refusé la course parce que c’était trop cher, quarante soles. Alors cinquante !!

La voiture repart. Je retourne à l’intérieur de l’établissement. Plus personne. J’appelle : « Ola ! Ola ». Rien. Je rentre dans une petite pièce où deux jeunes filles sont en train d’éplucher des légumes, assises à même le sol. « En fait, c’est ok pour le taxi !», leur dis-je. Au moment où l’une sort de sa poche son téléphone portable, voilà la deuxième qui s’écrie : « Le voilà ! ». Elle se lève et tout en le hélant s’élance vers la voiture. Ni je vois ni j’entends ce qui se dit. Toujours est-il, le véhicule entame une marche arrière jusqu’à mon niveau. Surprise : Il s’agit du même jeune homme ! Quarante minutes plus tard, j’arrive à la lagune Orconcocha. Au final, il m’en aura coûté quarante soles.

 

L’aire de campement est des plus rudimentaires. Il s’agit juste d’un pré, dans lequel paissent des vaches. Les wc, en cette basse saison, sont fermés. Seul un robinet extérieur délivre un filet d’eau. Mis à par un camping car, personne d’autre. Je m’installe juste un peu plus haut, sur la gauche pour ne pas leur gêner la vue. Il est treize heures trente.

Mon bivouac installé, je pars faire un petit tour jusqu’à la première lagune, la lagune Chinancocha. Je sors mon appareil photo pour immortaliser la scène lorsqu’un petit message s’affiche sur l’écran : « carte mémoire absente »…Nom de D… ! Je n’ai quand même pas fait ça !? Comment ai-je pu ?

Je le sais. J’ai amené mon appareil à réparer chez « Camara », à Royan. Ne pouvant rien entreprendre, avant de l’expédier chez Nikon ils ont retiré la carte mémoire. Et j’ai oublié de la remettre. Quelle idiote ! Je râlais assez après cet appareil photo parce qu’il était volumineux et encombrant, et bien maintenant, je peux râler parce qu’il est volumineux, encombrant et inutile !! Désolée pour la qualité des photos, les Loulous, mais en attendant de pouvoir faire mieux, elles seront prises avec mon mobile.

 

De retour au campement je fais la connaissance de Andrès, Carolin et de leurs deux enfants de huit ans et un an. Ils sont Colombiens et habitent Bogota. Ils ont pris une année sabbatique et sont partis deux mois plus tôt avec leur tout petit camping car pour un périple qui devrait les mener jusqu’à Ushuaïa. L’aînée des enfants est inscrite à l’école française de Bogota et suit des cours sur ordinateur pendant la durée de son voyage (le père de Carolin, bien que n’ayant jamais parlé sa langue maternelle à la maison, est français ; trouvant dommage de ne pas être imprégnée de la culture paternelle, elle a donc suivi de son côté des cours et inscrit sa fille à cette école française de Bogota).

 

Bien au chaud dans mon duvet, j’aperçois à travers la moustiquaire une vigogne, broutant à quelques mètres de mon campement. Puis la nuit et le froid s’installant, je ferme complètement la toile. Je la réouvre peu de temps après pour voir quel est l’oiseau posé juste à côté qui pousse de tels cris. Ca alors ! Juste devant moi, un beau renard. « C’est toi qui pousse ses cris » ? En guise de réponse, d’autres cris venant de diverses directions retentissent. Pas apeuré, celui-ci s’approche d’avantage. « Allez, pchhhiii !! », lui dis-je. « Va t’en ! ». Pas apeuré, et obéissant, ce renard !

 

Puis il est aux alentours de 19h00 lorsque la pluie commence à bien tomber. Et là, STUPEUR ! Des gouttes d’eau pénètrent à l’intérieur de ma tente, commençant par former à certains endroits de petites flaques. Comment est-ce possible ? Il n’y a aucun trou, c’est sûr et certain et je l’ai imperméabilisée avant de partir. Pour quelle raison l’eau s’infiltre-t-elle ? Je suis dehors en train d’essayer de tendre davantage la bâche de protection lorsque j’entends un sifflement. Je me tourne mais ma capuche de kway ne suivant pas, je ne vois rien. Je continue mon ajustage lorsque retentit un autre sifflement. Là je rabats ma capuche. Andrés est en train de me faire de grands signes. « Viens mettre ta tente sous notre auvent, tu seras mieux protégée», me crie-t-il. Il arrive à ma rescousse avec son parapluie et en deux temps trois mouvements, le transfert est effectué. Sauvée.

 

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Jeudi 07 novembre : 10 kms – Baqueria – altitude 3647m

 

Alors que la veille Andrès était parti seul faire un treck de six heures, c’est aujourd’hui au tour de Carolin et de sa fille de se rendre à la lagune 69, située à trois heures de marche du campement. Andrès fera, lui, un tour à vélo dans les parages avec son fils sur le siège enfant.

Je suis en train de plier bagages lorsque, me tournant vers Andrès :

  • « Cela demande une sacré organisation, de vivre comme ça dans un tout petit espace, non ? ».
  • « Oui, effectivement. Chaque chose a sa place, et chaque place a une chose, c’est important ».
  • « Et la promiscuité, à quatre, pas trop difficile à supporter ? ».

Me dévisageant bizarrement :

  • « La promiscuité.. ? ».
  • « Oui. C’est à dire le fait de partager un espace restreint av… ».

Il me coupe :

  • «  Je vois ce que tu veux dire. Mais en castillan le terme « promiscuité » revêt simplement une connotation sexuelle ! »

Grand moment de solitude..

  • « Ce n’était pas du tout l’objet de ma question ! », répondis-je en souriant.
  • « Mais, pour répondre à la tienne, oui, tu as raison, pas facile la vie à quatre dans six mètres carrés ! ».

 

Dernière recommandation avant de prendre congé.

  • « Si jamais tu ne passes pas le col (situé à env 4850m), surtout n’hésites pas. Tu redescends. Nous serons là ».
  • « Merci, Andrès. Bonne journée à toi et bon périple ! ».

 

 

Le beau temps alternera avec la pluie, toute la journée.

 

Alors que je suis réveillée depuis cinq heures quarante du matin, il est déjà neuf heures lorsque je m’élance. C’est que j’ai encore du mal à m’y retrouver, avec tous ces bagages, surtout après le subit déménagement de cette nuit.

Cela grimpe, mais l’inclinaison est douce. Et ne voilà-t-il pas que je suis rattrapée par l’Uruguayenne, poussant son vélo, tout comme moi, dans une côte un peu plus délicate ? Je ne cache pas ma surprise, les pensant loin devant. En fait, ils ont du, la veille, faire du camping sauvage. La nuit est tombée avant qu’ils n’arrivent au poste de garde barrière, à l’entrée du parc national. Alors que je m’étonne de ne pas la voir avec Karl, Amanda, débordant d’énergie m’explique qu’elle ne veut pas l’attendre. Il est trop lent et elle ne veut pas perdre son rythme (en fait elle aura une heure d’avance sur lui..). Ils n’ont pas de sacoches avant, aussi je questionne : « Comment faites vous pour voyager si léger ? ». La réponse est la suivante : ils ont très peu de tout. Très peu de rechange, peu de nourriture. Même pas assez, d’ailleurs car ils ne pensaient pas faire d’étape intermédiaire avant Yanama. Des fous ! Trop léger, c’est bien, mais pas assez équipé…Si tu veux, moi j’ai des stocks pour cinq jours. Je peux de dépanner d’un sachet de quinoa ou de pâtes. Elle décline mon offre.

« Vas-y, file, ne m’attends pas », lui dis-je. Je vais bien plus lentement que toi !

 

Cinquante minutes plus tard son ami me rejoint. Pour arranger le tout il a un problème au niveau de son dérailleur, si j’ai bien compris. Je lui conseille, arrivé à Yanama, de prendre un collectivo jusqu’à Huaraz, seule vile touristique à proximité où il pourra le faire réparer. Certes, cela l’oblige à revenir en arrière mais il ne perdrait en tout et pour tout, compte tenu du week-end, que trois jours. En fin, il fera comme il voudra…

  • « Tu as faim ? », lui demande-je ?
  • « Ouiiii, je suis affamé ! ».

J’ouvre mon sac avant gauche, celui des en cas et lui offre fruits secs, pain et biscuits salés. Je le laisse manger tranquillement et poursuis mon chemin, ne voulant pas trop me refroidir. Comme vous vous en doutez, il ne tarde pas à me rattraper et, se sentant redevable, me demande si j’ai besoin de quoique ce soit pour mon vélo : huile ? Autre ? Merci, mais non. A cet instant précis, je n’ai besoin de rien. Mais les ennuis ne vont pas tarder à commencer.

 

Alors que j’avance bien, que je ne souffre ni des jambes, ni du mal de l’altitude, ma roue avant gauche commence à faire un léger bruit. Puis le bruit s’intensifie. Je m’arrête pour regarder mais ne vois rien d’anormal. Je reprends ma route mais le bruit s’accentue toujours et la roue avant est plus difficile à pousser. De nouveau à l’arrêt, je regarde plus attentivement et trouve l’origine du problème. Le patin de frein, côté gauche, est complètement écrasé sur la roue, la bloquant. Serait-ce les soubresauts qui l’ont fait se déplacer ? Possible, si Mickaël n’a pas remis la roue bien dans l’axe et pas assez serré l’écrou.

 

Je consulte mon altimètre : 4448 mètres. Il est douze heures trente et il me reste un peu plus de trois cents mètres de dénivelés à franchir. Je réfléchis..La dernière voiture est passée il y a bien deux heures, je pense. Hors je sais que des collectivos partent de Yungaï à onze heures et midi. Je jète un œil plus bas, dans la vallée : aucun véhicule en vue.Je consulte mon application « ioverland », qui fonctionne par satellite, donc sans réseau et indique les divers points de chute possibles par rapport à notre position. A quatre cents mètres un peu plus haut, sur la droite, dans un virage, il y a un petit décrochement qui permet l’installation d’un bivouac. Il n’y a pas de toit, c’est plein vent, mais on est en retrait de la route. J’y amène donc Diego, plante les deux béquilles, sors mes tournevis, m’assois par terre et commence à tchéquer. Il va me falloir démonter, réajuster, et vue que c’est la partie « malade », crains les mauvaises surprises. Je me relève et observe de nouveau la vallée et les nombreux lacets qui y mènent. Et non, je ne rêve pas, c’est bien un collectivo que j’aperçois, bien plus bas ! J’estime entre cinq et dix minutes le temps qu’il va lui falloir pour arriver à mon niveau. Je me fais le deal suivant : si, arrivé à mon niveau, je n’ai pas réussi à effectuer la réparation, je l’arrête. Je préfère ne pas passer la nuit ici, surtout que ma tente prend l’eau. Et à supposer que j’arrive à le pousser jusqu’au sommet, pas question d’envisager une descente dans cet état. Je cours au drame.

Si dans le cas contraire le temps imparti m’est suffisant, je continue ma grimpette. Il n’y a pas de raison, je suis en forme et évalue à une heure trente le temps qu’il me manque pour franchir le col.

 

J’ai encore le nez dans le mécanisme de freins, le tournevis à la main lorsque le collectivo enfile le lacet dans lequel je me trouve. Je me redresse et lui fais signe de s’arrêter. Il obtempère et ouvre sa fenêtre ;

  • « Qu’est ce qui se passe ? ».
  • « j’ai un problème de freins. Ma roue avant est bloquée. Y’a une place pour moi à l’intérieur ? »
  • « Oui, bien sûr ! ».
  • « Et pour mon vélo ? ».
  • « En haut, sur la gallerie ».
  • « Ca marche ! Laissez moi deux minutes, juste le temps de le désarmer ».

 

Tu vois, Véro, promesse tenue…Pas d’imprudence !

 

Trois hommes, le conducteur et deux passagers s’affairent à tout faire monter sur le toit du véhicule, vélo et sacoches comprises. « Madre mia, c’est lourd, ce que vous transportez !! ».

 

Mis à part la femme du conducteur et leur enfant, je suis seule femme à bord. Un des passagers m’assaille de questions.

  • « De quel pays viens tu ? D’où as-tu commencé ton voyage ? Et ce matin, d’où es-tu partie ? As-tu de la famille ? Tu n’as pas peur, toute seule ? »
  • « Peur ? Non, pourquoi ? Je suis armée ! », lui répondis-je en brandissant mon parapluie.

 

Hilarité générale. Cela aura l’avantage de lui avoir cloué le bec…

 

Quelle route ! Même en descente j’aurais galéré : caillasses, ornières, éboulis…Finalement, je suis bien contente d’être là. Le mini bus me dépose à Acochaca, à une quinzaine de kilomètres avant Yanama. Ensuite il prend une autre direction. Je ne paierai que vingt soles la course.

 

Les mêmes hommes refont la même chaîne, pour décharger, cette fois. La petite épicerie fait aussi auberge, ou plus précisément porte le nom d’auberge. Car en tout et pour tout quatre lits occupent une pièce noire, sans électricité. Même en plein jour je suis obligée d’utiliser la lampe de mon téléphone portable pour y voir. Pas de douche, wc et lavabo à l’extérieur, et bien sûr, pas d’eau chaude. J’hésite entre installer ma tente sous le petit auvent de tôle, ou bien occuper un des lits. Quinze soles le couchage, c’est super cher ! Mais il est vrai que l’auberge se trouve juste au début du sentier touristique qui mène à Santa Cruz. « Quinze soles avec le petit déjeuner, café filtre, pain, œufs, fruits, c’est ok pour vous ? ». L’affaire est juste conclue qu’arrivent, de la direction opposée, deux autres cyclotouristes, Léonardo et Amanda. Ils sont vénézuéliens et se rendent jusqu’à Ushuaïa. Eux aussi hésitent : lit ou tente ? Le gros rhume qu’ils se tiennent l’emportera sur leur budget. Ils dormiront aussi à l’intérieur . Un peu de chaleur, parfois, ne fait pas de mal.

 

Je m’attaque à réparer Diego.

  • « Tu vas y arriver ? », me lance Léo.
  • « Je crois que oui ».

 

Et effectivement, dans le calme, je résous le problème en moins de dix minutes. J’effectue quelques allées et venues pour vérifier : tout est parfait ! Je suis fière de moi.

 

Et qui nous rejoint quelques heures plus tard, sur les coups de dix sept heures ? Karl et Delfina, le Californien et l’Uruguayenne ! Ils en veulent, ceux là ! Ils ne font une pause que de quelques minutes, le temps d’engloutir une plâtrée de pâtes offerte généreusement par Léonardo et Amanda (il se trouve qu’ils s’étaient déjà rencontrés à une étape de leur parcours), et c’est reparti pour Yanama qu’ils espèrent atteindre avant la nuit !

laguna llanganuco

laguna llanganuco

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2019 11 07 laguna LLanganuco 3 B (Large)

Diégo sur la galerie...

Diégo sur la galerie…

 

Avec Amanda et Léonardo, vénézuéliens

Avec Amanda et Léonardo, vénézuéliens

 

 

 

Vendredi 08 novembre : env 20 kms (mon compteur a lâché) – quelques kms après Yanama –
alt : 3783 mètres

 

De nombreuses forêts d’eucalyptus bordent les chemins. Leur senteur m’accompagnent de jour en jour.

 

Il est neuf heures lorsque je quitte l’auberge. La route qui mène à Yamana descend. Devinez qui me double de nouveau ? Je vous le mets dans le mille : Karl et Delfina ! Ils se sont fait surprendre par la nuit, la veille au soir et ont du bivouaquer en chemin. Je les rejoins quelques minutes plus tard sur la place de Yanama et nous papotons quelques instants. Cette fois-ci, c’est sûr, nos chemins ne se croiserons plus. Eux filent vers le Nord, direction Cajamarca, et moi plein Est, vers Huanuco.

Je me renseigne auprès de deux policiers quand à la route à suivre. Elle démarre entre deux maisons, à même la place. Une sacrée déclinaison sur quelques centaines de mètres ! Fichtre, vaut mieux ne rien oublier chez soi avant de descendre ! Un peu plus haut de nombreux chemins de terre se croisent et je ne sais lequel je dois prendre. Une porte de garage est ouverte. Je rentre et interpelle son occupant : personne. Du côté opposé j’entends du bruit. Sur le devant de la porte un chien, pataud, somnole. Je passe ma tête par l’interstice et appelle. Alors qu’une jeune femme, tout sourire, se dirige vers moi, le chien, le traître, en profite pour me pincer le talon ! La jeune femme m’indique non seulement la bonne route, mais m’offre deux pains de sa confection, cuits au four à bois.

 

Puis la raide ascension continue sur quelques centaines de mètres avant de laisser place à un dénivelé plus abordable. Je pédale jusque sur les coups de treize heures. Là je m’arrête à côté d’une maison inhabitée. J’ai repéré, en montant, un abri qui s’avère bien encombré mais juste derrière, attenant, se trouve une véritable cabane protégé par des herbes hautes. Sûrement un abri de berger car une échelle mène à une partie aménagée. Le bas est suffisant pour moi. De plus, un robinet d’eau se trouve à proximité. J’en profite d’ailleurs pour refaire le plein de mes bouteilles. Il est quatorze heures. Si je ne trouve pas mieux, je m’installe là pour la nuit.

 

En attendant, je pose mes fesses sur un caillou, en bordure de chemin, sors mon cahier et commence à rédiger quelques notes quand arrive un jeune à moto. Je lui fais signe de s’arrêter et lui demande combien de temps il faut pour atteindre le col.

  • « Environ trente minutes », me répond-il.
  • « A vélo ou à moto ? ».
  • « A moto ».

 

M’arrêter maintenant est le bon choix.

 

Puis arrive vers moi, à pieds, une jeune fille. Je la salue et lui demande si elle sait si un peu plus haut se trouve une maison habitée.

  • « Oui », me répond-elle, « le lacet juste au dessus. Il s’y trouve une grande maison et vous y trouverez sans problème un toit pour y mettre votre tente ».
  • J’insiste. « Tu es sûre ? C’est vraiment juste au dessus ? »
  • « Oui », me confirme-t-elle.

 

Je décide d’aller voir. S’il n’y a rien au prochain lacet, je reviens là.

 

En fait, il s’agit d’une exploitation agricole. Le patron ne pose aucun problème.

  • « Installe toi où tu veux. Pour l’eau, c’est dans la cuisine, par cette porte, à gauche. Tout le monde va partir en fin d’après-midi mais il y a un gardien. Tu es en sécurité ».
  • « Super, merci ! N’oubliez pas de dire au gardien que je suis ici.. ».

 

Je commence par monter ma tente, gonfler mon matelas, installer mon duvet (c’est toujours ma première tâche lorsque j’arrive à un bivouac) puis me rends à la cuisine. Tout est reluisant ! Je ne pense pas avoir trouvé si propre au Pérou. Une cuisinière à bois chauffe, la marmite posée dessus dégage une effluve qui délecte mes papilles (malheureusement on ne me proposera pas d’y goûter), les ustensiles sont bien rangés, une grande table rectangulaire occupe une partie d’une autre grande pièce, sûrement pour le repas des employés. Je remplis toutes mes gamelles pour ne plus les déranger par la suite et sors.

 

J’installe mon réchaud, commence par me faire un thé puis réchauffe mon reste de pâtes de la veille. J’ai l’estomac dans les talons et mange goulûment. Ensuite, munie de mon pot en titane rempli d’eau chaude, j’attrape mes affaires de toilette, mes rechanges et grimpe à la grange me laver à l’abri des regards indiscrets. Il est seize heures trente lorsque je redescends. Le ciel s’obscurcit sur la montagne et l’orage gronde. Just in time !

 

Yanama; avec Karl, Californien et  Delfina, Uruguyaine

Yanama; avec Karl, Californien et Delfina, Uruguyaine

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Cent mètres qu'ils me suivent...Ils doivent voir une mère en moi !

Cent mètres qu’ils me suivent…Ils doivent voir une mère en moi !

Ce qui aurait pu être mon bivouac..

Ce qui aurait pu être mon bivouac..

en fait ce sera celui là : spot exploitation forestière

en fait ce sera celui là : spot exploitation forestière

 

 

Samedi 09 novembre : environ 30 kms – Acochaca – alt 2825m – passage d’un col à 4054m

 

Il fait un temps magnifique, beau et chaud.

 

Je mettrai en fait deux heures pour atteindre le col, mon premier col, sans triche, à la force des jambes et des bras. Quelle vue ! L’émotion monte, les larmes coulent. Je reste là, un bon quart d’heure, imprégnant dans mon cœur et mon âme la vue qui s’offre à moi. Les nuages jouent à cache cache avec les glaciers, en contrebas dans la vallée j’aperçois des bergers aux couleurs colorées assis à proximité de leurs troupeaux de moutons, encore plus bas se dessinent les toits de deux villages.

 

Fin de l’extase, il me faut redescendre. L’heure tourne et je ne dois pas oublié que passé treize heures, le temps peut tourner rapidement.

Justequelques lacets plus bas je tombe sur deux cyclotouristes colombiens, de Cordoba. Eux sont en pleine ascension, en train de pousser leurs bécanes et souffrent légèrement du mal de l’altitude.

  • « Manquez vous de quoi que ce soit, Chicos ? »
  • « Non merci, on a de tout ». J’ai juste cassé ma chaîne et ai du la raccourcir. Cela devrait tenir jusqu’à Huaras », m’informe le gars.
  • « As-tu de l’huile ? ».
  • « Ah non, j’en veux bien, en fait ! ».

 

Il en mettra sur les deux vélos.

 

Puis le poursuis ma descente, interminable. Vais-je finir par arriver un jour?

 

Ici je m’arrête échanger deux mots avec un paysan en train de labourer une parcelle de son terrain. « Je le prépare pour y mettre du maïs », m’informe-t-il. Son fils de quatre ans est à ses côtés et l’observe. Là, craignant un grain, je demande à Katarina, en train de faire sa lessive, si je peux m’abriter sous son avant toit de tôles. « Pas de problèmes », me répond-elle. Alors que j’en profite pour grignoter et partager mes fruits secs et biscuits salés, elle disparaît dans la cuisine et en revient avec trois jolis pains faits maison, une mandarine, trois pêches et une infusion de feuilles de cédrat bien chaude ! J’aime, ces échanges là.
Je prends l’enfant pour sa fille mais il s’agit en fait de sa nièce. Elle m’explique, en pleurant, qu’elle a perdu ses parents dans un accident de collectivo à Chacas, le dix huit octobre dernier. Le mini bus a fait une série de tonneaux, elle ne sait pas pourquoi. Son frère, à bord, a fait parti des six blessés. Dix morts en tout. Quelles tristesse.

 

Quelques kilomètres plus loin je constate qu’une des trois fixations de mon sac avant gauche a lâché. La faute aux soubresauts, sûrement. Je m’arrête devant un champ qu’un autre paysan est en train de labourer et entreprends une réparation de fortune à l’aide de tie-raps. Faut que cela tienne jusqu’à Acochaca.

 

Il est quinze heures trente lorsque, finalement, j’arrive devant la porte de l’auberge du village. Wilder, quarante deux ans, travailleur Péruvien, attend sagement que la propriétaire rentre. Ouvrier sur un chantier provisoire à proximité et installé depuis autant de temps dans l’auberge, la patronne l’a prévenu ce matin là qu’elle s’absentait et serait de retour vers les seize heures. Vu qu’au Pérou rares sont ceux qui remettent les clés de l’entrée principale, il ne reste à Wilder plus que quelques minutes à patienter. En théorie.

 

Nous entamons une discussion. Les dix-sept heures sonnent. Toujours personne.

  • « Fais moi donc voir ta sacoche », me lance-t-il.
  • « Je la prends avec moi et vais trouver un boulon pour la fixer définitivement. Tu surveilles mes affaires, pendant ce temps là ? ».
  • « Bien sûr ! ».

 

Une dizaine de minutes plus tard Wilder revient, ma sacoche réparée en mains.

 

  • «  Waouhh !! Super ! Merci. Tu m’évites le déplacement jusqu’au réparateur de jantes, un peu plus haut. Sa fille a dit qu’il serait de retour en début de soirée. J’y serai allée avec un moto taxi. Combien je te dois ? ».
  • « Rien, tu parles. J’ai payé l’écrou cinquante centimes ! ».
  • « Une bière, alors ? ».

 

Il ne dit pas non. La tienda (boutique) juste à côté en vend. Alors que nous sommes en train de la siroter, tranquillement, un vieil homme, se servant de son parapluie comme d’une canne, descend la rue en zigzaguant, complètement bourré. Il est vrai que nous sommes samedi soir.

  • « Combien de bières es-tu capable de boire » ? me lance mon réparateur de sacoche.
  • « Pas mal. Mais en fait c’est ma première bière depuis mon arrivée au Pérou. Je suis en ce moment plus en phase thé-café-infusion qu’en phase alcool.

 

La patronne n’étant toujours pas rendue, il remet sa tournée.

  • « On dîne ensemble ce soir, si tu veux. Je frappe à la porte de ta chambre vers dix neuf heures trente, cela te va ? ».
  • «  Cela me va ».

 

La patronne finit par arriver, il est plus de dix huit heures. Bien sûr il y a une chambre pour moi mais on veut me la faire payer cinq soles de plus qu’à Wilder. Je négocie et fini par obtenir le même tarif : dix soles la nuit, chambre avec fenêtre, wc et douche froide communs. Pour moins de trois euros, cela me va.

 

Wilder frappe à ma porte à l’heure dite. Il a entre temps continué à picoler avec des potes à lui. Deux bières de plus, me dit-il !

  • « Tu es bourré aussi ? ».
  • « Non, tu penses ! « .

Nous entrons dans un petit restaurant. Nous nous asseyons l’un à côté de l’autre, face à la télévision qui diffuse « Pirate des Caraïbes ». Seul un jeune gars est installé devant son assiette de riz.

Ce qui est étrange, pour moi, c’est la non communication qui existe entre les Péruviens. Je n’ai pas vu la serveuse mais elle nous a vu entrer et nous installer. Elle nous amène directement les couverts, sans un mot ni un bonsoir. Elle ne prend pas notre commande, de toute façon elle n’a qu’un plat à proposer. Donc vu que tu t’installes, c’est pour manger. Et mieux vaut aimer ce que l’on te porte. Ce soir, c’est riz aux petits légumes et œuf au plat. Elle continue à nous approvisionner en pain, sauces, infusions, toujours en silence. Pour le paiement, idem. Elle prend notre argent, nous rend la monnaie et tourne les talons sans autre forme de courtoisie.

 

Mais il faut bien surtout garder en tête que nous sommes en Amérique du Sud, en ce moment même au Pérou, et que ce qui offusquerait en Europe n’est en fait que leur façon de vivre, sans aucun manque de correction : d’un service à un autre. Je te sers, tu me payes. Il n’y a ici pas besoin de grands discours pour cela.

 

Wilder me propose d’aller faire un tour de la place du village et de boire un autre verre. Je refuse le tout et rentre me coucher. Demain, je prendrai un collectivo jusqu’au typique bourg de Chacas et rentrerai passer une deuxième nuit à cette même auberge. Ma prochaine étape est dans la direction opposée aussi, demain, relax ! Je me fais conduire.

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cimetière

cimetière

cultures

cultures

Katarina et sa nièce

Katarina et sa nièce

 

église Sapcha

église Sapcha

Menuisier concepteur de harpe

Menuisier concepteur de harpe

 

 

Acocacha

Acocacha

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Wilder

Wilder

 

 

 

Dimanche 10 novembre : Chacas – env 2100 habs – alt : 3359m – partie centre est région Ancash province Asuncion

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La présence humaine dans le district de Chacas, remonte à la période archaïque andine tardive (4000 av. J.-C.). Le développement des premiers établissements humains, semi-nomades, dans la vallée de Potaca et leur expansion pendant l’apogée puis le déclin des cultures Chavín et Recuay, conduisit à la formation du groupe ethnique Huari. Ce dernier fut postérieurement soumis par la culture Inca, jusqu’à l’arrivée des conquistadors espagnols, lesquels par l’intermédiaire des évangélisateurs Augustins, décident de fonder la ville dans les années 1570. Jouant à l’origine le rôle de « réduction » pour les Indiens, la ville s’est transformée par la suite, jusqu’au milieu du XXe, en un importante centre minier. La structure socio-politique actuelle se mit en place dès l’indépendance du pays.

Le noyau urbain, formé par les quartiers d’Alameda, Atusparia, Camchas, San Martin et Tinco, se caractérise par le maintien, sans changements importants, de son architecture originale andine de style andalou. Il présente des rues étroites et des maisons à balcons et portails sculptés par les Artisans Don Bosco.

Chacas est le siège de l’Opération Mato Grosso, une organisation humanitaire dirigée par le prêtre italien Ugo De Censi, qui a entrepris de dynamiser l’économie de la province d’Asunción en s’appuyant sur deux axes productifs principaux, l’agriculture et l’industrie. Cette dernière revêt une grande importance grâce à l’installation d’ateliers dédiés à la fabrication de meubles et à des activités annexes, facteurs d’emploi, de richesse et de développement pour la province, réussissant ainsi à développer des exportations vers les marchés américain et européen.                                                                                         —————–

 

Je demande au chauffeur l’heure à laquelle il part. « D’ici une demi-heure », me répond-il. Je regarde ma montre, cela fait donc pour onze heures. J’ai le temps de boire un café. Je rentre dans une petit snack, juste en face. De là je peux surveiller le minibus. Les horaires sont aléatoires. Ils partent généralement quand ils sont pleins.

A l’intérieur est assis un Papi. Je le salue, lui demande si on sert des boissons chaudes, ici. « Oui », me dit-il. « Attendez un instant, la dame est en train de me faire cuire une viande ». Ca marche. Je patiente bien dix minutes avant que la dame ne sorte de sa cuisine et vienne me voir .

  • « Un café ? Oui, le temps de faire bouillir de l’eau ».
  • « C’est à dire, cinq minutes ? Mon collectivo part d’ici une vingtaine de minutes environ ».
  • « Disons… dix minutes ? »
  • « D’accord ».

La señora sort alors de l’établissement, traverse la rue, reviens avec deux bûches de bois et retourne à sa cuisine. Je crois que je ne suis pas prête d’avoir mon café ! Puis la voilà qui ressort. Elle se rend à la table du Papi, qui patiente depuis un bon moment et lui explique qu’il lui manque un ingrédient, je ne sais lequel, pour lui préparer son plat. Les péruviens ont beau être patients, quand il est l’heure de partir, il faut partir. Le voilà donc qui s’en va, le ventre vide, mais le sourire aux lèvres.

Soudain, un coup de klaxon. C’est mon chauffeur, il me fait signe. J’abandonne alors à mon tour définitivement l’idée de boire un café chaud et quitte l’établissement. Mais le chauffeur ne démarre pas ! Nous sommes six à l’intérieur, visiblement pas assez pour lui. Au bout d’un quart d’heure il nous fait signe de descendre et de monter dans un autre minibus qui vient de se stationner juste devant lui…

 

Mais Chacas valait le déplacement. C’est une très joli bourgade tout ce qu’il y a de plus typique, paisible. Je prendrai mon lunch au marché, ma place favorite : bouillon avec des grosses pâtes et un morceau de poulet plus du poisson frit avec du riz, des pommes de terre, de la sauce piquante, un peu de salade et une boisson chaude sucrée. Sur le moment, je croyais que les pichets qu’ils remplissaient et posaient sur la table avec des verres contenaient du bouillon. Bizarre, mais vu que la boisson bouillonnait dans une marmite…. La nourriture était délicieuse, le prix, minime, un peu moins de deux euros.

 

J’ai appris également autre chose. On distingue deux sortes de poisson : la truite, et….le poisson ! Donc ne me demandait pas lequel j’ai mangé. La seule chose de sûre, c’est que ce n’était pas de la truite !

 

Pour le retour, c’est un brake qui fait office de collectivo, à moins de le privatiser, mais ce n’est pas le même prix. Le chauffeur m’informe qu’il partira quand il sera plein, et pour l’instant, je suis toute seule.. Il ne tarde pas à m’interpelle. Un brake descendant la rue se rend aussi à Acochaca, et il y a une place pour moi. Loin de moi l’idée que l’on pouvait autant rentabiliser ce type de véhicule : trois à l’avant, quatre au milieu, trois dans le coffre. Malgré la conduite souple et raisonnée du chauffeur, le brake couine à chaque virage. Je suis certaine que si l’occasion s’était présentée, il aurait pu faire rentrer deux personnes de plus, ou trois…

 

Il est dix huit heures lorsque Wilmer frappe à la porte de ma chambre.

  • « Tu te reposes ? », me dit-il ?
  • « Non, je travaille. Attends, je t’ouvre ».

Mon cahier et mon ordinateur sont posés sur la table. Sur le rebord de la fenêtre ma marmite de quinoa repose sur le réchaud et une odeur de café règne dans la chambrée.

  • « Tu as même un réchaud? »
  • « Et oui, je suis totalement autonome ».
  • « Ta journée de travail s’est bien passée ? »
  • « Oui, suis rentré à quatorze heures puis suis allé marcher. Et toi ? As tu été à Chacas ? ».
  • « Oui, c’est vraiment une très jolie bourgade. Je suis rentrée vers seize heures trente. On dîne ensemble ce soir ? Je frappe à ta porte à dix neuf heures quinze, ça te va ? ».
  • « Parfait, à tout à l’heure ».

 

Nous retournons dîner au même endroit que la veille. C’est un peu sa cantine, vu qu’il y déjeune aussi les midis pendant sa coupure.

Ce soir là, à la télé, du foot, et dans nos assiettes du riz, des pommes de terre, deux dés à coudre de viande, de la sauce à la menthe et un café chaud ».

  • « Tu pars demain matin ou tu restes une nuit de plus ? ».
  • «  Non, je pars demain matin. Tu frappes à ma porte pour me dire au revoir, avant de partir travailler ? ».

 

Ce sera chose faite, à six heures quarante exactement. Debout depuis une bonne heure, je me trouvais en mode rangement. Comment est-ce possible de s’éparpiller autant !!??

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petit marché aux fruits et légumes

petit marché aux fruits et légumes

petite restauration au marché..un régal !

petite restauration au marché..un régal !

 

 

 

Lundi 11 novembre : env 20 kms – Malquibamba – alt 3500 mètres

 

Dans ses villages isolés le long de la cordillère des Andes beaucoup ne parlent que le Quechua. Mais ma surprise est grande d’entendre les enfants m’aborder dans ce dialecte plutôt qu’en Castillan. J’apprendrai que l’enseignement du Quechua est maintenant obligatoire dans les écoles, en plus du Castillan.

Ce soir là, alors que je suis assise dans ma tente en train de rédiger quelques notes sur mon ordinateur, un groupe d’enfants, aligné devant moi, tente de m’inculquer quelques mots de leur langue. Puis c’est à mon tour de leur traduire quelques expressions en français. Ambiance joyeuse.

 

J’arrive à San Luis à neuf heures trente, après une heure et demie de douce grimpette. Je suis contente car je commence à prendre le rythme. On m’indique un endroit où boire une boisson chaude. Pas plus tôt la porte passée que s’abat le déluge ! J’y resterai une heure et demie avant qu’une légère accalmie ne se fasse sentir. J’enfile mon kway, le haut, le bas et pour la première fois mes guêtres et sors affronter le mauvais temps. Puis la grosse pluie se transforme en quelques gouttes. Il est quasi quatorze heures lorsque j’atteins le petit village de Malquibamba, le dernier avant de franchir le col situé à peu près à deux heures de vélo d’ici. J’hésite, le ciel est bien noir au dessus de la montagne. Certes, il ne devrait pas manquer de maisons isolées sur ma route, mais est-ce bien raisonnable ?

 

On m’indique le parvis de la petite église comme abri pour la nuit. Un petit lavoir est juste à côté. Je ne sais que faire. Finalement j’opte pour la sécurité. J’installe mon campement sous le regard curieux des petits et des grands, répondant aux multiples questions. Et ne voilà-t-il pas que le temps se dégage ? Trois heures d’ensoleillement que je ne mettrai pas à profit ! Va falloir que je dompte les sautes d’humeur de la météo andine…

 

 

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école en construction

école en construction

bergère et vachère à la fois

bergère et vachère à la fois

 

 

Mardi 12 novembre : 17 kms – Paso laguna Huatsucocha – col : 4341m -

 

Quelle sage décision que de m’être arrêtée hier dans ce petit hameau ! Hormis trois maisons, rien de rien. Et quel chemin ! Pierres, boue, ornières. Le côté positif c’est qu’il fait beau. Il me faudra néanmoins quasiment six heures pour atteindre le col. Départ 7h30, arrivée 13h15. Je croiserai en tout et pour tout trois collectivos, deux motos et deux voitures.

 

La première moto s’arrête à mon niveau et me demande une clé pour sa chaîne. Je lui tends mon outillage, à portée de mains. Monsieur n’est pas content parce que je n’ai pas le calibre qu’il lui faut ! Puis il me demande une pompe, que j’ai aussi sous la main. La meilleure, c’est qu’il veut me l’acheter ! « Vous en trouverez bien une en route», me dit-il. Ben voyons ! Ca va pas la tête ? Si je crève, c’est toi qui vient me dépanner ? Je lui fais remarquer qu’à Acochaca il devrait sans problème en trouver une et reprends ma route. Non, mais !

 

Sur cette étape je donne tout, absolument tout. Je crois toujours que la courbe avec laquelle je suis aux prises est la dernière, que sitôt amorcé l’autre virage je vais enfin apercevoir le col, mais j’ai beau enchaîner courbe après courbe je désespère de ne jamais arriver. Je me fais violence pour ne pas improviser un bivouac avant le sommet. Je serre les dents et progresse, tantôt poussant, tantôt pédalant. Et subitement, alors que jusqu’à présent les lacets étaient réguliers, se dresse un mur devant moi. C’est le bouquet final. Je pense abandonner et dormir au pied mais si prêt du but, sûr que je vais m’en vouloir. J’entends Maurizio m’encourager : « Go, Patty, go ! ». Et là j’aperçois, tout petit au niveau du col, un abri de fortune. Cela suffit pour me redonner l’impulsion nécessaire. Je dormirai en haut. Je peux le faire !

 

Sur les derniers cent mètres s’arrête un conducteur de brake, un ingénieur en génie civil ventripotent. Celui-ci me propose de me descendre un peu avant Huari. Je refuse. J’ai trop souffert pour en arriver là. Ce campement de base de travailleurs, vue sur la lagune, est là pour moi. « Mais il n’y a rien ! », s’exclame-t-il. «Pas grave, j’ai tout ce qu’il faut ! ».

 

A bout, les quarante kilomètres de descente qui m’attendent ne sont juste pas envisageables. J’y passerai la nuit et descendrai demain.

Je m’installe donc dans ce camp de fortune. Je suis aux anges, seule à cette altitude, entourée par les montagnes, face au lac. Bien à l’abri sous le toit de tôles, j’essuie mon premier vrai orage, avec averses de grêle et grosse pluie.

Dans la nuit, des cris d’animaux rompent le silence. Aurais-je la chance de voir un puma ?

 

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Mercredi 13 novembre : env 40kms – Huari – altitude : 3050 mètres – env 5000 habs

 

Petite ville dynamique, tout en contraste. Des hommes en costard cravates, vraisemblablement des notaires ou des avocats, s’assoient sur les bancs des petits stands de rue. De nombreux pubs aux portes semi-closes laissent entrevoir dans une semi obscurité des bouteilles de Johnny Walker et des chopes de bière.
Je ne rencontrerai pas un seul touriste. Ma présence n’attire pas les regards plus que ça. Je suis à l’aise, m’installe aux tables communes de la place centrale ou du marché pour manger des plats qui mijotent dans les marmites, fais mes courses comme tout un chacun, tout en simplicité.

 

Je me lève avec un léger mal de tête.

Toujours cette fichue route de terre, de pierres, d’ornières. Six heures de soubresauts. Six heures pour atteindre Huari. Mon petit déjeuner, bien que consistant puisque j’ai englouti pas moins de cent cinquante grammes de pâtes, ne tarde pas à être dans les talons. Et ce satané mal de tête qui empire…

Je vais de hameaux en hameaux sans rien rencontrer pour casser la coûte. Mais comment font-ils ? Ils jeûnent dans ce pays ?

Je finis par mettre pieds à terre dans un village qui me paraît un peu plus important que les autres et m’assois sur les marches qui mènent à un petit parc. Il y a bien une rampe d’accès pour les vélos mais son inclinaison est telle qu’il faudrait que je désarme Diego pour pouvoir le faire passer. Je dis donc adieu à une petite sieste à l’ombre des arbres sur un des bancs ma foi fort attrayants et m’assoupis assise, ma tête reposant dans mes mains.

Une dame passe devant moi. Je redresse ma tête. Profonde désillusion lorsqu’elle m’informe qu’ici non plus, il n’y a rien pour se restaurer !

  • « Je tiens une boutique, si tu veux t’acheter de la nourriture ».
  • « Oui, mais qu’est-ce que vous vendez ? Des galettes, c’est tout ? ».

Effectivement…

  • « Des galettes, j’en ai plein ma sacoche. J’ai besoin d’un vrai repas ».
  • « Jusqu’à Huari, il n’y a rien ! ».

 

J’ai trop la flegme pour sortir tout mon attirail et me faire cuire des pâtes. Mais je dois avoir l’air fort pathétique car, alors que j’attaque mon paquet de fruits secs, la voilà qui redescend et s’approche de moi.

  • « Si cela te dit j’ai des petits pois et du poisson. Je t’invite chez moi ».

Si cela me dit !? Mais bien sûr, que cela me dit !

Je m’installe donc à la table familiale, en face de Maria (le nom de ma sauveuse) et à droite de sa mère et de sa tante qui vivent sous le même toit. Un festin : riz, salade, purée de petits pois, poisson frit, boisson chaude.

  • « Ne te gène pas, ressers toi ! ».

Ah, fallait pas me le dire…

Je leur offre quelques fruits secs.

  • « Allez y, servez vous ! », dis-je à la tante octogénaire qui n’osait pas piocher dans le petit ramequin. « Vous n’aimez pas les fruits secs ? ».

Pour toute réponse, j’ai droit à un grand sourire édenté. Ah, maintenant, je comprends…

 

Avant de prendre congé je demande ce que je dois : « Quatre solès (1,10€) me dit Maria, cela ira ».

 

J’atteins Huari aux alentours de quinze heures. Je n’ai qu’une envie : me jeter sur un vrai lit et dormir. Mais pour cela, il me faut d’abord trouver un hôtel. Le troisième est le bon : pour huit euros vingt j’ai une grande chambre avec fenêtre vue sur les montagnes, un bureau, une salle d’eau privative avec eau chaude, un poste de télévision et la wifi. Le hic, le seul : c’est au quatrième étage et il me faut monter tout mon barda. « Je vais au cinquième», me dit la patronne, « je te dépose deux sacoches devant ta porte ». J’avoue que Diego finira sa course au premier. Là où il est, de toutes façons, il ne gène personne.

 

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Jeudi 14 novembre : toujours Huari – Repos – Blog

 

 

Demain je reprends la route direction Huánuco. Prochaines étapes :  Masin, Ponto et Puños. Je ne devrais retrouver l’asphalte qu’après Puños, soit dans environ quatre vingt dix kilomètres. Mais cela va grimper. Je ne sais ni combien de temps je vais mettre, ni si je vais rencontrer de la wifi en route, alors pas d’inquiétude : pas de nouvelles, bonnes nouvelles.


Posté le 5 novembre 2019 - par lesmichesenavant

Bike Trip 2019 – 2020 : En route pour Lima !

Mardi 30 octobre 2019, 6h10 du matin : Arivée à Lima !

 

 

Tout a commencé la veille :

 

Rentrée le lundi après midi après quinze jours passés au Québec chez Yohan et Aglaé, j’avais en tout et pour tout vingt heures pour préparer mon paquetage. Et comment se sentir prête, dans une pareille agitation ? Un véritable fouillis règne dans mon salon. Tout est déposé en vrac parterre, sur la table basse, sur les canapés…  « Une vache n’y retrouverait pas son veau ! », m’aurait dit mon ancien directeur. Paqueter, tout en réfléchissant à ce que je risquerais d’oublier, et à ce qui risquerait d’être de trop et que je peux laisser sur la touche. Maryvonne s’est fait une petite place sur le canapé et me regarde sans parler. Ce n’est pas le moment de me perturber. Elle attend mon feu vert pour m’aider à boucler définitivement mon carton à vélo. Minuit vingt : c’est fait !

 

C’est donc tendue et stressée, après une ultime bise à ceux venus me dire au revoir, que j’embarque dans la voiture de Nathalie et Francis. Ce sont eux qui, après avoir effectué un sprint dans la rue piétonne jusqu’au « bonnet en folie » m’acheter un cordon élastique pour remplacer le mien qui venait de lâcher (je le porte autour de mon cou en permanence avec un sifflet de détresse) et chargé toutes mes affaires dans leur voiture, m’amènent à l’aéroport. Il est 11h30.

Chose exceptionnelle, la traversée de Bordeaux est fluide et notre avance est suffisamment conséquente pour nous permettre un dernier bon repas avant d’accéder à la zone aéroportuaire. L’enregistrement de mes bagages se passe comme une lettre à la poste. Diego, trop gros, ne passe pas sur la balance. « Connaissez vous son poids ? » me demande l’employé à l’enregistrement. « Oui ; exactement vingt trois kilos ! Je l’ai pesé avant de partir » On me croit sur parole, alors qu’il en pèse au moins deux de plus.. . Et contre toute attente, on ne me facture pas de frais supplémentaires pour le transport du colis encombrant en soute. L’année dernière j’avais du m’acquitter d’une taxe d’une centaine d’euros. Je me garde bien de le leur faire remarquer…

Dernières embrassades et me voici en zone de contrôle. Mon vol décolle à 17h30, comme prévu et atterrit une heure plus tard à Madrid. Rapide. Seulement il me faut patienter dans l’aérogare plus de six heures, jusque vers minuit quarante cinq, avant que le Boing 787 de la compagnie Latam ne s’envole pour la traversée de l’atlantique et du continent Sud-Américain, d’Est en Ouest. Après onze heures trente de vol le Boing atterrit à Lima. Il est 6h30 du matin, heure locale.

 

Le contrôle d’émigration franchi avec succès, j’évite de justesse la fouille du contenu de mon carton. Effectivement, alors que je me dirige vers la sortie, au vu de mon chargement un officier me fait signe de me diriger vers le poste de contrôle douanier. My God, des passagers font la queue, attendant leur tour. Si je m’insère là je ne suis pas encore sortie !
Alors il est vrai que, comme le dit ma copine Nathalie, je dois avoir l’air convainquant car, lorsque, jouant la surprise, je lui notifie que je n’ai qu’un vélo à l’intérieur, je l’entends me répondre :

  • « Juste un vélo !? C’est bon, passez ! »

Arrivée à la salle de délivrance des bagages, Diego m’attend sagement dans son carton. Du regard je repère un gars costaud et lui demande en espagnol de m’aider à déposer le volumineux colis sur mon chariot. Devant son incompréhension manifeste je reformule ma demande en anglais. Visiblement, là, il me comprend car il s’exécute avec un grand sourire. Et de me demander en allemand : « C’est un vélo ? ». Cocasse…

 

Mon voisin de gauche, dans l’avion, un gars né à Lima, habitant Barcelone et venant passer dix jours dans son pays d’origine m’a soutenu qu’il y a des vols domestiques entre Lima et Huaraz et que la différence de prix avec le bus, si l’on considère le gain de temps, est vraiment insignifiante. Je sais, pour l’avoir vu figuré sur une carte, qu’il y a un petit aéroport à proximité mais n’ai pas vu de connexion entre ces deux villes sur les divers sites internet consultés.

Je suis en train de faire la queue au bureau d’information quand Walter, qui se trouve être le coordinateur d’un groupement de chauffeurs de taxi, s’approche de moi et me demande si j’attends pour un taxi. Je lui explique mon interrogation et je m’entends dire :

  • « Viens, je t’amènes (à pieds) au bâtiment des vols domestiques. Il est à environ cinq cents mètres. Comme ça, tu gagneras du temps. »
  • « Je vous préviens, j’arrive juste de France et n’ai pas de pourboire à vous laisser. Je n’ai pas encore changer mes euros ».
  • « Aucun problème, cela me fait plaisir. S’il venait à ne pas avoir de vols, en revanche, je compte sur toi pour monter dans un de mes taxis ».
  • «  Et combien me prenez vous jusqu’à la gare routière (plus ou moins quarante minutes, selon le trafic).
  • « Soixante soles (au cours de l’aéroport, moins avantageux, cela correspond à dix huit euros).
  • « Et votre chauffeur me donnera un coup de mains pour transporter tout ce barda dans les couloirs de la gare ? ».

Le marché est conclu, sûrement plus cher que la normale, mais j’évite bien des galères.

Et après m’avoir indiqué où se trouve la consigne à bagages :

  • «  Patty, je t’attends à l’extérieur devant la porte 6 » .

Je souris. Cette facilité qu’on les Sud Américains de vous affubler d’un diminutif ! Je commence à déstresser…

 

Mon guide se démène. Il ne marche pas, il court ! Je trottine derrière lui. Nous traversons la route face à l’aéroport pour rejoindre les bâtiments de diverses compagnies. La première, surprise de ma destination, me dit qu’il n’y a pas de vols pour Huaraz. La deuxième, idem. J’insiste, car il y a bien un aéroport à côté. Je ne comprends pas exactement la réponse, mais ce qui est sûr, c’est que cette ligne, aujourd’hui, ne fonctionne plus.

Walter, toujours au pas de course, me conduit à une autre agence pour, cette fois-ci, réserver un billet de bus. La salle est immense, entourée d’ordinateurs mais à cette heure matinale juste une jeune femme est en train d’y finir sa nuit, la tête baissée sur sa poitrine, le regard éteint fixant son smart phone négligemment posé sur ses genoux. A notre entrée elle ne se redresse pas et nous lance juste un « C’est pourquoi ? ».

Ma réponse provoque en elle une réaction étrange. Je lis la panique dans son regard. Vraiment. Elle est en train de réaliser que ce que je lui demande est, à défaut d’être dans son programme, dud moins dans ses capacités, et pire, relève de ses fonctions…cela me fait sourire. Sans mot dire elle consulte alors son ordinateur puis, d’une voix sans ton :

 

  • « Oui, il y a un bus. Départ 12h30. Prix 153soles. Le surcoût pour le vélo sera à voir directement avec le conducteur ».

 

Cent cinquante trois soles !? J’avais consulté les prix avant mon départ et ceux-ci variaient entre quarante cinq et cent cinq soles, selon la compagnie.

Son prix est ferme, aussi je remercie et tourne les talons. J’ai juste le temps de la voir de nouveau s’avachir sur son siège, la tête baissée sur la poitrine, son smart phone de nouveau posé sur les genoux.

  • «  C’est parce ce que c’est une agence. A la gare, les compagnies ont toutes leur guichet et les prix sont nets ».
  • « C’est certain. Mais vu qu’on était à côté, cela ne coûtait rien de demander… ».

Nous reprenons notre sprint vers l’aéroport. Le temps de changer cent euros (333 soles), de récupérer mon barda, et me voici assise à côté d’un des chauffeurs de taxi de l’équipe gérée par le coordinateur. Il lui rappelle le montant négocié et l’informe qu’il est également convenu qu’il m’aide, arrivés à la gare. Je le remercie pour sa prise en charge et le taxi démarre. Le chauffeur, lui aussi, se prénomme Walter !

La première compagnie refuse de prendre mon vélo. La deuxième, « Z bus » est la bonne. Il ne m’en coûte que cinquante soles pour moi, et vingt pour mon vélo ! On me décharge immédiatement de mon carton ainsi que de mon gros baluchon rouge et ceux ci sont immédiatement étiquetés et transférés au niveau du fret. Il est neuf heures du matin. Ma place est réservée sur le bus de dix heures. J’offre un coup à boire à Walter ainsi qu’une portion de brioche et nous papotons tranquillement quelques minutes avant de nous séparer. Un grand merci, les gars, pour votre précieuse aide !

 

Mon siège se trouve à l’étage, dans la première rangée, ce qui me permet, de surcroît, de profiter d’une vue panoramique ! Top ! Le bus mettra quatre heures pour parcourir les deux cents kilomètres de longues lignes droites bordant le littoral, cheminant à travers un désert de sable d’où n’arrivent à percer que par-ci, par-là, à travers l’épaisse poussière ambiante, des toits plats de bicoques branlantes. Tout semble enseveli ! Comment peut-on habiter ici !?

Puis commence l’ascension. Deux cents kilomètres de lacets sur une route de montagne au décor non vertigineux. Mon voisin de bus m’informe que le col culmine aux alentours de quatre mille quatre cents mètres. Puis la route redescend sur Huaraz, située en contre bas à 3052 mètres d’altitude.

Il est dix huit heures trente lorsque le bus arrive enfin. La nuit est tombée. Un jeune chauffeur de taxi me dépose à mon hostel, le « Tony’s house », dans le nord de la ville.

Je prends possession de mon lit et m’endors en moins de temps qu’il ne faut pour le dire…

Walter

Walter le chauffeur de taxi

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Jeudi 31 octobre : Huaraz, terre connue !

 

Ce qui était mon point d’arrivée en avril dernier se retrouve être mon point de départ. Etrange, cette sensation de déjà connaître et d’y avoir ses repères !

 

Je fais le tour du cadran et me réveille avec le mal de tête. Mes jambes vacillent. La faute à l’altitude.

J’ai choisi cette auberge pour sa terrasse, son jardin et ses chambres de plein pied, beaucoup plus fonctionnels avec mon équipement que l’auberge située au sud de la ville où nous avions résidé quelques jours, en avril. Mon dortoir comprend quatre lits ainsi qu’une salle d’eau privative. Tout ça pour la modique somme de cinq euros la nuit. Une cuisine est également à notre disposition. Carla, la propriétaire, est très avenante et à l’écoute. C’est elle qui me donne l’idée de demander à la boutique de vélo de venir le monter, ici-même, à l’auberge. Pour sûr, cela m’éviterait un autre déménagement ! L’idée s’avère être excellente puisque le jeune Péruvien, à la boutique, n’y voit aucun inconvénient. Je lui communique l’adresse, nous échangeons nos numéros de téléphone WhattsApp et son intervention se planifie pour le lendemain en début d’après-midi, pendant sa pause. Génial !!

 

De la place des armes je me rends changer mes euros dans la rue, au marché noir, au même endroit que l’année passée. C’est d’ailleurs, il me semble, toujours la même personne ! Le taux de change est à 3,70 et je ne pense pas pouvoir trouver mieux. Avec mes deux mille neuf cent soles en poche, je prévois de tenir soixante jours. Affaire à suivre…

 

Puis de là je me rends ensuite à l’office des guides de montagne pour prendre conseil quand à mon itinéraire. J’ai prévu de descendre jusqu’à Yungay, à environ cinquante kilomètres au nord, de traverser par une piste la Cordillera Blanca , de rejoindre, à l’est, Huanuco et poursuivre ma route plein Sud jusqu’à Cuzco. Pour eux, il n’y aucune entrave à ce projet. La route est sûre et je ne devrais pas déjà y rencontrer de neige. La difficulté consiste à passer dans les premiers jours un col situé à 4700 mètres. Ensuite cela devrait descendre. Nous regardons ensemble sur leur cartequels sont les hameaux auprès desquels je peux me ravitailler et ceux où il n’y a rien. Quand aux quatre ou cinq jours d’acclimatation que j’ai initialement prévus à Huaraz avant mon départ, ils s’avèrent, pour eux, suffisants.

 

J’engloutis une soupe de légumes au marché (cela me manquait!) et m’arrête sur le chemin du retour commencer à acheter quelques provisions. Je pense que cinq jours d’autonomie totale devraient être confortables.

 

Assez fait pour une première journée, surtout que le mal de tête et la nausée sont toujours là. Demain, il fera jour !

mon dortoir chez Tony's House

mon dortoir chez Tony’s House

L'espace petit déjeuner

L’espace petit déjeuner

Le jardin

Le jardin

 

 

Vendredi 1er novembre : déballage de Diégo et … mauvaise surprise !

 

La journée avait pourtant bien commencé : beau temps, belle lumière, 14° en fin de matinée. Tout se gâte sur les coups des 14h30, peu de temps après l’arrivée de Michaël. Diego sorti de sa boîte, l’assemblage est mené bon train jusqu’à ce que le jeune péruvien me demande de quelle manière on serre le frein. Et là.. horreur ! Malheur ! Le cliquet de serrage rapide n’est plus sur son support ! Nous retournons à plusieurs reprises la boîte dans tous les sens. Rien. Auraient-ils oublié de l’insérer, à La Rochelle, vu que c’est eux qui se sont chargés du démontage et du rangement dans le carton ? Pièce évaporée pendant le transport ? Bizarre…

Puis c’est autour du garde boue avant de poser problème. Aucune pièce n’est manquante mais Michaël y perd son Péruvien ! Les minutes défilent. Il lui faut retourner à sa boutique aussi me charge-t-il de lui déposer Diego sur les coups de dix huit heures. A son atelier, plus outillé, il y verra plus clair. Du moins je l’espère.

 

Pas de frein avant ! Ce n’est pas possible, je suis en train de vivre un cauchemar ! Surtout, pas de panique. Il me faut garder les idées claires afin d’établir un plan d’action, car impossible de prendre la route comme ça.

J’envoie tout d’abord les photos du frein arrière, intact et celle du frein avant amputé de sa fixation au magasin de La Rochelle, leur demandant de m’envoyer en urgence la référence de la pièce manquante. Puis j’envoie la même photos, pour avis, à Yohan et Maurizio.

  • «Quelle poisse !  Un ty-rap !? », me conseille mon fils depuis son poste de travail, « ou bien un écrou !? ».

Quand à Maurizio, il m’envoie quasi instantanément le lien d’un site de commande en ligne d’accessoires de vélo avec les références de deux loquets de serrage de marque Magura, la marque de mes freins. Quel gain de temps ! Il ne me reste plus qu’à m’assurer de la référence exacte du mien.

Avec le décalage horaire trop tard pour espérer une réponse du magasin de la Rochelle. Je verrai demain à mon réveil.

Je pousse Diego jusqu’à l’atelier situé à côté de la place des armes. Michaël s’attelle à la fixation du garde boue lorsque deux clients entrent pour un achat.

  • «  Il n’y a pas le feu », lui dis-je. «Que cela soit fait aujourd’hui ou demain ne change rien. Occupe toi de ces personnes. ».
  • « Ok. Je t’enverrai un message pour te dire à quelle heure tu peux passer ».
Frein arrière complet

Frein arrière complet

Frein avant avec serrage rapide manquant

Frein avant avec serrage rapide manquant

 

 

Samedi 02 novembre : ça s’organise…

 

temps magnifique le matin – beau soleil – beau ciel bleu – se couvre dans l’après midi

 

Suite à ma demande, je reçois de La Rochelle une réponse de normand. Ma question était pourtant des plus simples. Je me fiche de savoir si c’est possible ou pas, je veux juste une référence ! Je renvoie donc un deuxième mail et parallèlement demande à Maryvonne de les appeler en direct, histoire de les secouer un peu, car je sais que la réactivité n’est pas leur fort ; de plus, nous sommes samedi après-midi, dimanche et lundi le magasin est fermé et je n’ai aucune envie de perdre trois jours avant de passer commande.

Le mail contenant les indications fini par arriver. Soulagement !

 

Ici, à Huaraz, c’est la fin de la saison sèche et la plupart des auberges, tout comme la mienne, ferment mardi. Comment faire pour la réception du colis ? « Pas de souci », me rassure Carla, la gérante. « Je pars mardi passer une quinzaine de jours chez ma mère, à Lima. Tu n’as qu’à donner mon adresse comme adresse de livraison. Lorsque je reçois les pièces, je t’envoie un message sur WhatssApp. Tu me dis où tu te trouves et je te le fais suivre. Tu les auras dans les quarante huit heures qui suivent ». Tout simplement…

 

Connectée sur « Bike 24 », je suis sur le point de valider ma commande lorsque je me ravise. Le délai de livraison annoncé est énorme, entre onze et dix huit jours. Et si La Rochelle s’était trompée ? Si le cliquet ne serre pas à droite, comme l’indique leur référence, mais à gauche ? Car lors de l’achat de Diego, avant mon premier voyage, en 2015, ils ne m’avaient pas remis les bonnes chambres à air de secours. Je m’en étais rendue compte à mes dépens l’année d’après, suite à ma première crevaison juste avant mon arrivée à Ushuaïa : les deux chambres à air étaient vérolées (le diamètre de la vis n’était pas la bon). Heureusement que je n’étais pas dans la panade au milieu du désert ! Sûr, vu le prix, moins de vingt euros pièce, il est plus sage de me procurer la paire. Qui peut le plus, peut le moins.

 

Voilà. Ma commande est passée.

 

Je préfère ne pas envisager le cas où Michaël ne puisse pas effectuer une réparation de fortune, m’obligeant à rester deux semaines de plus ici et préfère mettre à profit le temps qu’il me reste avant de me rendre à l’atelier .

 

Tout d’abord j’assemble mon nouveau réchaud, pour la popote, en respectant scrupuleusement les consignes. La tâche s’avère facile. Ensuite je pars à la station service remplir mes deux bouteilles d’essence. Carla m’a mise en garde. « Ils ne te les remplieront pas. Ils m’ont refusé une bouteille pour ma tondeuse à gazon. J’ai du acheter un bidon de 13 litres ! ». Je me prépare donc à parlementer mais…le pompiste s’exécute sans aucune hésitation ! Serait-ce mon jour de chance? Je remets l’essai du réchaud au lendemain et poursuis mes achats : le chasuble réfléchissant ? C’est chose faite. Le parapluie ? C’est également chose faite. Vu son poids, il pourra même, en cas de pépin, me servir de matraque !

Maintenant, direction le marché. D’après Carla, c’est dans la rue juste attenante que j’y trouverai des feuilles de coca top qualité . « Ils en vendent tous, dans cette rue. Tu ne peux pas les louper ! ». Les feuilles de coca sont beaucoup mastiquées par les populations andines car elles aident à lutter contre le mal d’altitude. Mais, mastiquées de la sorte, pour l’avoir testé lors de mes précédents voyages, elles me donnent la nausée. En revanche, en infusion, elles passent plutôt bien.

Arrivée dans la rue, mis à part les vendeuses de fruits et légumes assises à même le trottoir, je ne vois rien qui puisse ressembler à ce que je recherche. Je dois reconnaître qu’il est étrange de s’entendre demander où pouvoir en acheter ! En fait, on les trouve à l’intérieur des petits commerces, entreposées dans des grands sacs en toile de jute, comme les céréales. Pour quatre solès, soit un peu plus d’un euro, j’en achète deux sachets.

 

Le magasin de vélo se trouvant sur mon chemin de retour, je m’ y arrête spontanément. Quelle joie d’apprendre que le frein a pu être refixé ! Un écrou aura fait l’affaire ! « C’est du solide », me précise Michaël. « Et en cas de crevaison facile à sortir pour retirer la roue ; tu peux rouler tranquille en attendant de recevoir les pièces ».

Je revis !

En revanche il n’a toujours pas réussi à fixé le garde boue. Il lui manque une vis et la quincaillerie juste à côté n’en a pas d’assez longue. Pour se faire il doit baisser la grille de sa boutique, se rendre à une autre, un peu plus éloignée. De nouveau des clients entrent, cette fois pour lui acheter un vélo d’occasion.

  • « Prends ton temps, Michaël. De toutes façons, je ne partirai que mardi matin. Donc si tu m’assures que mon vélo est prêt pour lundi soir, ça me va ».
  • «Cela m’arrange car j’ai en plus pour demain une sortie vélo avec un groupe d’une douzaine de jeunes à finir d’organiser (Michaël est aussi guide de randonnée vélo et guide de moyenne montagne). Pour lundi soir au plus tard ce sera fait. Merci pour ta patience ! ».
  • « Merci à toi ! A lundi ! »

 

Chez Rica Miel

Chez » Rica Miel » : établissement on ne peut plus typique où l’on déguste de délicieux picarone , beignets sucrés arrosés de miel, accompagnés de Ponche, boisson à base de lait. Ouvert à partir de 16h00, cela ne désemplit pas !

Achat des feuilles de coca dans les boutiques, à droite

Achat des feuilles de coca dans les boutiques, à droite

Sachet de feuilles de coca

Sachet de feuilles de coca

 

 

Dimanche 03 novembre : derniers essais

 

couvert le matin – orages et grosses pluie l’après midi – t° env 12°

 

Mon réchaud démarre au quart de tour. J’en suis toute surprise. Puis j’enchaîne avec le paramétrage de ma balise de secours et vérifie par une simulation de détresse son bon fonctionnement.

 

Lundi 04 novembre : prête pour le départ !

 

Beau temps ensoleillé et chaud jusqu’à 14h00 puis soudainement le ciel s’obscurcit. Pendant quarante cinq minutes ce ne sont que des abats d’eau et de grêle : intense ! Puis, la grosse colère passée, le ciel se dégage de nouveau.

 

Huaraz : « région de la mangue tardive, la plus belle des mangues, la « Kent ». Les plus gros spécialistes d’exportation de mangues par avion se trouvent ici même, à Huaraz ». Merci, Cléto pour ses précisions !

 

Ce matin, filet à provisions en mains, je pars pour le marché effectuer mes derniers achats. Inutile de préciser que mangue (un peu plus de un euro le kilo) et avocat font partie de ma liste. J’en consomme un de chaque par jour… Un délice pour mes papilles !

 

Je suis soulagée parce que mes maux de tête et saignements de nez ont fini par disparaître. Les quatre jours d’acclimatation étaient vraiment nécessaires. Seuls persistent quelques tremblements au niveau de ma main droite. Peut-être cela n’a-t-il rien à voir avec le mal de l’altitude ?

 

Mon vélo est également fin prêt ! Tout semble se coordonner parfaitement. Je suis impatiente et nerveuse en même temps ; six mois que je ne pédale plus…

 

Mon plan de route est à peu près le suivant :

Rejoindre au nord Yungai (situé à seulement 60kms de Huaraz), puis prendre plein Est pour la traversée de la Cordillera Blanca et rejoindre Huanuco. Descendre ensuite la 3N jusqu’à Ayacucho, puis Abancay et Cuzco.

Mis à part Yungai demain, silence radio jusqu’à vraisemblablement Huanuco, c’est à dire environ une dizaine de jours. On ne s’inquiète pas…

 

 

 

 


Posté le 12 avril 2019 - par lesmichesenavant

du 10 au 12 avril 2019 : Lima – fin du voyage

Lima : environ 8,5 millions d’habitants.

Capitale du Pérou, Lima fut fondée en 1535 par Francisco Pizarro sous le nom de Ciudad de los Reyes (ville des rois), en référence aux Rois mages (la date de fondation coïncide avec l’épiphanie).

Nous sommes installés pour ces trois jours dans une auberge de jeunesse du quartier chic de Miraflores, à une quarantaine de minutes en transport en commun du centre ville.

Ce vendredi soir Maurizio est le premier à s’envoler pour Madrid. De là il prend un bus pour Barcelone où il va retrouver pour deux jours des amis avant son retour pour Turin. Quand à moi, mon vol pour Bordeaux avec escale à Madrid décolle trois quart d’heures plus tard, à 19h45.

Comme toujours ce fut un immense plaisir de vous transporter dans mes sacoches ! Merci d’avoir voyagé avec nous et d’avoir ainsi partagé notre aventure :) Je vous donne rendez-vous en automne prochain pour une destination non encore totalement définie…

A très vite !

Diégolette

10 avril 2019 Lima 2 B small

Apéritif sur la plage le soir de notre arrivée; c’est que depuis Carthagène, en Colombie, nous n’avons traversé que des montagnes ! Que c’est bon de retrouver l’air marin !

jeudi 11 avril 2019 Lima Barrancon 15 B small

Vue sur le pont des soupirs. Une légende lui attribue son nom au fait que des esclaves, en contrebas du pont, soupiraient en voyant passer les belles gens.
Street Art. Ici peinture représentant l’état d’hallucinations visuelles dans laquelle se trouvent les utilisateurs après absorption du breuvage à base de ayahuasca. Celui-ci est consommé généralement par les chamans des tribus amérindiennes d’Amazonie

 

jeudi 11 avril 2019 Lima  Barranco 12 B small

Cet arbre aux jolies clochettes retombantes blanches était utilisé autrefois par les Quechuas lors de sacrifices d’enfants. Les fleurs blanches servaient de base à une infusion qui avait la particularité de plonger l’enfant dans un léger sommeil avant de procéder au sacrifice.

jeudi 11 avril 2019 Lima Barranco 16 B small

jeudi 11 avril 2019 Lima Barranco 13 B small

jeudi 11 avril 2019 Lima Barranco 14 B small

jeudi 11 avril 2019 Lima Barrranco 11 B small

sur le mur est écrit :
« Litige avec cette propriété. La vente en est interdite » !

jeudi 11 avril 2019 Lima Barranco 10 B small

Lima down town
Place de armas

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jeudi 11 avril 2019 Lima 2 B small

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11 avril 2019 Lima 11 B small

11 avril 2019 Lima 15 B small

 

 

 

 


Posté le 10 avril 2019 - par lesmichesenavant

du 20 mars au 09 avril 2019 : de Cajamarca à Huaraz

Mercredi 20 mars 2019 : 68 kms – San Marcos

 

Autre tactique de défense contre les chiens : je n’use plus de mon sifflet et ne me sers de mon bâton qu’en dernier recours. En fait, je ralentis ou m’arrête totalement en leur faisant face et en leur criant dessus. Jusqu’à présent, ça marche…

 

Après un petit déjeuner pris sur la « place de armas ». Tout d’abord un premier col à passer, puis la route ondule légèrement pour finalement se terminer par dix kilomètres de descente. Beaucoup d’éboulis dans cette dernière partie : des travaux de déblayages sont en cours et la circulation ralentie.

Il est 15h00 lorsque nous atteignons San Marcos, juste avant le déluge. De la fenêtre de notre chambre nous observons notre ruelle se transformer en rivière. Impressionnant ! Je comprends maintenant pourquoi les trottoirs sont si hauts…

20 mars 2019 vers San Marcos 1 B

 

Jeudi 21 mars : 63 kms – Cajabamba – capitale de la province du même nom – alt : 2654m – env 30000 habs – je passe les 5000 kms !

 

Ma main gauche est toujours très douloureuse depuis ma chute à Cuenca. Surtout le pouce. Chaque changement de plateau m’arrache un gémissement… Quand à mes côtes, cela fait juste une petite semaine que j’arrive à me tourner sans peine dans le lit .

 

Belle et simple route que celle d’aujourd’hui. A un restaurant de croisée de chemins nous avons la surprise de trouver une tête blonde installée devant un bol de soupe fumant. Max, jeune allemand de tout juste dix neuf ans, se remet doucement de cinq jours de grippe et déguste lentement son premier repas. Il rejoint notre table et nous explique qu’il travaille dans une ferme, via le site internet « work away ». En échange, il est logé et nourri. Il prend ainsi à moindre frais une année sabbatique avant de poursuivre ses études pour devenir professeur d’espagnol

C’était son anniversaire deux jours plus tôt. Nous lui offrons son repas. Il est ravi !

avec Max

avec Max

21 mars 2019 vers Cajabamba avec Max 3 (Large)

 

 

Vendredi 22 mars : 57 kms – Huamachuco – capitale de la province de Sanchez Carrion – département La Libertad – alt : 3269m – env 40 000 habs – situé sur le versant est des Cordillères des Andes dans une haute vallée andine

 

Quarante cinq kilomètres de montée !

Notre route passe par la lagune Sausacocha, qui, sans la pollution qui la dénature (véritable déchetterie sur l’eau) serait sûrement très belle. Nous y faisons une courte halte boisson chaude.

Lorsque nous arrivons à Huamachuco, moins de dix kilomètres plus loin, c’est, comme souvent à partir du milieu de l’après midi, fin de saison de pluie oblige, le déluge. Nous sommes trempés de chez « Trempé » et transformons notre chambre d’hôtel en étendoir à linge géant. Transis de froid, claquant des dents, nous nous glissons tout habillés sous les épaisses couvertures de laine. Pas question de sortir pour dîner, les restes de pâtes du midi agrémentés de pain et de miel avalés à la va vite à même le lit feront l’affaire.

Il est aux alentours de vingt heures trente lorsque, incapables de nous réchauffer et toujours grelottants, nous finsons pas nous endormir.

picnic à côté d'une maison qui nous nous autorise à nous servir en eau au robinet de leur jardin

picnic à côté d’une maison qui nous nous autorise à nous servir en eau au robinet de leur jardin

22 mars 2019 vers Huamachuco 6 B (Large)

22 mars 2019 vers Huamachuco 1 B (Large)

 

Samedi 23 mars : 36 kms – arrêt avant le carrefour pour Trujillo – alt env 3000 mètres

 

Nous nous levons tard, vers sept heures trente. Moi, reposée, Maurizio toujours fatigué.

Nous sommes incertains de la suite à donner à notre route. Nos avis divergent. Nous avons le choix soit de bifurquer vers le pacifique, via Trujillo, plus long en kilomètres mais plus facile et plus rapide, soit de continuer à travers les Andes, plus court , plus difficile mais bien plus beau.

Il nous faut prendre une décision avant d’atteindre le carrefour. La prochaine nuit portera sûrement conseil, du moins on l’espère…

En attendant nous faisons un saut au marché pour tout d’abord prendre notre petit déjeuner et pour ensuite acheter fruits, légumes et fromage frais. Une règle d’or : toujours avoir de quoi faire fasse à une immobilisation imprévue. On ne sait jamais ce que la route peut nous réserver comme surprise.

 

Nous sommes arrêtés à un stand de jus de fruits frais, au cœur du marché couvert. Alors que Maury déguste une boisson chaude et sucrée à base de Quinoa et bien que je ne comprenne pas grand chose aux explications de la marchande, je me laisse tenter par un cocktail rose bonbon.

Je ne regarde pas le début de la préparation et grande est ma surprise au moment où je tourne la tête de la voir ajouter dans le shaker une rasade de bière brune Cusquénia (qui lui a dit que c’était ma préférée!?), un œuf entier, une cuillère de miel et deux ingrédients mystères issus de fioles sans nom..

Les deux femmes, rondouillardes et vêtues de la traditionnelle tenue locale aux couleurs vives, m’observent goûter la première gorgée de cette mixture, le sourire aux lèvres.

Je me lance…Mais…c’est que c’est bon !

Puis nous reprenons  la route. Vers le milieu d’après midi le temps tourne à l’orage. Cela gronde fort derrière nous et devant nous le ciel noircit. Nous n’en avons plus pour très longtemps avant d’atteindre le carrefour mais cela fait des kilomètres que nous pédalons sans rencontrer âme qui vive et nous ne sommes pas certains d’y trouver un abri. Aussi, ne tenant pas à nous prendre la saucée, nous préférons nous mettre en quête d’un abri où passer la nuit, aussi précaire soit-il.

Notre bonne étoile est avec nous !
Les imperméables enfilés, nous accélérons notre allure quand, tout à coup, sur notre droite, à une petite centaine de mètres de la route se dresse une ferme. Ni une, ni deux, nous empruntons le chemin qui y mène. Deux portes d’entrée se trouvent du côté opposé à la route. La première est fermée à clé par un cadenas, la deuxième est simplement maintenue accrochée à l’aide d’un fil de fer, que Maurizio s’empresse de défaire. L’intérieur est sombre, sans autre ouverture. Au fond, sur un sol de terre battue, un amas de petit bois entouré de pierres attend l’étincelle qui va lui donner vie. A l’entrée, sur la gauche, un banc soutenu par des sacs de ciment et, dans son prolongement, une table. Au fond, sur la droite, une alcôve ouvre sur une autre petite pièce . Au plafond, un trou d’homme mène à une mezzanine. L’échelle qui en permet l’accès, couchée au sol, pèse un âne mort. Nous ne la relevons pas. Grimpée sur une chaise bancale, sur la pointe des pieds, le corps tendu au maximum, je lorgne à l’intérieur. Je n’en aperçois qu’une petite partie, éclairée par un puit de jour. Un matelas est posé à même le sol le long du mur gauche et un casque de chantier orange est suspendu à un clou sur le mur opposé. Le tout est simple mais propret et rangé. Sûrement un abri occasionnel.

Nous décidons de n’utiliser que la première pièce. Alors que Maurizio s’affaire à installer la tente, je m’en vais inspecter les alentours. Et là, heureuse découverte ! En contrebas coule un petit ruisseau autour duquel et même dans lequel des herbes ont poussé. A proximité, sur le sol irrigué, des petites fleurs jaunes s’épanouissent. Je cours annoncer à Maurizio ma découverte puis m’empresse de rassembler nos bouteilles vides. Les bouteilles immergées, quelle n’est pas ma surprise de voir de tous petits poissons noirs onduler dans cette eau peu profonde ! Je n’ai aucun doute, l’eau ne peut qu’être de bonne qualité.

Le déluge s’abbat lorsque je franchis la porte. Juste à temps ! Nous terminons l’installation de notre bivouac : réchaud posé à même le sol dans le coin gauche de la pièce, ustensiles, nourriture et bouteilles d’eau sur la table, lampe solaire suspendu à l’aide d’un tendeur au tour d’une poutre, deuxième banc de fabriqué avec quelques planches et  jeu d’échec déployé sur un billot de bois, face au premier banc. Puis nous nous offrons le luxe (eau à volonté oblige) de préparer un bon café chaud que nous sirotons face à la porte, observant la pluie et la nuit tomber.
A voix haute je nous félicite d’avoir pensé à remplir notre bonbonne d’essence qui sert à alimenter notre réchaud avant de quitter Huamachuco, ce matin.

J’adore ce campement, la quiétude et la félicité qui s’en dégagent. Nous n’allumons pas le feu de bois, trop dangereux. Nous laissons nos vélos à l’extérieur, le long du mur, protégés de la pluie par l’avant toit. Et si quelqu’un d’autre arrive, nous sommes convaincus qu’il n’y aura pas de problème.

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Dimanche 24 mars : 49 kms – Cachicadan – alt : 2884 m – env 7000 habs -

Ce sont tout d’abord trente kilomètres de piste, tout en descente, qui nous attendent. Le paysage est spectaculaire, une de mes routes préférées. Puis nous retrouvons l’asphalte et traversons de nombreuses forêts d’Eucalyptus qui parfument agréablement notre chemin. L’Eucalyptus est utilisé dans cette région du Pérou à la fois pour la construction et pour alimenter les cuisinières à bois. Mais les déforestations engendrées par ces plantations représentent un réel problème écologique.

Comme les jours précédents, un déluge s’abat en fin d’après midi.

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ferme typique

ferme typique

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récolte des pommes de terre

récolte des pommes de terre

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début de la route non asphaltée

début de la route non asphaltée

 

Lundi 25 mars : 44 kms – Santa Clara de Tulpo – alt : 3135 mètres – environ 500 habitants

 

L’étape d’aujourd’hui se déroule en totalité sur une piste, plus ou moins en bon état. Tout d’abord cela descend, puis s’en suivent douze kilomètres de montée, et treize de descente, avec traversée à gué de rivière. Peu après notre lunch dans le village de Angasmarca, alors que nous sommes arrêtés en bord de chemin pour prendre des photos, Maurizio me lance :

  • « Regarde ! Un cyclotouriste ! ».

Effectivement ! Il s’agit de Christian, trente sept ans, Espagnol de Valence, ingénieur agronome de profession, parti ce matin, comme nous, de Cachicadan. Il avait repéré nos vélos sur le balcon de notre hôtel et s’attendait à nous rencontrer.

Christian a démissionné de ses fonctions pour entreprendre un long voyage démarré il y a maintenant vingt et un mois d’Alaska. Son objectif est tout d’abord d’atteindre Uhuaïa. Après, il verra.

Nous faisons tous les trois étape pour la nuit à Santa Clara de Tulpo. Alors que nous optons pour une chambre dans le seul hostal du village, lui, cherchant un endroit où planter sa tente, finit par se faire héberger au domicile d’un couple de paysans. Ambiance plutôt rustique avec la présence d’un cochon à l’intérieur même de la cuisine au sol de terre battue ! Mais ces gens, qui vivent de la manière la plus simple qui soit, partagent sans hésiter leur frugal dîner et lui servent, avant son départ le lendemain matin, un bol du traditionnel ‘caldo’, soupe chaude dans laquelle baigne un morceau de poulet.

Cachicadan

Cachicadan

Santa Clara de Tulpo

Santa Clara de Tulpo

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Santa Clara de Tulpo

Santa Clara de Tulpo

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Mardi 26 mars : 39 kms – Shindol – département Ancash – alt : 2706m – tout petit hameau

 

Image : On croise une voiture, défoncée, qui arrive à vive allure. Un père de famille est au volant. Son fils, d’une dizaine d’années, est assis à ses côtés sur le siège passager. Aucun des deux n’est attaché. Il n’y a pas de pare-brise avant. Le garçonnet se dresse, passe le buste à travers son emplacement et agite la main pour nous saluer.

 

C’est ensemble que nous prenons la route ce matin là. Je ne suis pas au mieux de ma forme. J’ai la nausée depuis le petit déjeuner.
Nous faisons une étape ravitaillement au village de Mollepata, situé à 2677m d’altitude. Là, on nous fait savoir qu’il se trouve un tout petit musée, le musée de l’Inca, fort intéressant à voir et ouvert à la demande. Ma fois, pourquoi pas ! Nous attendons une dizaine de minutes devant la porte et c’est le directeur du collège en personne qui vient nous ouvrir. Quelle surprise ! Nous entrons dans une petite salle sombre au sol de terre battue d’à peine dix mètres carrés. Et là, entreposés sur des étagères où posés à même le sol, des ossements et des momies appartenant à la civilisation Uchus, précieux trésors en attente de prise en charge et de datation par des scientifiques depuis leur découverte il y a une quarantaine d’années.

26 mars 2019 Mollepata musée  100 B

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A la sortie du village, la piste, en vue d’être goudronnée, est tout en chantier sur les quelques kilomètres qui descendent à la rivière. Des hommes provoquent des éboulis et il nous faut attendre que les déblaiements se fassent. Nous patientons ainsi dans la poussière et la chaleur une bonne demi-heure la première fois et une bonne heure et quart quelques virages plus bas. Nous avons tout le loisir d’observer les nombreux lacets qui nous attendent sur le flanc opposé , du départ de la rivière jusqu’à la crête. Bon sang, qu’est ce que ça grimpe ! Pas le choix, il nous faut remonter tout le dénivelé descendu jusque là. La route est asphaltée mais certains lacets vraiment raides. Je suis toujours nauséeuse et à part quelques fruits je suis incapable d’avaler quoi que ce soit. Je fatigue. Christian, quand à lui, est maintenant loin devant nous.

 

Je déclare forfait au petit hameau de Shindol, situé à dix kilomètres de Pallasca, notre étape initialement prévue. Dix kilomètres de montée représentent pour nous environ deux heures de vélo et je m’en sens incapable. Des villageois nous font dire que Christian a fait étape ici un bon moment avant de poursuivre son chemin. Il a du se lasser de nous attendre… On nous indique une maison où un couple de vieux paysans loue des ‘chambres’, ou plutôt des paillasses, pour dix soles la nuit (environ trois euros). En Colombie, pour ce prix, nous avions une chambre correcte et sanitaires privés. Là, douche et wc sont sur le palier en terre battue.

 

Il était convenu que dès le retour du mari de notre logeuse on nous installe un deuxième petit lit, celui meublant la pièce étant trop petit pour nous deux. Le mari rentré à la maison, tous deux s’asseyent tout d’abord autour de la table avec nous. Notre équipement les étonne : mini réchaud, marmite et gobelets pliants.. Ils sont curieux. Nous échangeons sur notre voyage, leur vie de paysans, au Pérou.

  • « Avant, tout était de bonne qualité. Aujourd’hui, dans les champs, tout est traité ou modifié génétiquement, les poulets élevés aux hormones », se plaint la dame. « Nous cultivons à part une petite parcelle, juste pour notre consommation personnelle, dans laquelle nous n’utilisons aucun produit chimique. On a aussi quelques volailles nourries au grain».

 

Puis la conversation revient sur notre itinéraire du lendemain et tous deux nous mettent en garde : deux routes sont possibles pour rejoindre Yuramarca mais il semble que la plus courte, prévue initialement et passant par la « Cabana », ne soit pas des plus faciles. Une large rivière est à traverser à gué et le niveau de l’eau, en cette fin de saison des pluies, est très haut, nous explique le monsieur en mettant sa main au niveau de la poitrine. Nous ne pourrons pas passer.

Nous révisons donc notre itinéraire ; l’autre route, légèrement plus à l’ouest, est plus longue mais directe et tout en descente jusqu’à Chuquicara. Le seul hic, c’est que Christian, qui doit être rendu à Pallesca à l’heure qu’il est, ne le sait pas et risque de partir pour la Cabana, comme convenu. Et pas de possibilité de le joindre…

 

Au bout d’une petite heure de discussion, au moment de procéder à l’opération de rajout de literie (qui d’ailleurs me laisser plus que sceptique depuis le début, vue la largeur de la porte et son emplacement sous la cage d’escalier), subitement le ton change et les prix flambent ! On nous demande dix solès de plus pour un matelas ou lit supplémentaire et dix autres pour la fourniture des draps !

Ben voyons…

Je remets poliment mais fermement cette gentille dame à sa place en lui faisant remarquer qu’une  parole, c’est une parole. Après, cela relève de la malhonnêteté. Maurizio m’approuve et en remet une couche. La dame, en bougonnant, consent pour les draps. Mais pour le deuxième lit c’est une autre histoire.. Son mari, passif, nous observe jusqu’à ce qu’elle finisse par admettre qu’effectivement c’était convenu ainsi. Mais le problème est que transférer un lit ou un matelas dans cette chambre relève d’une équipe de déménageur. Tous deux le savent bien..

 

  • «  Vous ne croyez pas qu’il est bien plus simple que Maurizio occupe l’autre petite chambre, en face ? » leur fis-je remarquer.
  • «L’autre chambre ? Oui, mais pour dix soles de plus ! ».

  • « Dix soles de plus ? Mais c’est la même chose, que le lit soit là ou en face ! Et cela vous donne moins de travail ! »

La dame ne démord pas et nous regardons le couple de petits vieux brasser du vent pendant une bonne quinzaine de minutes.

  • « Madame, je vous assure. C’est bien plus simple si mon ami occupe l’autre chambre !Vous vous fatiguez pour rien ».

Ils finissent par capituler..

Qui tente rien n’a rien.

Maurizio s’affaire à cuisiner le traditionnel plat de pâtes vespéral que je mange avec appétit. C’est que depuis le matin je n’ai rien dans le ventre, à part quelques fruits et un Coca Cola bu au hameau pour enrayer mon envie de vomir.

Après la partie d’échecs qui s’en suit (je me fais battre à plates coutures), fatiguée mais repue, je me glisse à l’intérieur de mon duvet (les couvertures et draps fournis sont plutôt crasseux). Mais alors que je sommeille, une violente nausée revient à la charge. Le temps de m’extraire de mon sac à viande et du duvet, je n’ai pas le temps d’atteindre les toilettes. Un premier jet souille le sol sous la cage d’escalier et je régurgite le reste devant la porte d’entrée, à côté d’un robinet d’eau judicieusement bien placé. Tout le repas y passe… Je nettoie sommairement et retourne me coucher, fiévreuse. Mais un morceau de vomi coincé à l’entrée de l’oesophage m’empêche de garder la position allongée, faisant remonter des sucs acides. J’ai beau me racler la gorge, impossible de l’expulser. Je passe ainsi, pendant un temps interminable, fatiguée et fébrile, de la position allongée à la position assise avant de réussir à recracher le morceau qui finit sa course au pied du lit. Libérée ! Je compte sur les petites bébêtes pour le faire disparaître pendant la nuit et retourne à l’intérieur de mon duvet, soulagée.

Au petit matin Maurizio entre dans ma chambre pour me réveiller. Alors que je lui relate mon début de nuit agitée il s’exclame :

  • « Ah !! C’est toi ! Je me demandais ce que c’était, ce semblant de soupe sur le sol !».

Et de prendre le jet d’eau pour nettoyer le tout.

26 mars 2019 Shindol 14 B

26 mars 2019 Shindol 5 B

26 mars 2019 Shindol 6 B

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Mercredi 27 mars : 95 kms – Estacion Chuquicara – 500m altitude

Je me sens beaucoup mieux, bien que très légèrement barbouillée. Nous grimpons les dix kilomètres qui nous séparent de Pallasca (3100 m d’altitude) et, alors que, vers les neuf heures trente, nous arrivons en haut de la dernière côte, aux portes de la ville, nous tombons nez à nez sur Christian, vélo chargé, qui s’apprête à bifurquer pour la Cabana. Juste à temps !

La veille, après nous avoir attendu près d’une heure à Shindol, il a ensuite continué jusqu’au pied du village où il a été hébergé à l’intérieur de la paroisse. Fatigué, il a préféré affronter l’ultime petite côte après une bonne nuit de sommeil. Des villageois lui ont offert ce matin le petit déjeuner et c’est juste après que nous l’interceptons.

Nous prenons le temps de discuter autour d’un verre de jus de fruits frais avant de poursuivre.

Mis à part deux véritables murs à passer, heureusement courts, la traversée d’un petit cours d’eau et vingt kilomètres de raide descente, la route ondule doucement le long du rio.

Notre itinéraire traverse des hameaux en partie abandonnés qui vivaient autrefois de l’exploitation de mines de charbon. Le vent se lève en début d’après midi dans le canyon Conchuco et forcit progressivement.

Nous arrivons à la Estacion Chuquicara, hameau étendu à plat à une croisée de chemins : vers l’ouest la route rejoint la ville de Chimbote, au bord du pacifique, à l’est la ville de Yuramarca, située dans les Andes.

Des commerces sont installés sur environ un kilomètre de chaque côté de la route : restaurants, stands de fruits et légumes, quelques maisonnées, une station service et un hostal. C’est tout. Des herbes et des détritus maltraités par le vent sifflant virevoltent à travers la route. L’hostal, attenant à un petit restaurant, est fait de bric et de broc. Les chambres sont de vraies cages à poules, sans fenêtre, sans confort et sales. Une des portes, simple planche de bois rongée par les intempéries, s’effondre face contre terre lors d’une bourrasque ! Nous n’en revenons pas ! La deuxième chambre a quant à elle sa porte ouverte et calée par deux sacs de ciments. Rien ne nous dit qui vaille…

On négocie : on dresse la tente sur le petit parking, on utilise douche froide et toilettes (dont je vous laisse imaginer l’état de propreté) et en contrepartie on dîne sur place. Marché conclu pour trois soles chacun (un peu moins d’un euro), pour la douche.

27 mars 2019 vers Chuquicara 34 B

27 mars 2019 vers Chuquicara 36 B

27 mars 2019 vers Chuquicara 30 B

27 mars 2019 vers Chuquicara 25 B

27 mars 2019 vers Chuquicara 21 B

pause déjeuner

pause déjeuner

27 mars 2019 vers Chuquicara 9 B

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cueillette de fruits sauvages "huahua"

cueillette de fruits sauvages « huahua »

estacion chuquicara

estacion chuquicara

28 mars 2019 Caraz 28 B

28 mars 2019 Caraz 30 B

 

 

Jeudi 28 mars : 55 kms – Yuracmarca – région d’Ancash – alt : 1518m – env 2000 habitants

Traversée du cañon del Pato, étroit goulet creusé au fil du temps par le rio Santa entre les deux cordillères.

Et bien, là, ça monte, mais doucement, le long du Cajeron del Pato. Nous traversons de nouveau d’anciens villages miniers et d’autres, minuscules, qui paraissent toujours en activité.

Arrivés à Yuramarca, nous prenons tous les trois une chambre à l’entrée de ce joli village perché. Il est l’heure de l’apéritif, la lueur décline, des enfants jouent au ballon dans l’unique rue traversante et nous refaisons le monde autour d’une bonne bière, ma foi, bien méritée !

28 mars 2019 Caraz 20 B

28 mars 2019 Caraz 13 B

28 mars 2019 Caraz 12 B

28 mars 2019 Caraz 11 B

mine de charbon

mine de charbon

pause lunch - il nous faut cuisiner car le restaurant ne sert des plats que le soir, grâce à un groupe électrogène. Le jour, pas d'électricité..

pause lunch – il nous faut cuisiner car le restaurant ne sert des plats que le soir, grâce à un groupe électrogène. Le jour, pas d’électricité..

28 mars 2019 Caraz 15 B

28 mars 2019 Caraz 5 B

28 mars 2019 Caraz 3 B

 

 

Vendredi 29 mars : 54 kms – Caraz – env 12000 habs – alt 2900m – une crevaison pour moi

Ville touchée par le tremblement de terre de 1970.

Le téléphone Péruvien fonctionne plutôt bien : de stand en maison, le bruit court que nous recherchons du miel de montagne. On vient nous le livrer à notre chambre, juste avant notre départ !

Vélos chargés, je ne parcours pas cent mètres que je crève ! Zut… Les premiers kilomètres sont en descente et les garçons déjà hors de vue. Ils vont encore se demander ce que je fabrique… Tant pis.

Je m’installe dans un renfoncement au bord de la route, désarme le vélo et le retourne, les deux fers en l’air. C’est la roue arrière le problème. Le pneu est en mauvais état. Je le sais depuis Santa Clara de Tulpo et pensais arriver au bout du voyage comme ça… Trop optimiste, sur ce coup ! Le pneu, au départ mâché sur trois centimètres, est maintenant déchiré. Si je me contente simplement de remplacer la chambre à air, je cours le risque d’une très prochaine crevaison. Je suis capable de renforcer le pneu, pour avoir vu Maurizio le faire deux jours avant notre arrivée à Ushuaïa, deux ans plus tôt. C’est aussi ma roue arrière qui avait donné des signes de faiblesse et avec un morceau de bouteille plastique découpé et ajusté pour former une attelle, scotchée à l’intérieur du pneu, le tour avait était joué !

Mais pour éviter de faire attendre Maurizio et Christian trop longtemps j’opte pour le simple remplacement de la chambre à air. Je réparerai mieux lorsque je les aurai rejoins.

C’est au moment précis où je finalise le remplacement que surgissent de derrière le muret les deux garçons ! En fait, ils se sont arrêtés deux virages plus bas pour prendre des photos et, ne me voyant pas arriver, ont deviné que mon pneu avait lâché. Maury se lance aussitôt dans la réparation sous les yeux étonnés de Christian qui ne connaissait pas le truc. Trente minutes plus tard nous reprenons la route. Le rafistolage tiendra jusqu’à la fin de notre périple.

Christian a un contact à Caraz. Il s’agit de Luis, hôtelier, qui possède une finca (propriété) dans la ville. Il la prête aux gens de passage en échange de menus travaux. Pour nous, c’est juste comme ça. Nous faisons ainsi la connaissance de Camille, française, à la finca depuis une quinzaine de jours, ainsi que de Guilhem et Gabriella, couple Urugayen-Vénézuélien, là depuis un mois.

Ce soir, c’est pizza partie en compagnie de Luis et autre amis. Mais la journée a été longue. Je m’excuse, me lève de table la première et rejoins notre tente, à l’autre bout du jardin.

29 mars 2019 Caraz 8 B

cañon del Pato

cañon del Pato

en chemin Christian s'arrête photographier une belle… tarentule !

en chemin Christian s’arrête photographier une belle… tarentule !

29 mars 2019 Caraz 1 B

30 mars 2019 Caraz 8 B

30 mars 2019 Caraz 10 B

 

Samedi 30 mars : Relax !

Caraz

marché de Caraz

lunch au marché

lunch au marché

vente ambulante de pain

vente ambulante de pain

31 mars 2019 Caraz 4 B

31 mars 2019 Caraz 2 B

31 mars 2019 Caraz 1 B

 

 

Dimanche 31 mars : Lagune Paron – nuit refuge à 4200m altitude – seuls dans le dortoir

La laguna Paron est le plus grand lac de la cordillera Blanca. D’une longueur de trois kilomètres sur sept cents mètres de large, elle fait face à un imposant cirque de montagnes aux pics enneigés.

Ce n’est pourtant pas faute d’en avoir parlé tous ensemble, la veille. Maurizio tombe des nues lorsque le taxi qui nous mène à l’entrée du parc national Huarascan lui lance :

  • « Prêt pour marcher quinze kilomètres ? »

  • « Non !!! Quinze kilomètres c’est beaucoup trop ! » lui rétorque-t-il .

  • « Ben, bien sûr que si ! » je réponds à mon tour. « On en a pour trois heures de marche depuis l’entrée du parc jusqu’au refuge ».

Maurizio nous dévisage l’un, l’autre, croyant à une plaisanterie. Cela m’étonnait, aussi, qu’il accepte de venir, lui qui ne marche pas du tout. Vu que ses lectures se résument aux réseaux sociaux et aux informations (rien d’autre, pas même de guide touristique) et qu’il n’a du écouter que d’une oreille la conversation de la veille, il devait penser que le taxi nous déposait directement au pied de la lagune!!

Se sentant un peu ridicule, il me demande juste si j’ai pensé à prendre de l’ibuprofène, en cas de maux de têtes dus à l’altitude. Bien sûr que oui, j’y ai pensé, moâ ! Je ne pars pas à l’aveuglette !

Mauvais pied, mauvais œil, il est à la traîne. Christian s’étonne de l’inversion de rythme entre le vélo et la marche, aussi bien pour moi, d’habitude à la traîne que pour Maurizio, d’habitude en tête. Il est vrai que ce ne sont pas les mêmes muscles qui travaillent… Pour la première fois Christian et moi avançons d’un même rythme rapide, nous arrêtant seulement de temps en temps pour attendre Maurizio. Mais au bout de cinq petits kilomètres celui-ci déclare forfait. Il préfère attendre au bord du chemin qu’un van touristique passe et le prenne au passage. Il est chanceux, il nous double une demi-heure avant notre arrivée.

Nous transportons avec nous un casse croûte froid pour le lunch et le dîner (j’ai préparé à cet effet une grosse salade de quinoa la veille du départ), ainsi que du pain, fromage et biscuits. En effet, personne n’a pu nous confirmer si le refuge faisait aussi restauration. Bien nous en a pris car le petit snack sur place tenu par le gardien du refuge et son épouse est en rupture de tout ! Plus d’oeufs, ni de maïs, ni de riz, ni…, ni… Seules des infusions d’herbes locales et du thé de coca sont disponibles. Cela réchauffe, mais cela ne nourrit pas.

31 mars 2019 Laguna Peron 7 B

01 avril 2019 Laguna Paron 7 B

01 avril 2019 Laguna Paron 5 B

01 avril 2019 Laguna Paron 4 B

01 avril 2019 Laguna Paron 2 B

01 avril 2019 Laguna Paron 1 B

01 avril 2019 Laguna Paron 12 B

01 avril 2019 Laguna Paron 11 B

Lundi 1er avril : retour à Caraz

Un couple de jeunes argentins arrivés en van la veille à la tombée de la nuit au bord de la lagune nous redescend jusqu’à Caraz. Pour les remercier nous les invitons à partager un ceviche à un stand ambulant près du marché.

Mais la descente en voiture a été rapide et la migraine, s’installant progressivement, m’oblige à m’allonger dès notre retour à la finca. Je reste ainsi couchée jusqu’au lendemain matin.

C »est au tour de Maurizio d’être malade durant la nuit. Lui est pris de violentes diarrhées ; le seul à être incommodé..

01 avril 2019 Caraz Ceviche 2 B

stand ambulant de Ceviche

stand ambulant de Ceviche

 

 

Mardi 02 avril : dernier jour à Caraz

On se la joue tranquille. Je consacre une heure à l’entretien de mon vélo, répare trois chambres à air que j’avais en attente et passe le reste du temps à trier mes photos et à la rédaction du blog.

Ce dernier soir nous dînons tous ensemble. C’est Camille qui se charge de la cuisine, et elle y consacre une bonne partie de la journée. Au menu belle salade composée avec des champignons, purée de Yuca gratinée, mousse au chocolat et deux bouteilles de vin Chilien. Merci Camille, c’était délicieux !

Maurizio souffrant toujours d’une mauvaise courante ne dormira pas de la nuit. Par la force des choses, moi non plus.

Mercredi 03 avril : 40 kms – Carhuaz – alt : 2256m – env 25 000 habitants

Le rio Santa, un des fleuves les plus importants du Pérou, s’écoule en contrebas de la ville.

Maury ne souhaite pas repousser son départ. Mais son état de fatigue fait que nous faisons étape à mi-chemin. Huaraz, notre ultime étape, sera pour demain.

Jeudi 04 avril 2019: 30 kms – Huaraz ! – 5519 kms – Terminus, tout le monde descend !

Altitude : 3100m – environ 130 000 habitants

Capitale de l’amitié internationale suite à l’attention et à l’appui du monde entier après le séisme de 1970 , Huaraz se localise dans la partie centrale de la cordillère des Andes péruvienne, à quatre cents kilomètres de Lima par la route, au centre du département de Ancash, sur la rive droite de la rivière Santa dans la vallée Callejon de Huaylas.

C’est la cordillère Blanca (recouverte de neige) et la cordillère Negra, chaînes de montagnes imposantes qui forment cette vallée aux paysages d’une beauté remarquable.

Le département Ancash comporte également des sites archéologiques pré-incas.

En 1970 un séisme détruit la ville de Huaras ainsi que d’autres telles que Yungay et Caraz. Les dégâts furent énormes, tant en vies humaines (70 000 morts dans toute la vallée) qu’en dégâts matériels.

Il est onze heures trente lorsque nous atteignons Huaraz. Nous trouvons sans difficultés notre hostal repéré sur mon guide touristique. Nous nous y installons pour la modique somme de cinq euros soixante la nuit, petit déjeuner inclus (nuit en dortoir de sept lits privatisé pour nous deux car nous sommes en basse saison, douche chaude, wifi, cuisine équipée, et roof top ). Lunch avalé, une moto- taxi nous dépose devant un guichet d’une compagnie de bus. Nous réservons pour la somme de 16,40 euros chacun deux sièges couchettes : départ le mardi 09 à 22h50 de Huaraz  – arrivée Lima vers 6h00 le lendemain matin. Billets en poche, nous nous mettons en quête de boîtes à vélo. A défaut de boutiques spécialisées, nous trouvons notre bonheur dans un magasin d’électroménager. C’est une voiture taxi qui nous ramène à notre hostal avec notre chargement.

Pour célébrer notre efficacité et trinquer à notre fin de voyage, ce soir c’est Pisco sour, pizza et bière artisanale dans le quartier touristique de la ville !

vue depuis le toit terrasse de l'hostal

vue depuis le toit terrasse de l’hostal

05 avril 2019 Huaraz 1 B

 

 

Vendredi 05 avril : Huaraz – repos

centre ville

centre ville

08 avril 2019 Huaraz 1 B

 

 

Samedi 06 avril : 36 kms – Lagune Wilcacocha – altitude 3750m – cordillère Negra

A la tombée de la nuit des meutes de chien règnent en maîtres dans les ruelles, traquant et déchiquetant les poches poubelles déposées sur les trottoirs, à l’affût de nourriture.

Dernier tour de vélo et magnifique ballade ! C’est que nous sommes chanceux depuis notre arrivée ; le ciel est bleu et le soleil brille durant la journée. Le soir la température descend, histoire de nous rappeler que nous sommes à 3100 mètres d’altitude.

06 avril 2019 Lagune Wilcacocha 12 B

06 avril 2019 Lagune Wilcacocha 11

06 avril 2019 Lagune Wilcacocha 8 B

06 avril 2019 Lagune Wilcacocha 7 B

06 avril 2019 Lagune Wilcacocha 4 B

Dimanche 07 avril : Huaraz

Nous déjeunons dans la rue du marché Jose Olaya, seule rue restée intacte après le tremblement de terre de 1970. Beaucoup de Huaracinos s’y retrouvent le dimanche midi, seul jour d’ouverture de ses restaurants, pour déguster, en famille, des spécialités locales.

Pour ma part je déguste un Pachamanca, énorme plat composé de humitas (semoule de maïs sucrée cuite à l’intérieur d’une feuille de bananier), d’un tamales (toujours selon le même procédé mais cuit avec des épices, des olives et du poulet), de trois beaux morceaux de viande (poulet, porc et lapin) épicés à la mode indienne cuits de la même façon, d’une grosse pomme de terre traditionnelle vapeur, d’une autre à la texture et au goût de châtaigne, d’un demi épi de maïs et des fèves..Un gargantuesque régal ! Quant à Maurizio il opte pour du lapin en sauce. Pour accompagner le tout, un pichet de Chicha mojada, boisson non alcoolisée fabriquée à base de maïs violet, l’une des diverses variés de maïs péruvien.

La digestion terminée, nous nous attaquons au démontage de nos vélos.

18h00 : Les boîtes sont fermées et filmées…

rue du marché Jose Olaya

rue du marché Jose Olaya

Madame la cuisinière au repos...

Madame la cuisinière au repos…

Pachamanca

Pachamanca

 

Lundi 08 avril : ceviche au marché couvert de la ville et repos

Mardi 09 avril : Dernier jour à Huraz – 22h50 : départ en bus de nuit pour Lima

Autres bagages pliés. Déjeuner dans un restaurant végétarien. Change d’un peu d’euros au marché noir de la ville (3,70 soles pour 1€).

Il est aux alentours de 17h30 lorsque nous recevons un message de nos copains allemands, Claudia et Michael. Ils viennent d’arriver à Huarraz !
Notre dernier diner sera en leur compagnie !

09 avril 2019 Huaraz avec Michael et Claudia B


Posté le 21 mars 2019 - par lesmichesenavant

Du 11 au 19 mars 2019 : de Chachapoya à Cajamarca

Lundi 11 mars 2019 : 41 kms – Tingo Nuevo – camp de base pour Kuelap : civilisation Chachapoya

 

La route est facile et longe,au fond du canyon, le rio Utcubamba. Seuls les cinq derniers kilomètres grimpent. Nous arrivons vers les douze heures trente, contents de mettre à profit la demi-journée pour la visite du site archéologique et poursuivre notre route le lendemain matin.

 

La bourgade est petite mais touristique et trouvons immédiatement un logement. Là, surprise ! On nous informe que l’accès au site est fermé le lundi, contrairement à ce qui est indiqué sur notre guide touristique…Zut ! Pas le choix, nous partirons demain après la visite pour une simple demi étape.

12 mars 2019 Kualap ville Tingo Nuevo 26

 

Mardi 12 mars : Visite du site archéologique de Kuelap

 

Perchée à plus de trois mille mètres, sur une crête de montagne, Kuelap est non seulement l’un des plus beaux sites archéologiques des Andes mais également la plus impressionnante structure antique de pierre du continent (pierre calcaire de couleur jaune, liée par un mortier argileux, technique différente de celles des Incas). Cette vaste cité fortifiée, qui fut occupée grosso modo de 500 à 1570 après Jésus Christ, couvre une surface de sept hectares (en 600m de long sur 100m de large) et compta à son apogée environ trois mille habitants.

On dit qu’il fallut pour sa construction trois fois plus de pierres que pour la pyramide de Khéops !

L’intérieur se divise entre la ville haute, celle des élites, et la ville basse, celle du petit peuple.

 

Finalement nous décidons de visiter tranquillement le site et de passer une autre nuit ici. Nous rejoindrons demain, en une étape, la ville de Leymebamba et son célèbre musée aux deux cent dix neuf momies.

construction télécabine en juillet 2016 par un  consortium franco-péruvien

construction télécabine en juillet 2016 par un consortium franco-péruvien

12 mars 2019 Kualap civilisation Chachapoya 22 B

12 mars 2019 Kualap civilisation Chachapoya 24 B

12 mars 2019 Kualap civilisation Chachapoya 14 B

12 mars 2019 Kualap civilisation Chachapoya 13 B

12 mars 2019 Kualap civilisation Chachapoya 20 B

12 mars 2019 Kualap civilisation Chachapoya 12 B

12 mars 2019 Kualap civilisation Chachapoya 7 B

12 mars 2019 Kualap civilisation Chachapoya 6 B

12 mars 2019 Kualap civilisation Chachapoya 10 B

 

Mercredi 13 mars : 53 kms – Leymebamba – alt : env 2200m

 

Le musée de momies de cette belle petite bourgade regroupe plus de 2000 pièces archéologiques dont 219 momies retrouvées près de la lagune de « los condores » par des bûcherons il y a une vingtaine d’années.

 

Etape facile avec cette route qui longe le rio. A une pause jus de fruits frais au village de Hierbabuena nous apprenons que la route empruntée deux jours auparavant entre Chachapoya et Tingo Nuevo est fermée. La cause : un éboulement de terrain qui n’a heureusement fait aucune victime. On comprend mieux maintenant pourquoi si peu de véhicules circulent…

 

Mon problème majeur reste…les chiens. Je m’équipe d’un bâton supplémentaire car le sifflet ne suffit pas toujours… Ils se ruent sur nous en bande de trois, quatre, cinq, hargneux, enragés, aboyant à tout va. Certains choppent la roue arrière, ou bien le talon de la chaussure. Pas d’autre mal jusqu’à présent mais à chaque fois c’est un véritable cauchemar.

 

Arrivés à Leymebamba, après avoir fait le tour de quelques auberges, nous nous installons à l’hôtel « Virgin del Carmen ». C’est propre, grand, lumineux et bon marché. Seul bémol : il n’est pas possible d’utiliser la cuisine. Tant pis ! Maurizio, préposé aux pâtes, installe en habitué le réchaud à l’intérieur de la douche. Pour le reste, nous avons tout ce qu’il nous faut.

13 mars 2019 vers Leymebamba départ Kuelap 21 B

étendoir à oiseaux !

étendoir à oiseaux !

13 mars 2019 Leymebamba 19 B

13 mars 2019 Leymebamba 2 B

14 mars 2019 Leymabamba 1

13 mars 2019 Leymebamba 1 B

musée

musée

13 mars 2019 Leymebamba 2 B

13 mars 2019 Leymebamba 4 B

13 mars 2019 Leymebamba 5 B

 

 

Jeudi 14 mars : 96 kms – Balsas – env 1400 m de dénivelé – en route pour la traversée de la cordillère centrale Los Andes

 

Trente et un kilomètres de montée sans ‘tienda’, sans hameau. Seulement une maison à un endroit donné. Il fait froid et humide. Nous nous arrêtons et demandons s’il est possible de faire chauffer de l’eau pour un thé mais la cuisinière à bois n’est pas allumée. On nous indique une deuxième maison, juste après le virage. Là, c’est sûr, se sera possible.

Effectivement, de la fumée s’échappe de la cheminée. J’interpelle une jeune fille dans la cour, le bras en écharpe. Sa mère, longue natte et tenue locale, sort et m’invite à entrer dans la pièce de vie au sol de terre battue. Au fond de cette pièce, à gauche, la cuisinière à bois, crépitante. Pour tout mobilier, une table, un banc, quatre chaises dépareillées et sur le mur une affiche avec les règles de vie de la maison. C’est qu’avec quatre enfants et la promiscuité due à deux uniques pièces, la cuisine et une chambre non attenante, obéissance, tolérance et respect de chacun sont maîtres mots.

La marmite d’eau pour le riz est poussée sur le côté et ma petite casserole en titane déposée sur la partie centrale, au plus chaud de la flamme. J’entame une conversation. La jeune femme n’est pas craintive aussi je m’enhardis à demander si nous pouvons prendre le thé à l’intérieur. Elle a une seconde d’hésitation puis accepte. Je sors chercher Maurizio qui attend au bord de la route. Nous prenons place autour de la table et partageons nos biscuits. En retour elle nous propose un bol de riz blanc que nous refusons poliment. Avant de partir je laisse quelques petites pièces. Famille pauvre mais au grand cœur, comme souvent. La dame est ravie.

 

Nous franchissons le col de Calla Calla (prononcez « caya-caya ») situé à 3800 mètres d’altitude. Ensuite ce sont soixante cinq kilomètres de descente sans parapet qui nous attendent. Le panorama est spectaculaire, vertigineux, la vue sur les sommets avoisinants avec la lueur du couchant époustouflante. La route est tantôt asphaltée, tantôt de terre battue, boueuse, tantôt pleine de nids de poule. A certains endroits il nous faut traverser de petits ruisseaux, à d’autres la route est si étroite qu’une seule voiture à la fois peut passer.

Mon frein gauche commence à donner des signes de faiblesse. Je retends le câble ; il semble que le problème est solutionné. La pluie commence à tomber. J’ai les mains gelées.

 

Il est aux alentours de dix huit heures trente lorsque nous atteignons le petit village de Balsas. L’obscurité est en train de s’ installer. Des enfants ont tendu un filet de volley ball au début de la seule rue traversant le village dans l’axe nord-sud et une partie est engagée. Un joueur soulève l’extrémité gauche du filet pour nous laisser passer.

 

Trois petites auberges accueillent les gens de passage. Nous sommes surpris de découvrir que la première affiche complet. C’est qu’un deuxième pont est en construction et que les ouvriers logent dans la bourgade. La deuxième auberge est miteuse. Pas question d’y passer la nuit, mieux vaut planter la tente. C’est en revenant sur nos pas que nous tombons sur la troisième, mal signalée. Une chambre est disponible, simple mais propre, tout comme les sanitaires communs.

 

Il est dix sept heures trente lorsque finalement nous nous mettons à table. Nous sommes affamés et commandons en plus du plat principal un énorme saladier de frites. Et pour faire passer le tout, rien de tel qu’une bonne Cuzquenia, bière locale qui se décline aussi en  brune : notre préférée !

14 mars 2019 vers Balsa 21 B

14 mars 2019 vers Balsa 20

14 mars 2019 vers Balsa 13 B

14 mars 2019 vers Balsa 14 B

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14 mars 2019 vers Balsa 2 B

14 mars 2019 vers Balsa 1 B

14 mars 2019  vers Balsa 1 B

14 mars 2019  vers Calla Calla 5 B

14 mars 2019 Calla Calla 1 B

 

Vendredi 15 mars : 43 kms – Bivouac à 20 kms de la ville de Celendin

 

Dernières petites emplettes avant de quitter Balsas. Il est sept heures trente. L’épicerie est ouverte mais il n’y a personne. Je passe alors la tête à travers la porte de la maison attenante. L’intérieur de la pièce est jonché de feuilles vertes, étalées en vue d’être séchées. Il y en a partout : sur le banc, sur la table, sur le sol. Impressionnant ! Seul un passage de soixante centimètres est laissé dans la longueur pour permettre l’accès à une petite cour. J’interpelle la jeune femme qui s’y trouve. C’est bien sa boutique, et elle sort nous servir. Et elle me confirme : les feuilles sont bien des feuilles de coca.

 

Deux mille mètres de dénivelés positifs nous attendent. Mais vu la vitesse à laquelle nous grimpons, il est évident que nous ne pourrons pas atteindre la ville aujourd’hui.

 

A un restaurant de bord de route où nous faisons halte, alors que nous demandons au couple qui le tient s’ils ont connaissance d’un abri, un peu plus haut, où nous pouvons passer la nuit, on nous propose spontanément de nous installer sur la terrasse ! Mais il est juste le début d’après-midi et nous pouvons pédaler trois heures de plus. On nous indique alors une échoppe dans laquelle une dame vend du fromage frais, une vingtaine de kilomètres plus loin. Il y aurait là un toit sous lequel nous pourrions nous installer.

 

Les kilomètres défilent. Rien. Alors que nous en sommes à penser avoir dépassé l’endroit sans le voir, deux hommes attendent devant une maison inhabitée. Et là on nous renseigne : la dame qui vend du fromage ? Oui, c’est bien là, la maison juste derrière !

 

La fermière ayant saisi la conversation depuis son potager accourt avec un seau contenant deux beaux fromages frais que nous achetons sur le champ. A ma requête de passer la nuit sur place elle nous indique sans hésiter un bout de terrain. Mais celui ci est tout boueux, sans toit et le temps menaçant. Elle nous propose alors une pièce dans la maison fermée du bord de route. Elle sert occasionnellement de salle communautaire et elle en a la clé. Nous nous installons pour la nuit. Infiniment merci !

départ de Balsas

départ de Balsas

15 mars 2019 vers Celedin 31 B

15 mars 2019 vers Celedin 29 B

15 mars 2019 vers Celedin 24 B

pause casse croûte

pause casse croûte

15 mars 2019 vers Celedin 17 B

Nous venons de tout en bas, de la rivière

Nous venons de tout en bas, de la rivière

15 mars 2019 vers Celedin 7 B

15 mars 2019 vers Celedin 12 B

 

15 mars 2019 vers Celedin 11 B

15 mars 2019 vers Celedin 13 B

 

notre hébergement

notre hébergement

15 mars 2019 vers Celendin 1 B

 

Samedi 16 mars : 55 kms – Cruz Conga – fin de la traversée de la cordillère centrale des Andes

 

Image : une femme, longue tresse de cheveux noirs et costume traditionnel, pantalon noir et jupe violette, se tient au milieu d’un champ aux herbes rases. Dans sa main droite elle tient en laisse un petit cochon noir. Dans sa main gauche, plaqué contre son oreille, un téléphone portable rouge.

En fait nous étions juste à dix kilomètres du sommet… Ensuite cela descend jusqu’à Celendin. Mon frein gauche est maintenant totalement hors service et le droit au tiers de son efficacité. Pourtant les deux plaquettes ont été remplacées à Loja, en Equateur, et la purge du liquide hydraulique effectuée. Le travail a du être mal fait…

Il pleut. Nous nous arrêtons en haut de la côte prendre une boisson chaude ; une maison fait office de café-épicerie. Avant d’entamer la descente je rappelle à Maury que, faute de freins, je ne vais pas vite. Mais je ne fais pas cinquante mètres que je crève. Cela faisait longtemps ! Cette fois c’est ma roue arrière qui est à plat, une première pour moi. La technique est différente avec la chaîne, et Maury est déjà hors de vue.

Je pousse mon vélo sur quelques mètres jusqu »à un emplacement plus sécurisé et dépose mes sacoches au sol. Le vélo retourné, j’entreprends d’enlever la roue. Plus facile que je ne le pensais…Le pneu enlevé, la chambre à air sortie, je contrôle en le tâtant l’intérieur du pneumatique et ne remarque pas de suite la petite agrafe de plantée dans le revêtement, que j’ai tout le mal du monde à retirer, malgré l’utilisation de ma pince à épiler.

Quarante minutes sont maintenant quasiment écoulées. J’en suis à remonter la roue lorsqu’une moto taxi venant de la vallée s’arrête à mon niveau. Le conducteur en descend et m’informe qu’il a un message à me transmettre de la part de mon compagnon : celui-ci m’attend au terminal de bus !

Je sens le coup fourré, car depuis la veille, Maurizio n’a de cesse de répéter qu’il en a assez de grimper, que ce qui nous attend jusqu’à Cajamarca n’est encore que de la montée, et blablabla, et blablabla, ce à quoi je ne réponds pas, car je sais exactement où il veut en venir. On est samedi, jour où son équipe joue (Torino, surtout ne lui parlez pas de la Juve ), et demain, dimanche, c’est champions league.

 

Je remercie le chauffeur et termine de remonter mon vélo. La route est glissante et c’est plus que précautionneusement que je descends les dix kilomètres qui mènent à Celendin. A l’entrée de la ville je passe devant un atelier de réparation de vélo. Je m’y arrête. Après lui avoir exposé mon problème, l’homme me demande de repasser. Il y jettera un coup d’oeil, mais pour l’heure, il est occupé avec un client.

 

Je trouve sans problème le terminal d’autobus. Maurizio est là, sur le trottoir, en train de demander au serveur du restaurant d’à côté s’il y a la wifi dans l’établissement. J’avais vu juste… J’attends derrière lui qu’il se retourne, sans piper mot. A ma vue, il s’enquiert immédiatement de ce qui m’est arrivé. Il est surpris, il pensait qu’avec mes problèmes de frein j’avais abdiqué et décidé d’arrêter un véhicule pour descendre. Il ne pensait pas à une crevaison.

 

Quoiqu’il en soit, il s’est renseigné : cela nous coûte 10 solès chacun (env 3€) le passage jusqu’à Cajamarca, et autant pour le vélo. Bon prix, non, pour environ cent dix kilomètres de trajet ? Le bus part à 14h00 (il est aux alentours de onze heures). On peut même partir plus tôt en collectivo, si on le souhaite, pour quasiment le même prix.

 

Je le regarde droit dans les yeux :

  • « Je ne prends pas le bus. Je termine à vélo».
  • « Tu n’as plus de freins !
  • « Je dois repasser à un atelier vélo, un peu plus haut. Le gars doit y regarder ».
  • « Pas la peine je m’y suis arrêté. J’ai demandé pour toi et aussi pour mes freins. Il ne peut rien faire. Il n’a pas ce qu’il faut ».

(Les freins à disque de Maury sont un peu voilés et crissent ).

  • « Il y a un autre atelier, juste là, regarde. Je vais demander ».

(Il m’accompagne).

  • « Non, il n’y a aucune boutique qui peut vous faire ça ici. Il vous faut aller à Cajamarca ».
  • « Tu vois, je t’avais dit !! ».
  • « Mais dîtes moi, Monsieur, la route jusqu’à Cajamarca grimpe plus qu’elle ne descend, non ? ».
  • « Oui, tout à fait ! ».
  • « Donc je pense que j’ai assez de freins pour continuer ».

Maurizio ne cherche plus à me convaincre. Nous déjeunons et poursuivons notre route…à vélo.

 

Le village de Cruz Conga est tout plat. Nous sommes samedi après-midi. A l’entrée, sur la gauche, un immense bar restaurant dont les tables sont jonchées de cadavres de bouteilles de bière. Devant, des hommes chahutent et titubent. Zut, nous qui pensions demander refuge là… Nous passons sans nous arrêter. A quelques mètres, sur la droite, se dresse une auberge désaffectée. Une dame en train d’étendre son linge nous indique alors un particulier qui loue des chambres. Mais tout est complet… Maurizio me montre un espace sous une cage d’escalier où l’on peut s’installer. Mais avec tous ces pochtrons à proximité, cela ne me dit rien qui vaille. D’ailleurs, en voici un qui s’approche de lui, lui barrant la route et le prenant à partie. Maurizio le contourne et, pendant que nous prenons la tangente, le pochtron s’en retourne vers le bar et s’en prend à une jeune femme. On l’entend crier :

  • « Laisse moi tranquille, j’ai deux enfants ! ».

 

Pas de bonnes ondes, ici. Tant pis pour le toit, nous partons. Alors que nous prenons la direction de la sortie du village, un homme, la bouche, les lèvres et les dents verdis par des feuilles de coca qu’il est en train de mâchouiller, nous interpelle et nous demande ce que l’on cherche.

  • « Un abri ? Vous pouvez vous installer dans mon garage, si vous voulez !».

 

Sauvés !

Celendin

Celendin

16 mars 2019 vers Cruz Conga 2

16 mars 2019 vers Cruz Conga 2 B

 

 

Dimanche 17 mars : 76 kms – Cajamarca – alt 2750m – env 300 000 habs – capitale de la région du même nom.

 

Cajamarca est une jolie ville coloniale située sur les hauts plateaux du nord du Pérou. La ville est le siège du diocèse de Cajamarca, avec sa cathédrale Sainte Catherine.

 

En fait, il y aura deux descentes d’une vingtaine de kilomètres chacune. Je gère mon freinage à la perfection, ne me laissant pas emporter par la vitesse et anticipant les obstacles.

 

 

Nous arrivons de bonne heure et nous installons au cinquième étage d’un hôtel avec vue panoramique sur la ville pour huit euros chacun. Nous y passerons trois nuits.

19 mars 2019 Cajamarca 16 B

19 mars 2019 Cajamarca 12 B

19 mars 2019 Cajamarca 11 B

19 mars 2019 Cajamarca 1 B

19 mars 2019 Cajamarca 5 B

19 mars 2019 Cajamarca 3 B

19 mars 2019 Cajamarca 20 B


Posté le 11 mars 2019 - par lesmichesenavant

du 07 au 10 mars 2019 : de Bagua Grande à Chachapoya

Jeudi 07 mars 2019 : 55kms dont 50 de montée – El Cerezo -

 

Ce matin là Edgardo, dit « le Négro » et propriétaire de l’hôtel où nous avons passé la nuit, nous offre le petit déjeuner sur la terrasse de son appartement ; ambiance familiale et chaleureuse en compagnie de sa femme, de sa mère et de Lyonel, son fils de quatre ans.

 

C’est la panse bien pleine que nous nous élançons, un peu tardivement, vers les dix heures. Notre route traverse tout d’abord une vallée contenant d’innombrables rizières, puis se rétrécit de plus en plus pour céder la place à un canyon longeant le Rio Utcubamba. Je n’aime pas ces canyons étriqués dont la hauteur des falaises qui les bordent m’oppressent. Mais il faut faire avec…

 

Nous n’atteindrons pas ce soir là notre étape initialement prévue, à savoir la bourgade de Pedro Ruiz. Je déclare forfait une vingtaine de kilomètres avant. J’en ai marre de grimper et à ce qu’il paraît les vingt derniers kilomètres sont pires. Il est donc aux alentours de quinze heures trente lorsque nous nous arrêtons à la sortie de El Cerezo, tout petit hameau. Un petit restaurant de bord de route nous autorise à monter gracieusement notre tente sous la ‘palapa’ et à utiliser douches et wc. Il nous en coûtera chacun huit euros, boissons, dîners et petits déjeuners inclus. Cela ne valait pas la peine de s’en priver, surtout qu’en plus, pour faire passer le temps, j’ai battu à deux reprises Maurizio aux échecs !

07 mars 2019 vers Chachapoya  Cerezo 4 B

07 mars 2019 vers Chachapoya  Cerezo 3 B

07 mars 2019 vers Chachapoya  Cerezo 2 B

07 mars 2019 vers Chachapoya  Cerezo 1 B

 

 

Vendredi 08 mars : 81 kms – Chachapoya – capitale dpt Amazonas – env 29000 habs – alt : 2335m

et….journée de la femme !

 

Chachapoya est une adorable petite ville de style colonial, au nord des Andes péruviennes : rues à angles droits, maisons blanches à balcons de bois sculptés dont de nombreuses à double patio.
Durant un bon millier d’années, la civilisation Chachapoyas (« guerriers des nuages ») régna sur ces montagnes couvertes d’une épaisse végétation tropicale, coincées entre deux affluents majeurs de l’Amazone, Le Marañon et le Huallaga. Féroces guerriers, les Chachapoyas ne furent soumis par les Incas qu’après plusieurs siècles de résistance. Physiquement différents des peuples andins, ils étaient grands et clairs de peau. Vers 1850, deux siècles après l’arrivée des colons espagnols, la majorité des Chachapoyas disparaît, décimée par la grippe et la pauvreté. En 1821, les quelques 30 000 survivants chassèrent les colons espagnols et supportèrent l’indépendance du Pérou.

 

En fait, contrairement aux dires des habitants, les vingt kilomètres qui nous séparent de Pedro Ruiz s’avèrent faciles. Certes cela grimpe, mais sans plus. De belle perruches vertes et jaunes nous accompagnent. Puis ce sont une quarantaine de kilomètres à tout petit dénivelé qui nous attendent. Mais alors que la fatigue commence à s’installer, nous sommes confrontés au bouquet final : vingt kilomètres de longue, fastidieuse et sinueuse montée ! Cette fois-ci c’est au tour de Maurizio de faiblir en premier. Et pour couronner le tout la pluie s’abat sur nous. C’est épuisés et trempés que nous atteignons Chachapoya. Nous y passerons trois nuits.

08 mars 2019 vers Chachapoya 5 B

petite cascade au bord de route

petite cascade au bord de route

 

 

Samedi 09 mars : Chachapoya – Cascade Gocta – 771m de haut – appartient au club des plus hautes chutes d’eau au monde.

09 mars 2019 Chachapoya cascade Gotca 2 B

09 mars 2019 Chachapoya cascade Gotca 5 B

une rue de Chachapoya. La ville étant tout en travaux, pas possible de prendre de belles photos des places

une rue de Chachapoya. La ville étant tout en travaux, pas possible de prendre de belles photos des places

 

 

Dimanche 10 mars : Karajia – Pueblo Muertos -

Ce fameux complexe funéraire se compose de sarcophages anthropomorphes datés du 15ième siècle. Ceux-ci , accrochés à flanc de falaise et mesurant jusqu’à 2,5m de haut, constituent un témoignage singulier de la civilisation Chachapoya. Ces sarcophages étaient fabriqués sur place, la momie placée dans une armature de bois et de roseau que l’on recouvrait ensuite d’un mélange de terre argileuse, de petits cailloux et de poils. L’extérieur était peint pour figurer les vêtements et les parties génitales du défunt.

petite marche de 30mn après une heure trente de piste en voiture

petite marche de 30mn après une heure trente de piste en voiture

10 mars 2019 Karajia sarchophages 1 B

et voilà le décor

et voilà le décor

alors, repérés ces sarcophages?

10 mars 2019 Karajia sarchophages 9 B

10 mars 2019 Karajia sarchophages 6 B

 

 


Posté le 7 mars 2019 - par lesmichesenavant

du 05 au 06 mars 2019 : de San Ignacio à Bagua Grande

du 05 au 06 mars 2019 : de San Ignacio à Bagua Grande

Mardi 05 mars 2019 : 112 kms – Jaén – env 100 000 habs – alt env 740m – région Cajamarca

 

De son vrai nom Jaén de Bracamoros, en honneur aux populations autochtones de la région. La ville fut fondée en 1549 par l’Espagnol Diego Palomino. Le 19 mai 1828 a vu la création politique de la province de Jaén avec la naissance de la république du Pérou. Jaén se situe à proximité du fleuve Marañon, un des composants de l’Amazone.

 

Ce matin là je chausse mes pédales de sept lieux !

Bon, en fait, pour tout vous dire, mis à part environ vingt kilomètres de montée, le reste n’est que plat et descente…

 

Il fait chaud et humide, la végétation est tropicale, le panorama exceptionnel. La route longe le Rio Chinchipe. Les terres avoisinantes sont fertiles. L’on y cultive café, ananas, papayes, bananes, riz…

Environ dix kilomètres avant d’atteindre la ville un jeune cycliste ralentit à mon niveau et engage la conversation. Lui aussi se rend à la boutique de Miguel pour faire régler son vélo. Il nous sert de guide.
Miguel et sa famille, en plus du magasin de vente et de l’atelier de réparation accueillent gracieusement les cyclotouristes de passage. Une pièce vide d’environ quinze mètres carrés à l’intérieur d’un bâtiment annexe est mise à notre disposition. Nous y installons juste nos matelas. La douche et les wc font partie des communs et se trouvent à l’étage supérieur.

05 mars 2019 vers Jaen 2 B

05 mars 2019 vers Jaen 4 B

05 mars 2019 vers Jaen 6 B

05 mars 2019 vers Jaen 7 B

05 mars 2019 vers Jaen 8 B

05 mars 2019 vers Jaen 9 B

05 mars 2019 vers Jaen 10 B

05 mars 2019 vers Jaen 11 B

05 mars 2019 vers Jaen 15 B

05 mars 2019 vers Jaen 16 B

05 mars 2019 vers Jaen 17 B

05 mars 2019 vers Jaen 18 B

05 mars 2019 vers Jaen 19 B

05 mars 2019 vers Jaen 21 B

06 mars 2019 vers Bagua Grande 103 B

Jaèn

Jaèn

 

 

Mercredi 06 mars : 56 kms – Bagua Grande – env 44 000 habs – alt 450m – région Amazonas – capitale province d’Utcubamba

 

Bagua Grande, fondée en 1861, est aussi connue sous le nom de Corazon de Amazonas.

 

Miguel nous conseille de rebrousser chemin jusqu’à Bellavista et de traverser le rio Marañon en bateau-taxi, ce qui nous fait gagner une trentaine de kilomètres.

Pas besoin de longue réflexion, nous revenons sur nos pas sur une dizaine de kilomètres et bifurquons vers l’est.

La végétation est toujours tropicale, avec de nombreux palmiers. Nous longeons les rizières, d’un vert tantôt timide, tantôt éclatant.

 

Nous arrivons vers les seize heures, un pneu à plat (toujours le même) pour Maurizio. Cette fois ci c’est à cause d’une épine ! Je le laisse sur une des places de la ville réparer sa crevaison et pars à la recherche d’une chambre.

devant la boutique de Miguel

devant la boutique de Miguel

06 mars 2019 vers Bagua Grande 11 B

06 mars 2019 vers Bagua Grande 10 B

06 mars 2019 vers Bagua Grande 8 B

06 mars 2019 vers Bagua Grande 7 B

06 mars 2019 vers Bagua Grande 6 B

06 mars 2019 vers Bagua Grande 3 B

06 mars 2019 vers Bagua Grande 4 B

06 mars 2019 vers Bagua Grande 1 B


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